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Cielo, la larme de fond

Vainqueur du 50 m papillon, le Brésilien Cesar Cielo, dont la présence à Shanghai est discutée après un contrôle positif, n'a pas pu retenir ses larmes à l'arrivée d'une course où les Français Frédéric Bousquet et Florent Manaudou se sont classés 4e et 5e. Qualification en finale du 100 m dos pour Stravius et Lacourt, très faciles. Yannick Agnel, lui, a réalisé le meilleur temps des demi-finales du 200 mètres devant tous les cadors !
Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6 min
 

L'image est forte. Cesar Cielo, hué à son arrivée sur les plots de départ avant de s'élancer pour la finale du 50 m papillon, est en larmes quelques secondes plus tard. L'émotion submerge le Brésilien, contrôlé positif à un diurétique mais simplement averti par la Tribunal Arbitral du Sport, et qui doit désormais faire face, en plus d'adversaires déchaînés, à la suspicion et à l'hostilité du public. Qu'importent les vents contraires, Cielo part comme une balle et ne laisse à personne le soin de venir le chatouiller dans son couloir. En 23'10, il s'impose devant les Australiens Matthew Targett (23.28), déjà 2e en 2009 à  Rome, et Geoff Huegill (23.35), 3e. "Cela a été difficile ces derniers temps, alors je suis content d'être là  et de nager", a déclaré Cielo, encore ému, après la course. "Je suis très content de  pouvoir réussir des performances et de me préparer pour la prochaine course". Côté tricolore, il n'aura manqué que quelques centièmes à Fred Bousquet et à Florent Manaudou pour accrocher le podium. Le premier nommé, qui vise surtout le 50 m nage libre et le second ne se montraient toutefois pas trop déçus : "Si on m'avait dit que je terminerais 5e des Mondiaux il y a un an, je ne l'aurais jamais cru", déclarait le petit frère de Laure.

Stravius et Lacourt impressionnent

Jérémy Stravius est en grande forme. Il a remporté la première demi-finale en 52"76, meilleur temps des demi-finales, et a battu de quatre dixièmes son record personnel établi en 2009. Parti dans la deuxième série, Camille Lacourt, champion d'Europe l'an dernier, a dominé l'autre course en 53"09, troisième temps du jour. "Ça s'est super bien passé. Je suis content de passer sous les 53 secondes. En finale, ça va être une bataille avec Camille", a déclaré Stravius sur France Télévisions. "Il m'en reste encore sous le pied. Vivement demain", a lancé Lacourt qui est parti très vite avant de gérer tranquillement son deuxième 50 mètres. Les deux hommes avaient déjà réalisé le doublé l'an dernier à l'Euro sur 100m dos, et leurs temps plaident forcément pour une grande chance de faire de même.

Agnel pêche des gros poissons 

Yannick Agnel n'imaginait peut-être pas ça. Meilleur temps des demi-finales et largement en plus ! Le Français, qui faisait bande à part alors que les autres monstres de la discipline s'entre-déchiraient dans la seconde série, a calmé la concurrence en claquant un superbe 1'45'62. C'est mieux, bien mieux, que Biedermann (1'45'93), vainqueur devant Lochte et Phelps, qui s'est fait peur. Agnel a déclaré que la déception de sa sixième place sur 400m nage libre l'avait aidé à se concentrer sur le 200m et ajouté : "J'ai réalisé une belle perf. Je suis content. J'avais à cœur de faire un sacré temps". Mission accomplie. 

Si la finale du 200 m s'annonce bien comme LA course de ces championnats du monde, la 2e journée a déjà livré d'autres grands moments d'émotions. Ainsi le public de Shanghai a-t-il explosé à la première médaille d'or chinoise de ces Mondiaux, rapportée par la toute jeune Ye Shiwen. A 15 ans, cette dernière est devenue championne  du monde du 200 m quatre nages dames en s'imposant en 2'08''90 devant l'Australienne Alicia Coutts, 2e en 2'09''00, et la tenante du  titre et détentrice du record du monde (2'06''15), l'Américaine Ariana Kukors,  3e en 2'09''12.

Autre fait marquant du jour, la superbe victoire du Norvégien Alexander Dale Oen sur 100 m brasse. En ces temps de drame national après l'attentat à la voiture piégée et à la fusillade qui ont 93 morts, cette victoire fait du bien :  "Ces derniers jours, nous avons vécu des hauts et des bas", a-t-il déclaré  après son succès. "Le plus important était de communier avec mes compatriotes.  Maintenant la vie reprend et nous n'oublierons jamais les victimes qui  resteront à jamais dans nos cœurs".

Les réactions

Jérémy Stravius (meilleur temps des demi-finales du 100m dos): "Je ne vais pas me mettre en tête d'être le favori, je ne l'ai jamais été. J'ai toujours été derrière Camille (Lacourt). Je ne veux pas me montrer maintenant. On espère revivre ce qu'on a fait à Budapest (Lacourt 1er, Stravius 2e). Ce serait le top du top. Mais déjà décrocher une médaille d'or. Ca fait longtemps qu'on en a pas eu, depuis Laure Manaudou. A nous de prouver que le dos français est là. Peu importe la place. J'ai pas l'air surpris parce que j'avais programmé de faire un temps comme ça dans cette compétition. J'arrive à le faire, tant mieux. J'ai gagné beaucoup en force cette année. J'ai pas encore un gabarit costaud".
Camille Lacourt (3e temps des demi-finales du 100m dos): "C'est une belle course qui s'annonce. L'objectif était de passer en finale sans y laisser trop de plumes. Je suis bien mieux que ce matin. C'est demain (mardi) qu'il faudra vraiment être présent. (Stravius) Ca fait un petit moment qu'il nage très vite en compétitions de préparation. Ca va être une belle bagarre."
Frédérick Bousquet (4e du 50m papillon): "Je ne peux pas me plaindre. 4e c'est toujours un peu râlant mais je suis content quand même. (Florent Manaudou) Il n'aura pas trop longtemps à attendre pour me battre ! Il a fait deux fois mes meilleurs temps. Il n'a pas eu une préparation idéale, ça a été mouvementé cette saison. Ca lui laisse prédire un bel avenir."
Florent Manaudou (5e du 50m papillon): "C'est assez satisfaisant. 5e mondial c'est déjà pas mal. C'est dommage que je ne fasse pas le temps d'hier (dimanche), ça m'aurait permis de monter sur le podium. Quand je regarde d'où je suis parti en début de saison, c'est déjà pas mal. Je suis jeune j'ai le temps de me faire une expérience, ça en fait partie ce soir. Quand on voit le temps pour monter sur le podium, on a des regrets. J'ai pas dormi de la nuit de samedi à dimanche, cette nuit non plus. C'est pas forcément la fatigue qui m'a eu ce soir mais la fatigue nerveuse à force de repenser à ma course. L'objectif est atteint. C'est que du bonheur. J'ai été pas mal impressionné (pendant la compétition)."
Yannick Agnel (1er temps des demi-finales): "Ca s'est vraiment bien passé. J'ai voulu frapper du poing sur la table. Tout s'est très bien passé. Le plus important était de rester concentré sur sa course. C'est ce qui fera gagner demain (mardi). Il y aura un niveau relevé en finale. Oui, je voulais marquer les esprits et avoir une bonne place en finale pour éviter d'être excentré. J'ai élevé le niveau d'un cran. Il y aura 3 crans et le 3e cran sera demain soir. Il va falloir faire la course pour soi en évitant de regarder les autres. C'est la plus grosse leçon d'hier (dimanche en finale du 400 m où il a fini 6e)".

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