Mondiaux de natation : Léon Marchand, Maxime Grousset, Katie Ledecky… les stars des bassins font l'impasse sur Doha

Les Mondiaux de natation se poursuivent à Doha avec les courses en grand bassin, qui débutent dimanche, alors que de nombreux grands noms de la discipline ne seront pas présents.
Article rédigé par Loris Belin, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
Léon Marchand, ici lors des Mondiaux de natation de Fukuoka, le 25 juillet 2023, fait partie de la longue liste d'absents pour les championnats du monde 2024 de Doha (KEMPINAIRE STEPHANE / AFP)

Sept mois après, les Championnats du monde de natation sont déjà de retour au programme. Disputée en juillet dernier à Fukuoka au Japon, la compétition se dispute cette fois en plein hiver, du côté de Doha. Si pour l'eau libre, le plongeon ou encore la natation artistique, les épreuves ont servi de rampe de lancement, voire d'épreuves de qualification pour les Jeux olympiques de Paris 2024, les courses en grand bassin, à partir de dimanche 11 février, feront peu de vagues. Une large partie des meilleurs nageurs de la planète est absente au Qatar, la faute à un placement inédit et incongru dans le calendrier.

Ces Mondiaux de Doha ont été l'une des victimes collatérales du Covid-19, et des multiples reports de l'édition précédente à Fukuoka. La cité japonaise devait accueillir l'événement en 2021, avant que celui-ci ne soit décalé d'un an, puis de nouveau reporté face à la crainte des autorités japonaises en 2022 alors que le coronavirus restait présent dans le pays du Soleil levant. Après les avoir déplacés en 2023, année durant laquelle Doha devait être le théâtre de la compétition, World Aquatics a transformé l'édition qatarienne en variable d'ajustement.

"Ce n'est pas forcément la meilleure idée que la Fédération internationale ait eue, estime le quintuple champion du monde Camille Lacourt. Ce qui se faisait auparavant avec les championnats d'Europe les années olympiques, et les championnats du monde l'année d'après, c'était plus intelligent. Le Covid-19 est entré en jeu et a un peu chamboulé, j'imagine qu'ils voulaient rattraper ce championnat du monde qu'ils ont raté. Je n'étais déjà pas fan quand ils l'ont annoncé, mais quand on voit la façon dont cela va être vécu, c'est assez étrange."

Une compétition "de travail"

Disputés en plein hiver au Qatar, façon Coupe du monde de football, ces championnats du monde tombent en pleine saison habituellement creuse, celle où les athlètes travaillent en coulisses à se mettre en condition pour les échéances de l'année. A fortiori quand celle-ci est synonyme de rendez-vous d'une carrière.

"Ce sont des périodes où les athlètes travaillent beaucoup en volume, en effort et en intensité, détaille Julien Issoulié, Directeur technique national de la Fédération française de natation. Les nageurs fonctionnent souvent avec un objectif par saison, parfois deux. Là en l'occurrence, pour 2024, ce sont les Jeux. Toute leur attention et leur engagement sont concentrés sur les JO de Paris. Forcément, les compétitions qui arrivent sur la route ne tombent pas au meilleur moment."

L'affiche de ces championnats du monde en prend un sérieux coup. Des 22 athlètes titrés l'été dernier, seul sept sont présents à Doha. Pas de Katie Ledecky, Kaylee McKeown, Caleb Dressel ou David Popovici sur les plots donc. Les Etats-Unis, habituels gloutons des podiums, ont choisi de n'envoyer que 28 nageurs à Doha, vingt de moins qu'à Fukuoka. Parmi eux, aucun n'a été appelé spécifiquement pour les relais, qui ne seront composés que par des athlètes qualifiés individuellement. L'équipe de France ne fait pas exception, avec les absences de la majorité de ses leaders comme Léon Marchand, occupé par la saison universitaire outre-Atlantique, Maxime Grousset ou encore Béryl Gastaldello et Marie Wattel.

"Cette décision, je la comprends et je la partage. Ce n'est pas quelque chose qu'on subit, mais quelque chose qu'on a évoqué avec les athlètes et les coachs. Si tous les coachs avaient voulu faire les Mondiaux, on aurait fait les Mondiaux. On n'a interdit à personne d'y aller d'ailleurs, ni de les accompagner."

Julien Issoulié, le DTN de la natation française

à Franceinfo: sport

À partir de dimanche 11 février, les Mondiaux prendront donc des airs des championnats bis pour les douze Tricolores engagés. "Même pour ceux qui sont là-bas, l'objectif majeur reste les Jeux, assure Julien Issoulié. C'est une option dans la préparation, il n'y a pas de mauvais choix. Mais je ne suis pas inquiet, personne n'en fait un objectif majeur et a tout focalisé là-dessus."

Le rendez-vous de Doha sera davantage l'opportunité de poursuivre la montée en puissance pour la suite de la saison, notamment en vue des Championnats de France qualificatifs pour Paris 2024. "On n'arrive pas forcément à 100% mais on a quand même envie de performer, c'est un défi supérieur de se dire qu'on est en pleine phase de travail et que l'on peut aller chercher quelque chose de plus" explique Camille Lacourt. L'ancien dossiste cite pour exemple les championnats d'Europe 2016 de Londres, à quatre mois des Jeux olympiques de Rio. Lacourt y avait décroché deux titres sur 50 et 100 m dos.

Le palmarès survivra au casting

Avec Charlotte Bonnet, Anastasiia Kirpichnikova ou David Aubry, les Bleus ont ainsi des arguments sportifs. Qu'importe la liste des concurrents autour. "Un titre de champion du monde, c'est quand même un titre même si tous les meilleurs ne sont pas présents, ils n'avaient qu'à l'être", avance Camille Lacourt. "Tous les gens un peu aguerris vont se dire qu'il n'y avait pas d'adversité, mais dans dix ans quand ils rembobineront, les nageurs seront toujours champions du monde, abonde Julien Issoulié. J'en discutais avec Philippe Lucas qui est très sensible à ça, aux titres, à gagner, et il le dit, cela reste une ligne dans un palmarès. C'est bon pour la confiance, pour les partenaires…"

Originaire de Russie, Anastasiia Kirpichnikova a été naturalisée française en avril dernier et va disputer sous les couleurs tricolores, mardi 25 juillet, la finale du 1 500m nage libre, à l'occasion des championnats du monde de Fukuoka. (DAMIEN MEYER / AFP)

Cette édition 2024 est aussi l'opportunité rare de participer à un grand championnat sans véritable pression de résultat, en particulier pour les jeunes pousses de l'équipe de France comme le relais féminin 4x200 m (Océane Carnez, Giulia Rossi Bene, Lucile Tessariol, Assia Touati), 21,5 ans d'âge moyen, et qui visera tout de même la qualification aux JO. "Le seul bilan qu'on fera, ce sera de savoir si un nageur, qu'il soit médaillé ou pas, est à son meilleur niveau ou à X % de son meilleur niveau, résume le DTN Julien Issoulié. Si tout le monde bat son record et prend une médaille, ou au contraire si on n'en fait aucune et que tout le monde améliore quand même ses chronos, on se dira qu'on est quand même en progression et qu'on avance, cela ne posera aucun problème."

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