Légendes du Brésil: Romário
"Il avait cette qualité rare de pouvoir faire des choses géniales sans beaucoup les travailler." Signé Johan Cruyff, lui-même ancien artiste balle au pied, à propos de Romário. Entraîneur du Barça de 1988 à 1996, le "Hollandais volant" a vu débarquer le Brésilien à l’été 1993. Depuis trois ans, le natif de Rio martyrise les défenses néerlandaises et européennes sous le maillot du PSV Eindhoven. Intégré à la Dream Team catalane, l’explosif avant-centre auriverde fait des merveilles (30 buts en 33 matches de Liga). A l’été 1994, il débarque aux Etats-Unis gonflé de confiance à la pointe d’une Seleçao moribonde. Bien aidé par son compère d’attaque Bebeto, "O Baixinho" est éblouissant. Il inscrit cinq buts, dont le seul de la demi-finale contre la Suède, et transforme son pénalty en finale. Vingt-quatre ans après son dernier sacre, le Brésil s’empare à nouveau du trône mondial.
Romário aime l'odeur du sang
Son attaquant de poche, 1,69 m sous la toise, atteste lui de son goût pour les matches couperets. "Avant les matches importants, quand il voyait que j'étais un peu plus nerveux que d'habitude, il venait me voir et me disait : 'Calmez-vous coach, je vais marquer et on va gagner', se souvient Guus Hiddink, son entraîneur au PSV. Ce qui est incroyable, c'est que huit des dix fois où il m'a dit cela, il a marqué et nous avons remporté le match." Avant de toucher les étoiles au pays de l’Oncle Sam, Romário avait fait exploser le plafond de verre. En 1989, il est le seul buteur de la finale de Copa America entre le Brésil et l’Uruguay. Un trophée après lequel les Jaune et Vert couraient depuis quarante ans. Blessé lors du Mondial 1990, il ne peut confirmer, puis Carlos Alberto Parreira l’écarte de la sélection. Le retour en grâce a lieu lors du dernier match de qualification pour la Coupe du monde 1994. La Seleçao doit gagner pour en être. Rappelé, Romário signe un doublé salvateur… Une histoire à l’image de sa carrière, ponctuée de hauts et de bas.
Un buteur invétéré
Triple meilleur buteur du championnat hollandais (1989, 90, 91), « pichichi » en Espagne dès sa première saison, meilleur joueur de l’année 1994, l’enfant de Vila da Penha, quartier pauvre de Rio est une référence. « Romário a été l'un des deux ou trois meilleurs joueurs des années 1990", affirme Cruyff. Pourtant, à l’été 1995, l’homme aux 1.000 buts auto-proclamés en carrière retourne au pays. A Flamengo qui plus est, ennemi juré du Vasco de Gama, son club formateur. Amoureux des femmes et de la fête plus que des entraînements, Romario mène la vie qu’il veut avec une ligne directrice: marquer des buts. Ecarté des Mondiaux 1998 sur blessure et 2002 sur décision de Scolari, Romario continue de faire trembler les filets. A 34 ans, il est élu meilleur joueur sud-américain de l’année. Cinq ans plus tard, revenu à ses premières amours de Vasco de Gama, il remporte le titre de meilleur buteur du championnat brésilien. "Je n'ai jamais été un athlète, je suis un avant-centre", aimait-il à répéter. Et une source d’inspiration pour "O Fenomeno" Ronaldo, présent à ses côtés en 1994. "J'étais comme à l'université avec Bebeto et Romario : quels professeurs!"
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