Lozach: "Nous ne sommes pas des moralisateurs"
Pourquoi avoir décidé de publier ces bordereaux ?
JJL: "Nous l'avons fait, pas du tout par jugement ou appréciation personnelle vis-à-vis des coureurs concernés. Nous ne sommes pas des moralisateurs ou des donneurs de leçons. Mais l'intérêt général en la matière fait que l'on doit dépasser ce genre de situations personnelles pour repartir sur des bases saines. On doit avoir une connaissance la plus complète possible de la relation entre le sport et le dopage. Ca concerne les années 90, le Tour de France, le cyclisme, mais ça aurait pu concerner n'importe quelle autre activité sportive. Et cela après l'affaire Armstrong. Il n'y aurait rien de pire que de laisser retomber les choses, comme s'il ne s'était rien passé. Et pas simplement dans le cyclisme, mais dans tous les sports".
Avez-vous hésité à publier ces documents pour des considérations "humaines" ?
"On s'est posé la question, mais on a tranché dans un sens très clair. On a fait preuve de compromis en ce qui concerne la date de publication. J'ai été très sensible à la position exprimée par les coureurs français eux-mêmes. Mais il fallait d'abord faire preuve de fermeté. Parce que sinon c'était la nature même d'une commission d'enquête parlementaire qui était discréditée."
Mais la présence de ces bordereaux phagocyte vos propositions...
"Ca forme un tout et c'est maintenant qu'il fallait sortir l'intégralité des documents. Mais c'est un défi. Le rôle des médias est très important, il faut que ce soit une préoccupation partagée. Pour nous, ce serait dévalorisant de voir nos 60 propositions occultées par ces bordereaux. Mais on peut avoir le raisonnement inverse: il y a eu tellement de passion autour de ces bordereaux que ça peut permettre à l'opinion publique d'être interpellée. Si notre affaire se solde simplement par un coup médiatique, tout cela restera frustrant. Il faut que demain, les Français croient davantage à la réalité de la performance. On pourra dire à ce moment-là qu'on aura servi la cause du sport".
Quel est l'avenir de ces propositions ?
"Il y aura à la rentrée, je l'espère, dans le cadre de la semaine du contrôle parlementaire, un débat public sur le sujet. Une 2e étape va être les rencontres parlementaires sur le sport, le 26 novembre, à la maison de la Chimie. Le thème sera le dopage, avec notamment des intervenants qui ont fait partie des personnes auditionnées. Ce ne sera pas inintéressant d'avoir quatre mois plus tard leurs réactions. Et puis, il y a l'essentiel, la loi-cadre sur la modernisation du sport pour la fin de l'année. Certaines propositions nécessitent simplement des décrets ministériels applicables très rapidement, par exemple le lancement d'un rapport d'inspection sur l'avenir du laboratoire de Châtenay-Malabry et son éventuel rattachement à une université."
Pour quelle proposition en particulier allez-vous vous battre ?
"Il y a les aspects prévention et sanction, indissociables, il faut absolument se battre là-dessus. C'est, me semble-t-il, au coeur de la prochaine loi-cadre. Et puis il y a un voeu, c'est que la France, de par son histoire, soit le chef de file du combat antidopage au niveau européen."
Le sénateur Lozach parle du dopage
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