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Les Bleus connaissent-ils la Marseillaise ?

Uruguayens, Argentins, Algériens, Italiens, … Tous chantent à tue-tête leur hymne, et parfois même, avec la main sur le cœur. Du côté des Bleus, et surtout depuis le départ d’un Lilian Thuram qui s’époumonait à en casser les oreilles de ses coéquipiers, il faut désormais prêter l’oreille pour entendre les chuchotements –parfois pas accordés- de cinq ou six joueurs de l’équipe de France au moment de la Marseillaise.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

En Afrique du Sud, les Vuvuzelas n’ont pas de mal à faire plus de bruit que les joueurs de l’équipe de France. Les hymnes d’avant-match sont interprétés en l’honneur des deux équipes représentées, et sans verser dans le nationalisme, sont censés motiver joueurs comme supporteurs. Revêtir le maillot de l’équipe de France n’est pas anodin, la notion financière qui entre en jeu en club, n’a plus lieu d’être. Porter le maillot de son pays reste un honneur, même si en France, ce discours est souvent taxé de nationaliste par des têtes qui se disent bien pensantes.

Si ce genre de débat est souvent rapidement repris par l’extrême droite, il n’en demeure pas moins que la question se pose. Pourquoi les Bleus sont-ils les rares joueurs de ce Mondial à ne pas entonner l’hymne tricolore, celui qui est pourtant repris joyeusement par leur sélectionneur Raymond Domenech et leurs supporteurs ? Le désamour des Bleus ne commence-t-il pas ici ? Le décalage entre des supporteurs -tous peints de bleu- qui chantent ensemble la Marseillaise alors que sur les écrans géants, les lèvres de ceux qui sont censés nous faire rêver en portant le maillot bleu restent figées, a de quoi étonner.

Quelles sont donc les raisons de ce silence qui fait avant tout les affaires des extrémistes ? Des joueurs pourtant considérés comme des cadres tels que Abidal, Anelka, Ribéry ou encore L. Diarra, restent avec une bouche si fermée que l’on se demande si il ne s’agit pas de conviction personnelle, une sorte de défiance face à l’autorité pour des joueurs qui sont bien souvent restés de grands ados. Le passé colonialiste de notre pays en est-il l’une des causes ? Ou s’agit-il plus simplement de timidité, voire du côté « has-been » de reprendre un tel chant sous le regard de ses potes ?…

Sont-ils déjà tellement concentrés sur leur match, qu’ils préfèrent occulter ce passage ? Dans les autres sports comme au rugby, que les joueurs soient issus des minorités visibles ou non, tout le monde est à l’unisson. Le football et ses dérives liées essentiellement à l’argent en sont-il la cause ? Si représenter la France dans une telle compétition n’a plus d’autre intérêt pour certains joueurs que de soigner ou vendre leur image, nous sommes en droit de nous poser la question.

Mais plus simplement encore, les joueurs ne connaissent peut-être pas le premier couplet du texte écrit par Rouget de l’Isle. Dans ce cas, la Fédération Française de Football aurait peut-être la bonne idée d’initier les joueurs qu’elle forme à ce chant, car elle doit se souvenir que si l'équipe de France est la vitrine de la FFF, elle représente aussi tout un peuple. De l’avis de notre Secrétaire d’Etat aux Sports, Rama Yade, imposer aux Bleus de chanter la Marseillaise reviendrait à « une espèce de dictature », ce qui est sans doute vrai et surtout politiquement correct.

Porter le maillot de l’équipe de France doit avant tout rester une fierté, et lorsque l’on est fier de porter ce maillot, pourquoi ne pas faire comme des millions de supporteurs devant leur écran, et entonner cette Marseillaise ? Sinon, autant supprimer les hymnes avant les matchs. Les supporteurs des Bleus aimeraient obtenir des réponses des joueurs sur les raisons de ce silence. Cela aurait le mérite de crever l’abcès. Vous aurez noté qu’au moins en Espagne, la question ne se pose pas. La raison en est on ne peut plus simple, puisque « La Marcha Real » n’a pas de parole…

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