Les grands Suisses
On attendait une Espagne haut niveau. On a eu une Espagne au niveau. Au niveau des autres favoris lors de ce premier tour, cest à dire décevant. A lexception notable de lAllemagne face à lAustralie (4-0), aucun prétendant naura donc fait forte impression pour son entrée dans la compétition. Après la pâle copie rendue par le Brésil la veille, la « Roja » portait sur ses épaules le dernier espoir des amoureux du beau jeu. Forte de ses 44 victoires lors de ses 48 derniers matchs, dune invincibilité jamais démentie face à la Suisse qui durait depuis 18 rencontres, la formation de Del Bosque devait tout emporter sur son passage. Les Helvètes en premier lieu.
La première impression nest pas toujours la bonne. Si les premières minutes sont effectivement dominées par les champions dEurope en titre, ces derniers savèrent rapidement impuissants à se montrer dangereux. La circulation de balle et la préparation des offensives sont estampillées FC Barcelone, les occasions ne sont pas aussi nombreuses que lors des prestations du club catalan, loin de là. Il faut même attendre la 17e minute pour assister au premier tir cadré du match, il est signé Silva, par ailleurs extrêmement discret au Mabhida Stadium de Durban. Piqué est beaucoup plus proche douvrir le score mais lenchaînement crochet-frappe du défenseur est parfaitement contrée par Benaglio, le portier suisse. Arc-boutée en défense, la formation dirigée par Hitzfeld bouche les trous, défend comme une enragée, esquisse à peine quelques contres et atteint la pause sur un 0-0 presque inespéré mais finalement pas volé au vu du manque dinspiration adverse.
LEspagne atterre
Et cela ne va pas en sarrangeant en seconde période. Hormis quelques percées intéressantes dAndres Inesta qui prouve quil recouvre peu à peu son meilleur niveau, la « Roja » continue de buter sur le mur suisse. Lhistoire a été écrite mille fois dans ces cas-là : à force de dominer stérilement, on se fait contrer. La preuve en est donnée par des Helvètes hyper réalistes à la 52e minute quand Gelson Fernandes profite dun énorme cafouillage entre Casillas et Piqué pour ouvrir la marque à la stupéfaction générale ! Passée la consternation, les partenaires de Puyol réagissent mais Benaglio veille toujours au grain et sort comme une balle de son barillet dans les pieds de Villa (60e). Il semble battu sur une frappe enroulée dInesta mais le cadre se dérobe au dernier moment (63e), puis cest la barre qui le sauve sur une reprise de volée fracassante de Xabi Alonso (69e) ! La chance des grands sans doute LEspagne a laissé passer sa chance. Elle est même toute proche de concéder un second but, celui de linfamie, sur un nouveau contre de Nkufo qui termine sur la base du montant dun Casillas une nouvelle fois battu (75e). Le dernier quart d'heure est trop brouillon côté ibérique pour espérer égaliser et Vicente del Bosque essuie donc sa seconde défaite en tant que sélectionneur après le revers subi face aux Etats-Unis en Coupe des Confédérations. Nul doute que celui-ci fait beaucoup plus mal. Il place surtout sa formation dans une posture inconfortable. Si les autres favoris de la Coupe du monde nont pas séduit, au moins nont-ils pas perdu
Julien Lamotte
Ottmar Hitzfeld (sélectionneur de la Suisse): "C'est une victoire historique. Nous n'avions pas battu l'Espagne en 105 ans. Nous avons fait un pas vers les 1/8 de finale, mais maintenant on va attendre beaucoup de nous, il faut donc qu'on reste attentif et concentré. Contre le Chili, ce sera plus dur que contre l'Espagne. L'équipe a essayé de rester compacte. Contre l'Espagne, il ne faut pas s'exposer, sinon on se fait contrer."
Vicente Del Bosque (entraîneur de l'Espagne): "Nous avons fait tout notre possible mais nous avons manqué de précision dans les derniers mètres, et eux ont réussi à marquer en contre. Maintenant, il faut retrouver de la motivation. Il nous reste deux matches dans ce premier tour, et nous sommes dans l'obligation de les gagner.
Gelson Fernandes (milieu de terrain et auteur du but suisse): "Je ne réalise pas vraiment! Le rêve est devenu réalité. On a été super solidaires, on n'a rien lâché. Je suis fier de l'équipe et fier pour le pays. Sur le but, j'y suis allé à fond parce que je sais que quand Eren (Derdiyok) part en profondeur, il y a intérêt à le suivre. Maintenant, il ne faut pas s'enflammer et rester les pieds sur terre car il nous reste deux matches."
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