Légendes du Brésil : Friedenreich
Vingt-six ans de carrière (1909-1935), neuf titres de meilleur buteur du championnat brésilien et une moyenne estimée à plus d’un but par match : Arthur Friedenreich est l’un des plus grands joueurs auriverde de tous les temps, même si le grand public a aujourd’hui oublié son nom. Il est vrai que le phénomène a marqué les esprits d’une toute autre époque : celle du début du XXe siècle, aux balbutiements de la Seleçao.
Surnommé 'El Tigre' malgré ses 51 kilos
Fils d’un commerçant allemand blanc et d’une lavandière brésilienne noire, Friedenreich a d’ailleurs participé au tout premier match international de l’histoire du Brésil. Et il y a joué un rôle décisif, puisqu’il a marqué le second but des siens (2-0) contre Exeter City, un club anglais en tournée en Amérique du Sud. C’était le 27 juillet 1914, deux semaines avant que la Grande-Bretagne ne s’engage dans la Première Guerre Mondiale.
Ce jour-là, quelques minutes avant de pousser le ballon au fond des filets, Friedenreich, alors âgé de 22 ans avait perdu deux dents, sa mâchoire ayant goûtée à l’épaule d’un défenseur anglais. Cela n’avait fait que renforcer sa réputation de joueur teigneux, déterminé et infatigable. Car s’il était surnommé ‘El Tigre’, ça n’était sans doute pas à cause de sa corpulence (1,70m, 51kg)…
En 1925, le prodige, qui enquille les exploits avec son club (l’Athlético Paulistano) est envoyé pour la première fois en dehors de ses terres. Le temps d’une tournée européenne, Friedenreich et ses coéquipiers émerveillent le Vieux Continent, où il marque onze buts en huit matches. Les médias s’émerveillent devant la grinta du buteur, et célèbrent à la Une un "roi du football".
Aucune Coupe du monde au compteur...
Lorsqu’il tire sa révérence en 1935, à l’âge de 44 ans et avec une multitude de records individuels, ‘El Tigre’ éprouve deux regrets majeurs. Le premier : ne pas avoir pu participer à la Copa America 1921, organisée en Argentine mais réservée cette année-là aux joueurs blancs. Friedenreich, métis aux yeux verts, a été rayé de la liste (il se rattrapera en remportant l’édition suivante, chez lui au Brésil). Mais surtout, l'attaquant a manqué la toute première Coupe du monde de l’histoire, en 1930 en Uruguay, victime d’un conflit interne au football brésilien qui a privé de compétition tous les joueurs évoluant en dehors de Rio.
Lorsqu’il meurt, en 1969, personne ne sait combien de buts a véritablement marqué Friedenreich. L’un de ses amis assure avoir tenu les comptes, et avance le chiffe de 1329 buts en 1239 matches. Personne n’en apportera jamais la preuve définitive.
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