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Losc-Mouscron : retour vers le futur

20 kilomètres, c’est la distance entre le stade du Canonnier de Mouscron et le Domaine de Luchin siège du LOSC à Camphin-en Pévèle, microscopique à l’échelle du foot planétaire. Le charme de ces deux villes frontalières est que l’on passe d’un pays à l’autre sans même s’en rendre compte. A force de vivre aussi près, on finit par s’aimer au point de s’associer. Les clubs ont trouvé un accord, Lille va redevenir actionnaire majoritaire du club de D1 belge, un mariage d’amour mais surtout de raison.
Article rédigé par franceinfo
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  (BRUNO FAHY / BELGA MAG)

Lille est un grand club avec un grand stade, un grand centre d’entraînement et surtout de grandes ambitions. Le trio « Président-Conseiller-Entraîneur » est très performant. Gérard Lopez, Luis Campos et Christophe Galtier optimisent les destinées du club. Il y a pourtant un grain de sable. Suite à l’arrêt prématuré du championnat, l’équipe réserve vient d’être reléguée en Nationale 3, l’équivalent de la 5e division française. Pas vraiment idéal pour faire éclore de jeunes joueurs talentueux qui demain pourront nourrir l’effectif de l’équipe première ou être revendus, plus-value à l’appui, à d’autres formations.

Terrains d’entente

Côté belge, le Royal Excel Mouscron (REM) excelle surtout dans sa capacité à rester dans l’élite malgré des menaces récurrentes de relégation pour mauvaise gestion financière et/ou organisationnelle (on reproche notamment l’influence qu’exerceraient les agents de joueurs comme Zahavi – qui gère les intérêts de Neymar Jr- et Rautenberg sur le club).

Lors des 6 dernières saisons, le club wallon s’est sauvé pas moins de 5 fois devant la Court Belge d’Arbitrage pour le Sport. Sur le terrain juridique, Mouscron est imbattable. Le hic, c’est que le REM qui possédait déjà le plus petit budget de la Jupiler Pro League (D1 belge à consommer sans modération, la Loi Evin n’ayant pas franchi la frontière) ne devrait repartir l’an prochain qu’avec 5,5 millions d’euros contre 8 millions en 2019/2020, pas de quoi se faire mousser. Besoin d’argent d’un côté, nécessité de faire évoluer ses joueurs à un plus haut niveau de l’autre, pour que « le vestiaire vive bien » et afin de sereinement « prendre les matchs les uns après les autres », un ticket gagnant-gagnant est vite apparu comme une évidence.

Nos chers voisins

Ça tombe bien, à Mouscron, Pairoj Piempongsant souhaite quitter le projet. L’investisseur thaïlandais (détenteur de plus de 90% des parts) n’y trouve plus son compte. La place est libre pour le LOSC. Un retour vers le futur en quelque sorte,  le club Nordiste ayant déjà été actionnaire majoritaire de L’Excel de 2012 à 2015. Si les lillois ont « divorcé » c’est parce qu’à l’époque le milliardaire belge Marc Coucke avait intégré leur capital, Coucke également Président d’Ostende ne pouvait statutairement être à la tête de 2 clubs belges. Les Français qui décident de garder l’argent de leur mécène rentrent donc à la maison. D’autres ont fait le chemin inverse. Jean Butez a été formé à LOSC aux côtés d’un certain Benjamin Pavard. Prêté en 2017, il y a signé un contrat Pro l’année suivante. Brillant dans les buts mouscronnois, il est aujourd’hui convoité par Anderlecht, le FC Bruges, le Standard de Liège ou encore Anvers.

Gardien de certaines valeurs

Pour lui tout le monde a à y gagner : "pour les jeunes Lillois qui attendent leur tour comme moi à l’époque, ça peut-être un tremplin. Jouer à Mouscron qui évolue quand même à un niveau élevé mais avec des attentes moindres qu’au LOSC, ça permet d’avoir plus de bagages, d’expérience. Quand on joue devant plus de 10 000 spectateurs, la motivation n’est pas la même, ça a une autre saveur que la N3 française. En plus, le staff du LOSC va suivre tous les matches car il y aura des joueurs prêtés, c’est important pour les Lillois mais aussi pour les autres joueurs, ça va leur apporter une notoriété supplémentaire. Luis Campos a un réseau très important, il y a aura plus de scouts pour superviser et rechercher les joueurs de demain." 

Le risque ne serait-il pas que le club belge perde son identité ? Un argument que Butez détourne d’une claquette de la main. "Il ne faut pas faire un Lille bis. Mais les supporters vont être contents de voir des jeunes qui arrivent d’autant qu’il y a la règle qui stipule que 6 joueurs de nationalité belge doivent être sur la feuille de match. Quand on voit les dernières saisons au niveau financier et administratif, c’est une bonne chose de pouvoir compter sur un projet saint et une fierté de voir une équipe de niveau européen s’associer à vous. En plus, c’est un investisseur local même s’il n’est pas belge, des Français pourraient venir voir ce qu’il se passe au stade du Canonnier. Ça peu engendrer de belles choses de part et d’autres"

Près des yeux près du cœur

Bien avant leur première association, les deux clubs avaient déjà collaboré. En 1997, le Mouscron des frères M’Penza (113 sélections à eux deux chez les Diables Rouges) avait d’ailleurs disputé ses matches de Coupe d’Europe « à domicile » au Stadium Lille Métropole de Villeneuve d’Ascq, le stade du Canonnier n’ayant pas reçu l’aval de l’UEFA.

Une association Lille-Mouscron rien que du bon sens pour Jean Butez : "Quand on compare avec Monaco et le Cercle de Bruges, il y a plus de 1000 kilomètres, c’est pas la même langue, pas la même mer. Moi, j’ai été super bien accueilli à Mouscron ". Les 2 clubs parlent la même langue avec le même accent, ça aide à bien s’entendre.

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