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Berlin : Eric et Justine Ress, l’esprit de famille

Au sein de l’équipe de France de natation à Berlin, Justine et Eric Ress sont une particularité. Frère et sœur et progéniture de nageur français Colin Ress, les deux dossistes étaient engagés ce mercredi matin. Avec des destins différents.
Article rédigé par franceinfo
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Eric Ress, le franco-américain, s'est fait tatoué le nom de son club, Antibes, sur le torse où il est inscrit avec sa soeur Justine

En équipe de France, certains patronymes résonnent plus que d’autres. Bonnet, Manaudou, Agnel, Stravius, Gilot, mais la fratrie la plus représentée en nombre est celle la famille Ress. Ils sont deux. Un grand frère, Eric, 24 ans et sa petite sœur, Justine 21 ans, nés tous les deux aux Etats-Unis d'un père français et d'une mère américaine. Deux dossistes qui ont attrapé le virus de la natation par le paternel, Colin, qui a nagé sous les couleurs tricolores aux Jeux de Montréal (1976) où il a terminé 5e avec le relais 4x200m nage libre.

"Nous avons découvert la piscine quand nous étions tout petit avec notre père", explique Justine… en anglais. Car oui, la sœur "comprend bien" la langue de Molière, selon son frère, mais ne le parle que "moyennement", précise-t-il. "Je suis désolé", s’excuse-t-elle dans un sourire. Le grand frère, double champion de France du 200m dos, maîtrise mieux et a souvent la double casquette au sein des Bleus : nageur mais aussi traducteur pour sa sœur. "Le problème, c’est qu’elle est timide, elle a peur de parler car elle ne veut pas faire de fautes", analyse-t-il. Le mal récurrent de celui qui ne veut pas écorcher les mots, en résumé. Sur cet aspect, elle peut compter sur son frère qui ne la lâche pas : "Lorsqu’on est ensemble, j’essaye de lui parler en français, sinon elle ne l’apprendra jamais".Quand, le nageur-traducteur devient 'professoeur'.

Justine Ress

France, terre d’accueil

L’aîné est donc attaché à ce que sa sœur s’intègre à cette équipe qu’elle découvre pour la première fois. Auparavant, il manquait toujours quelque chose pour qu’il s’y retrouve. Les blessures, des championnats de France ratés… Mais cette année à Chartres, enfin, Justine, médaillée de bronze sur 200m dos notamment, a franchi le cap. "Elle a bien progressé", résume Eric et donc découvert ce monde bleu où elle se sent comme un poisson dans l’eau, malgré la langue. "J’aime beaucoup l’ambiance, on s’amuse bien. J’ai fait mon 'bizutage', c’était très drôle".

Une intégration réussie si on l’écoute, confirmée son frère : "On s’entraîne aux Etats-Unis – à l’université d’Indiana, mais ils sont inscrits au CN Antibes en France, ndlr – mais à chaque fois qu’on revient, c’est comme si on n’était jamais parti". Lui qui avait émis des doutes et la volonté de changer de nationalité en 2012 au moment des JO, estimant dans L’Equipe qu’il "n’avait aucune chance de se qualifier en équipe de France", s’est donc ravisé. Pour leur plus grand bonheur à tous les deux puisque deux ans plus tard, ils vivent leur première compétition en commun.

La séparation

Cet Euro à Berlin, la première grande compétition internationale de Justine, mais déjà la troisième pour Eric après Budapest (2010) et Debrecen (2012), est également synonyme de tristesse pour les frère et sœur. En effet, à la fin des championnats, tous deux prendront des chemins différents. S’ils retraverseront l’Atlantique pour rallier les Etats-Unis, ils s'envoleront chacun vers d'autres cieux. "On a fait nos études à l’université d’Indiana, cela fait trois ans qu’on s’entraîne ensemble, mais dans une semaine elle rentrera à Indiana et moi j’irai en Californie", précise l’aîné qui suit des études pour être dentiste. Un moment que redoute un peu Justine qui profite de cette semaine pour passer du temps avec lui.

Le calendrier des épreuves à plutôt bien fait les choses puisque mercredi matin, Justine plongeait la première pour le 100m dos, suivi quelques minutes plus tard par son frère sur le 50. Pour des résultats mitigés, Justine se qualifiant de justesse pour la finale avec le 16e temps (1’02’’34) pas très loin de son record personnel établi fin juillet aux Etats-Unis. La route d’Eric, elle, s’arrêtait net dès les séries. "Je ne suis pas étonné, je ne suis pas en forme, confesse-t-il En revanche, j’ai vu Justine. Je suis ravi pour elle". Il l’accompagnera sans doute pour la demi-finale jusqu’au bassin où il lui prodiguera des encouragements. "Je lui avais dit de ne pas être trop déçue après son élimination sur 200m, je savais qu’elle était meilleure sur 100m. Pour la demie, je ne sais pas encore ce que je vais lui dire, mais je vais réfléchir". L’histoire dira s’il l’a fait en français… 

Le tweet d'Eric Ress

 

Vidéo : la qualification de Justine Ress

 
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Justine Ress se qualifie pour la finale du 100m dos

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