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Guindé, élitiste ? Le polo, un sport veut augmenter l’allure

Alors que les qualifications européennes pour la prochaine coupe du monde de polo se tiennent jusqu'à ce soir à Chantilly, les pratiquants tentent de casser l'image élitiste de leur sport. 

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La France compte 31 clubs pour moins de 900 licenciés. (JÉRÔME VAL / RADIO FRANCE)

C'est un sport très spectaculaire et pourtant confidentiel : le polo. Les meilleures équipes européennes sont réunies jusqu’au dimanche 8 mai dans la soirée sur le domaine de Chantilly au nord de Paris pour les qualifications pour la prochaine coupe du monde. Le polo souffre d'une image élitiste mais ses promoteurs veulent l'ouvrir au plus grand nombre.

Un terrain de polo, c'est une surface de presque 300 mètres de longueur par 145 mètres de largeur. L'équivalent de plus de quatre terrains de football. Les accélérations des chevaux sont spectaculaires, leurs pattes soulèvent la poussière, dans un brouhaha impressionnant. Les quatre joueurs de chaque équipe lèvent leur maillet avant de frapper la balle de plastique avec force. Ce sport si méconnu a tout de suite plu à Clément Delfosse qui, à 34 ans, est le plus expérimenté en équipe de France. "Je suis allé dans quelques poney-clubs mais c’est quelque chose qui m’ennuyait, se souvient-il. J’adore les chevaux mais il me fallait quelque chose de plus ludique et donc c’était le polo." 

31 clubs pour 900 licenciés en France

Clément Delfosse a démarré ce sport alors qu’il avait "6-7 ans" et le voilà aujourd’hui joueur professionnel. "On doit être une trentaine de professionnels en France. C’est un travail-passion, on peut en vivre mais il faut se lever tôt, il faut toujours être compétitif pour accrocher quelques exploits qui vous font basculer dans le bonheur."  

La France compte 31 clubs pour moins de 900 licenciés, dont un tiers pour le seul Polo-Club du domaine de Chantilly, le plus gros du pays qui possède un bijou en pleine forêt : 250 hectares entièrement dédiés au polo. Mais le polo traîne un lourd boulet : son image. Un sport guindé, élitiste : une caricature fausse, selon ses promoteurs.

"C'est un sport qui se démocratise"

"On s’imagine les femmes en robe et les hommes en costume avec une belle voiture mais ce n’est pas vrai du tout", assure Sam Sztarkman. À 20 ans, ce fils d’un ancien joueur vient de rejoindre les Bleus. "Moi-aussi, j’avais cette image même si depuis tout petit, je vois comment le polo évolue, explique-t-il. C’est un petit milieu et sur le bord du terrain, tout le monde se connait. Je vois que c’est un sport qui se démocratise et il faut continuer dans ce sens-là."

Certes, le nombre de pratiquants a continué de progresser depuis la dernière rentrée mais on est encore loin de la folie qui entoure ce sport dans certains pays, en premier lieu l'Argentine. Les Argentins sont champions du monde en titre et vouent un véritable culte à ce sport. Beaucoup de joueurs sud-américains viennent en France et les Bleus vont régulièrement se préparer en Argentine.

La France connaît un retard important par rapport à des pays comme l'Argentine.  (JÉRÔME VAL / RADIO FRANCE)

"Il y a un stade qui s’appelle Palermo au centre de Buenos-Aires, raconte Mathieu Delfosse, ancien international et aujourd’hui entraîneur de l'équipe de France. Il y a 25 000 personnes qui vont voir les matches. Cette culture autour du polo est dingue. Il y a d’autres pays où c’est comme ça, comme les Etats-Unis ou l’Angleterre. Il y a une grosse tradition : les spectateurs viennent d’une année sur l’autre et peuvent vous raconter un match d’il y a 30 ans. C’est assez impressionnant." 

La France est loin de cette ferveur mais à la Fédération Française de Polo, on essaie de rattraper ce retard. "C’est à nous de le faire connaître le plus possible dans les clubs, promet Philippe Perrier, le directeur technique national et directeur-général du club de Chantilly. On organise des découvertes et des initiations pour les moniteurs dans les clubs pour prêcher la bonne parole. Il faut leur donner des moyens avec des kits pédagogiques, leur montrer qu’avec des chevaux de selle et même des poneys, on peut jouer au polo. Tout est possible avec les chevaux." A Chantilly, plus gros club de France, les Bleus n'ont pas réussi leur pari : ils ont raté la qualification pour la prochaine Coupe du Monde qui aura lieu à l’automne prochain aux Etats-Unis.    

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