Oscar Pistorius remis en liberté sous caution
Après avoir entendu le procureur et l'avocat de la défense dans la matinée (lire le compte-rendu), le juge Desmond Nair a tranché. Et dans un dossier qui a attiré toutes les caméras du monde, il a d'abord rappelé différents principes, notamment liés à la couverture médiatique. Après une heure d'allocution, il a suspendu l'audience pour cinq minutes. Puis, il a repris ses arguments, pointant les accusations du parquet, la défense des avocats de Pistorius et surtout les carences de l'enquêteur en chef. "Il n'a pas pris la peine de demander tous les téléphones. Il n'a pas vérifié le nombre donné par la défense devant le tribunal", a regretté le juge. "Il n'a pas vérifié les informations des téléphones portables de la victime. Il était important de montrer si des appels ou des SMS avaient été lancés jusqu'à 2h du matin." Mais il a aussi relevé qu'il "avait des difficultés à comprendre pourquoi l'accusé n'a pas vérifié où était sa petite amie ou demandé qui était dans les toilettes." Mais le juge a bien rappelé qu'il n'était pas là pour juger de la culpabilité ou de l'innoncence de l'accusé, ce qui sera réservé au procès qui n'aura lieu que dans plusieurs mois.
Et après 1h40, le juge Desmond Nair a lâché: "Je ne crois pas que M. Pistorius présente des risques de s'envoler à l'étranger et ne présente pas de propension à la violence." Une phrase qui donnait du crédit à la libération sous caution, qui semblait si improbable au début des audiences, mardi. "La défense n'a pas réussi à démontrer devant cette cour qu'il y avait des faiblesses dans le dossier du Parquet", a-t-il dit notamment, avant d'ajouter aussitôt: "Pareillement, le parquet (...) n'a pas non plus démontré que le dossier contre l'accusé était assez fort et incontestable pour (que Pistorius ait des raisons) de fuir ou d'échapper à son procès". Et après presque 2h d'audience, 2h à expliquer ce que le droit permettait, le juge Desmond Nair a déclaré: "J'en arrive à la conclusion suivante que l'accusé est libéré sous caution." Ces deux mots prononcés "granted bail" ont fait jaillir un "yes" sonore dans la salle du tribunal. Quelques secondes après, l'ensemble de la famille Pistorius se trouvait en cercle, priant après ce jugement qui ne l'innocente pas mais le laisse en liberté. Et son avocat a confirmé qu'il ne rentrerait pas chez lui: "Il n'a pas envie d'y retourner".
Près de 85 000 euros de caution, et l'obligation de rester à Pretoria
Puis, le juge a indiqué l'ensemble des conditions: 8500 euros cash plus 76 000 euros de garantie, il devra se présenter à la court le 4 juin prochain, doit remettre son passeport, s'abstenir d'en demander un autre, s'abstenir d'aller dans les aéroports, rendre ses armes à feu, s'abstenir d'en posséder d'autres, s'abstenir de parler avec le moindre témoin de l'accusation. Il aura également un officier de probation jusqu'à la conclusion de l'affaire, devra l'informer de tous ses mouvements et lui demander l'autorisation à chaque fois qu'il voudra aller en-dehors de Pretoria, devra être joignable en permanence nuit et jour, ne pourra pas être accusé de violence à l'encontre d'une femme, ne devra pas utiliser ni de drogue ni d'alcool, et ne pourra pas retourner dans sa maison ni entrer en contact avec les habitants de son domaine.
C'est la fin provisoire du premier temps judiciaire pour l'ancien héros paralympique. Et cette dernière journée d'audience ne l'a pas épargné. Lorsque le juge a rappelé toutes les circonstances de la mort de Reeva Steenkamp et les arguments développés par la défense, Oscar Pistorius a commencé, encore une fois, à pleurer sur son banc, devant son père, son frère et sa soeur, ayant bien du mal à retenir des tremblements. Le juge s'est même interrompu, pour lui demander: "Ca va bien ?" A mesure que le juge développait les arguments des différentes parties, la famille Pistorius montrait de plus en plus de tension, à l'approche de la décision. Tous attendaient de savoir s'il resterait en détention, s'il ferait partie des 46 000 personnes placées en détention provisoire en Afrique du Sud, comme le raconte The Guardian dans un article édifiant (en anglais).
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