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ENTRETIEN. La remplaçante de l'équitation sera "une discipline qui ne sera pas seulement physique, il y a déjà la natation et la course pour ça", explique Joël Bouzou, président de l'Union internationale de pentathlon moderne

Après Paris 2024, l'équitation ne fera plus partie des cinq épreuves du pentathlon moderne. L'Union internationale de pentathlon moderne planche sur son remplacant. Entretien avec son vice-président, Joël Bouzou.

Article rédigé par franceinfo: sport - Louise Le Borgne
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Saint Boy avait donné des sueurs froides à Annika Schleu à Tokyo lors de l'épreuve de pentathlon moderne et soulevé la sempiternelle question du maintien de l'équitation dans le programme. (MARIJAN MURAT / DPA)

Qui peut prendre sa place ? C'est la question que se pose le pentathlon moderne qui cherche un remplaçant à l'épreuve d'équitation, jugée trop inégalitaire et retirée du programme après Paris 2024. Pour prendre son relais, toutes sortes de disciplines sportives sont évoquées. Mais pour figurer parmi les 5 épreuves, le cahier des charges est bien spécifique comme l'explique Joël Bouzou, champion du monde en 1978 et désormais vice-président de l'Union Internationale de Pentathlon Moderne (UIPM).

Joël Bouzou est le vice-président de l'Union Internationale de Pentathlon Moderne et fut sacré champion du monde en 1978. (MATTHIEU CLAVEL / AFP)

Franceinfo:sport : L'idée de remplacer l'équitation par une autre discipline était dans les tuyaux depuis longtemps ?  

Joël Bouzou : Ça fait très longtemps que l'on en parle, au moins 10 ans. Et depuis trois ans on a un groupe d'innovation qui travaille dessus. L'histoire d'Annika Schleu à Tokyo n'était pas une première et n'a pas accéléré la décision. Depuis des années, beaucoup d'athlètes ont eu des problèmes avec le tirage au sort de leur cheval. Le problème c'est que l'on a besoin d'un groupe de chevaux homogènes et c'est dur à trouver. L'épreuve aujourd'hui n'est pas juste car il n'y a pas d'égalité stricte. Le facteur chance devient beaucoup trop important pour décrocher une médaille sur les JO ou au championnat du monde et ce n'est pas acceptable.

Pourquoi ne pas avoir conservé l'équitation sous une forme renouvelée ?

Ce n'est pas que l'on n'aime pas l'équitation, mais il y avait plusieurs arguments contre le maintien de la discipline, à commencer par le coût de la pratique. On veut donner un meilleur accès à notre sport or l'équitation coûte cher et ça limite donc les athlètes qui pratiquent le pentathlon. Et puis d'un côté pratique, faire venir les chevaux des athlètes par avion ce n'est pas possible.

Coubertin a créé la discipline pour désigner l'athlète idéal sur le modèle du pentathlon antique qui lui même incarnait les compétences du soldat idéal, est-ce que vous conservez cette philosophie ?

On garde la philosophie de Pierre de Coubertin qui est de former un athlète le plus complet possible. Au début du XXe siècle, c'est vrai que les disciplines du pentathlon étaient surtout pratiquées par les militaires mais ça n'a jamais été limité à ça. Il y a un pentathlon militaire à part. Quant au pentathlon moderne, l'objectif est aussi d'évoluer avec son temps, d'avoir des disciplines qui parlent à la société. Par exemple on a déjà évolué du tir au laser-run. On va davantage se concentrer sur les qualités mentales et physiques que requiert historiquement le pentathlon. Dans l'équitation c'est l'adaptation au milieu et la capacité à faire des choix qui sont valorisées mais aussi l'intelligence et l'adresse. On va donc étudier un compromis qui garde cette idée. Pourquoi pas quelque chose avec des obstacles. En tout cas une discipline qui ne sera pas seulement physique et pas trop énergétique. Il y a déjà la course et la natation pour ça. 

Comment va être choisie la nouvelle discipline ?

Les solutions analysées vont passer à travers une grille : le coût de pratique doit être abordable, tout comme le coût nécessaire pour les installations et le matériel. Il ne faut pas qu'il y ait une maintenance trop importante, pas de mécanique. Que ce soit facilement transportable en voyage, que ce ne soit pas une activité traumatisante ou trop éreintante parce qu'il y a quatre autres disciplines à réaliser en deux jours ! Il faut que ce soit compatible avec le format compact du pentathlon et accessible aux femmes et aux hommes. Enfin, on veut que ce soit un spectacle intéressant, qui puisse susciter une participation de masse. Que les jeunes puissent s'identifier à ces champions.

Donc on élimine le skate et la planche à voile... Y a-t-il déjà un panel de sports déjà identifiés sur ces critères ?

Il y a beaucoup de pré-solutions identifiées mais actuellement aucune de retenue. Sur les réseaux certains évoquent le cyclisme mais ça reste très ouvert et ca va faire l'objet de concertations avec les athlètes, évidemment, mais aussi avec les coachs et enfin avec les jeunes athlètes. Car il va s'agir de leur pratique après 2024. 

Comment les athlètes accueillent ce changement ? 

Certains sont frustrés et je le comprends. On n'aime jamais le changement et surtout quand on est en haut de sa discipline ou un excellent cavalier. Mais c'est bien que notre sport évolue, qu'il ne reste pas cloisonné, que l'on prenne en compte les goûts et les tendances des jeunes. Ils sont bien sûr associés à la prise de décision. On veut quelque chose d'équitable, une discipline que les athlètes vont pouvoir s'approprier. Le pentathlon n'est pas fixé à cinq épreuves inamovibles, il évolue - et a déjà évolué - avec son temps, pour former des athlètes complets.

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