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Qatar 2022: les scandales s'enchaînent

De toutes les Coupes du monde de football, celle attribuée au Qatar semble être –avec celle de l’Argentine en 1978- l’une des plus controversées. Après avoir fait fi des températures caniculaires, constaté des irrégularités, la Fifa voit désormais se dresser un autre problème autrement plus scandaleux, celui des conditions inhumaines vécues par des travailleurs népalais. La Fifa va-t-elle sortir le carton rouge ?
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
Sepp Blatter révèle l'attribution du Mondial 2022 au Qatar (2010) (KARIM JAAFAR / AFP)

Lorsque cet émirat du Moyen-Orient, grand comme l’Ile-de-France a obtenu le droit en 2010 d’organiser l’événement planétaire que tout le monde s’arrache, bon nombre d’observateurs était resté perplexe. Le président de la Fifa Sepp Blatter, lui-même, avait reconnu un an plus tard que l’attribution du Mondial 2022 au Qatar avait peut-être été une erreur en raison des températures avoisinant les 50°C en été.

M. Blatter avait même fini par admettre qu’il n’était "pas rationnel" d’organiser cette compétition sous des chaleurs dantesques, et c’est donc avec un certain embarras qu’il a été demandé aux différents championnats de voir s’il était possible de chambouler leur calendrier afin que cette Coupe du monde puisse se tenir en hiver…

Une enquête sur une éventuelle corruption

Mais les soucis liés à cette attribution ne s’arrêtent pas là. Blatter a eu le mérite de reconnaître récemment que le choix du Qatar avait été influencé par "des influences politiques directes" et "des intérêts économiques importants". Ces "influences" ont ainsi poussé la Fifa à charger une commission d’éthique indépendante d’enquêter sur une éventuelle corruption. En 2010, soit douze ans avant le début de l’événement, le Qatar avait recueilli 14 voix contre 8 pour les Etats-Unis.

D’origine qatarie, Mohammed bin Hamman, président de la confédération asiatique et membre du comité exécutif de la Fifa, avait été poussé à la démission et suspendu à vie suite à des violations répétées du code d’éthique de la Fifa, commises entre 2008 et 2011, soit précisément au moment de la désignation.

44 morts en deux mois

Aujourd’hui un reportage du Guardian et différents commentaires d’ONG dénoncent les conditions des travailleurs recrutés pour bâtir les infrastructures du Mondial. Dans son enquête intitulée "Les esclaves de la Coupe du monde au Qatar", le quotidien britannique rapporte que 44 travailleurs népalais au Qatar sont morts entre le 4 juin et le 8 août. Les Népalais, qui représentent environ 40% des travailleurs migrants dans l'émirat, sont victimes "d'exploitation et d'abus qui s'apparentent à de l'esclavage moderne".

Privés d’eau potable, entassés par douzaines dans des pseudos chambres d’hôtel, sous payés, certains ont même vu leur passeport confisqué. Tel est le tableau noir dressé par le Guardian, aussitôt confirmé par l’organisation "Anti-Slavery International". "Ces documents indiquent un travail forcé et même davantage. Ce n'était pas un secret et par ailleurs, il n'y a aucun effort concerté pour faire cesser cela", affirme l’ONG.

"La Fifa est très préoccupée à propos des rapports dans les médias faisant état d’abus en matière de droit du travail et des conditions des travailleurs de la construction dans les projets menés à Lusail City, au Qatar", a indiqué un porte-parole. "La Fifa va de nouveau entrer en contact avec les autorités du Qatar et la question sera également discutée lors de la réunion du comité exécutif sous le point Coupe du monde 2022 au Qatar les 3 et 4 octobre 2013 à Zurich", a-t-il ajouté. Certains s'interrogent depuis quelques temps sur la possibilité de retirer le Mondial au Qatar. La Fifa en a les moyens.

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