Marathon de Boston: trois morts et plus de cent blessés
Pas moins de 26.000 personnes participaient au célèbre marathon de Boston, la course la plus ancienne des Etats-Unis. Ce lundi était en outre "le Patriot day", un jour férié dans l'Etat du Massachusetts. Le chef de la police de Boston Ed Davis a indiqué que le bilan des morts était passé de 2 à 3. "Nous allons retourner chaque pierre pour trouver les coupables", a-t-il affirmé. De son côté, le gouverneur de l'Etat Deval Patrick a parlé de "plus de cent blessés dont certains dans un état grave". Un petit garçon de 8 ans serait l'une des trois victimes, ont rapporté des médias américains. Selon des rescapés, de nombreuses familles étaient présentes sur place au moment des faits.
A quelques secondes d'intervalle, deux explosions se seraient produites près de la ligne d'arrivée de la course, à environ 50 à 100 mètres de distance. La première a eu lieu sur le bas côté de la route empruntée par les coureurs, soulevant un énorme nuage de poussière. La deuxième explosion a lieu quelques secondes plus tard. Les télévisions ont retransmis des scènes de panique, avec du sang sur les trottoirs, des véhicules de secours toutes sirènes hurlantes, des débris éparpillés sur les trottoirs, et des coureurs qui ne comprenaient pas ce qui se passait. Dans la soirée, la police expliquait qu'elle n'avait pour l'instant aucun suspect en garde à vue.
Un véritable carnage
"Nous avons vu des gens dont les jambes ont été soufflées", a raconté à l'AFP Mark Hagopian, propriétaire de l'hôtel Mark, situé près de la ligne d'arrivée du marathon. "L'un d'eux n'avait plus de jambes en dessous du genou, mais il était vivant", a-t-il ajouté, confirmant avoir entendu deux explosions. L'une d'elle était "énorme. On en a senti le souffle sur notre figure". La plupart des victimes ont été blessées aux jambes, selon le Boston medical Center. Plusieurs auraient été amputées. Un autre témoin, Brian Walker, a raconté sur CNN qu'une des explosions était tellement forte qu'il avait cru que sa tête "allait éclater". Il y avait beaucoup de poussière, de la fumée, du verre", a-t-il dit. Un autre témoin, Zara Bielkus, 30 ans a raconté à l'AFP avoir vu "des membres humains, des morceaux de corps".
Selon les premiers éléments de l'enquête, des billes de roulement et d'autres pièces de métal faisaient partie des engins explosifs dans le but de faire un maximum de victimes.
Un feu aurait par ailleurs été signalé à la Bibliothèque JFK de Boston, mais les forces de l'ordre n'étaient pas en mesure de dire si les deux événements étaient liés. "Nous renforçons la sécurité devant les hôtels et autres lieux connus dans la ville " a notamment déclaré le porte-parole de la police de New York Paul Browne. "Il y a 1.000 membres de la police de New York dévoués à la lutte contre le terrorisme et ils vont être --aux côtés de l'ensemble de la police de la ville (...)-- mobilisés à 100% pour protéger notre ville", a précisé le maire de New York Michael Bloomberg. Le Sénat à Washington a observé dans la soirée une minute de silence en solidarité avec les victimes.
Obama reste prudent
Les attentats du 11 Septembre sont encore dans les esprits 12 ans après les faits, mais le président américain lui-même, est resté très prudent sur les causes de ce carnage. S'adressant solennellement aux Américains depuis la Maison Blanche, Barack Obama a promis que les auteurs devraient "rendre des comptes". "Nous n'avons pas encore toutes les réponses. Nous ne savons pas encore qui a fait ça, ou pourquoi", a-t-il ainsi précisé. "Mais nous trouverons, et ceux qui sont responsables, individus ou groupes, sentiront tout le poids de la justice", a-t-il ajouté.
Selon un responsable du FBI, Rick DesLauriers, la ville de Boston devrait rester “à un haut degré de vigilance" alors que les forces armées avaient d'ores et déjà investi les rues. “C'est une potentielle enquête terroriste", expliquait DesLauriers said la nuit dernière. Selon un Haut responsable de la Maison Blanche, il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un attentat, mais il reste au autorités américaines à déterminer le profil des auteurs. "N'importe quel événement avec plusieurs engins explosifs - comme il semble que ce soit le cas - est clairement un acte terroriste", a-t-il dit, sous couvert d'anonymat. "Mais nous ne savons pas qui l'a commis, et une enquête exhaustive devra déterminer si cela a été préparé et commis par un groupe terroriste, étranger ou pas".
La communauté des marathoniens sous le choc
Les sportifs du monde entier ont partagé la peine des proches des victimes, des habitants de Boston et des participants au marathon. Paula Radcliffe, recordwoman du monde du marathon, a écrit sur son compte Twitter : "Il y a vraiment des grands malades, qui peut faire des trucs pareils?"
Philippe Paillaud, le premier Français à avoir bouclé des marathons sur les sept continents, a déclaré : "Nous les marathoniens, nous savons tous ce que c'est de s'entraîner pendant des mois pour un marathon, tout ça pour qu'à cent mètres de l'arrivée, des types te fassent péter la tronche... J'aurais pu y être, c'est sûr, beaucoup de Français le courent. En courant Berlin, Paris ou New York où il y a beaucoup de public, j'ai toujours pensé qu'un marathon était une cible facile. C'est incompréhensible mais ce n'est pas une surprise".
"Je connais ce sentiment,quand on a franchi la ligne d'arrivée après quatre heures de course avec ce mélange de libération et de bonheur", explique l'ancien ministre Laurent Wauquiez, qui a lui-même bouclé le marathon de Berlin. "Aujourd'hui, nous sommes tous des marathoniens de Boston".
Le plan Vigipirate renforcé
En France, le président de la République François Hollande a fait part dans un communiqué de sa "très vive émotion". Le chef de l'Etat "présente ses condoléances aux familles des victimes et exprime la totale solidarité de la France aux autorités et au peuple américains". Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a déclaré avoir demandé un renforcement du plan Vigipirate, celui-ci passant au stade de "rouge renforcé".
Au départ de la course, 158 Français étaient inscrits, mais 26 ne s'étaient finalement pas rendus sur la ligne de départ. Au moment des explosions, 106 d'entre eux étaient déjà passés. "A l'heure actuelle, aucun Francais n'a été blessé dans les explosions", a déclaré lors d'un point-presse le porte-parole du Quai d'Orsay, tout en soulignant que le recensement n'était pas achevé.
A noter que les talibans pakistanais ont nié toute implication dans ces événements. "Nous sommes en faveur des attaques contre les Etats-Unis et ses alliés, mais nous ne sommes pas impliqués dans cette attaque", a déclaré à l'AFP Ehsanullah Ehsan, porte-parole du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), le mouvement des talibans pakistanais. Ce dernier avait été lié à l'attentat raté à la voiture piégée de Times Square en mai 2010.
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