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Le Shakhtar Donetsk pense au foot malgré la guerre

Qualifié pour les 8e de finale de la Ligue des Champions, le club ukrainien du Shakhtar Donetsk vit une période trouble à cause de la guerre qui fait rage entre Kiev et les séparatistes prorusses qui ont obligé le club à fuir sa ville. Sans son stade et ses infrastructures, le Shakhtar tente de continuer à vivre comme un club professionnel. Une situation qui fait l’objet d’un long format réalisé par le journaliste Alban Mikoczy qui sera diffusé dans Stade 2 ce dimanche.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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L'attaquant brésilien du Shakhtar Donetsk, Luiz Adriano

Retrouvez le reportage signé Alban Mikoczy dans Stade 2 ce dimanche à partir de 17h30

Le meilleur buteur de la Ligue des Champions n’est pas Lionel Messi, ni Cristiano Ronaldo. Non, l’Argentin (7 buts) et le Portugais (4 buts) qui se partage les records sont devancés par un Brésilien, Luiz Adriano (9 réalisations). Cet attaquant joue au Shakhtar Donetsk, ce club ukrainien qui a subi de plein fouet les dommages collatéraux de la guerre entre les forces gouvernementales ukrainiennes et prorusses. Située dans l’Est de l’Ukraine, cette région embrasée par le conflit, le Shakhtar a été obligé de fuir à l’Ouest. D’abord dans la capitale, Kiev à 500km, pour vivre et s’entraîner. Mais leurs matches, ils les disputent à Lviv, totalement à l’Est, pas très loin de la frontière polonaise. A 1000km de chez eux. "Pour donner une comparaison, c’est comme si le PSG s’entraînait à Lyon et jouait dans le stade de Furiani à Bastia", explique Alban Mikoczy. "C'est compliqué de vivre et de jouer loin de chez nous si longtemps", a déploré Luiz Adriano, l'attaquant brésilien.

Un camp d’entraînement devenu camp des séparatistes

Donetsk n’est aujourd’hui qu’un lointain souvenir pour des joueurs réduits à exercer loin de leurs supporters et de leurs infrastructures flambant neuves construites notamment pour l’Euro 2012. Ainsi la France avait disputé ses deux premiers matches de l’Euro (contre l’Angleterre et l’Ukraine) dans le stade de la Donbass Arena, inauguré en 2009. Aujourd’hui, ce stade a été défiguré par les bombardements et le centre d’entraînement, "Kirsha" est devenu un camp occupé par les séparatistes.

"Dans la situation actuelle c'est absolument impossible de jouer au football à Donetsk. Nous sommes tous très inquiets pour le stade, la ville et pour tous ses habitants qui ont dû rester sur place", a commenté Adriano. "Leur première préoccupation c’est le foot, assure Alban Mikoczy, ils sont professionnels et vont terminer la saison là-bas". Tellement professionnels qu’ils se sont qualifiés cette semaine pour les 8e de finale de la Ligue des Champions, malgré leur défaite sur "leur" pelouse de Lviv contre l’Atletic Bilbao (0-1). "J'espère que nous réussirons à nous préparer correctement pour les 8e de finale. La ligue des champions est une superbe vitrine, nos performances construisent le prestige du club, que nous voulons tous maintenir le plus haut possible", a déclaré Mircea Lucescu, l’entraîneur de l’équipe vainqueur de la dernière Coupe UEFA – avant qu’elle ne devienne Ligue Europa – en 2009.

Ne jamais oublier

Le quotidien du footballeur modifié par le conflit, le Roumain Lucescu a connu. "La situation ressemble à la révolution en Roumanie, après la chute du communisme, et toute une période de chaos que j'ai connue à l'époque", explique-t-il. Lui et le président du club, l’homme le plus riche du club, Rinat Akhemetov, ont du déployer des trésors d’arguments pour convaincre six joueurs (cinq Brésiliens et un Argentin) qui avaient menacé de ne pas revenir après un match amical en France cet été. Depuis cet épisode, la saison suit son cours. Le club, qui reste sur cinq titres de champion d'Ukraine, est pour l’instant distancé par le Dynamo Kiev – troisième à 5 points après 12 journées – mais reste sur une victoire à l’extérieur (2-0). Une victoire symbolique de l'absurdité de la situation, remportée sur la pelouse de Lviv, celle où le Shakhtar dispute ses matches. La guerre, ils ne l’évoquent pas trop mais ils y pensent tout le temps. "On se sent bien à Kiev mais Donetsk est dans nos coeurs pour toujours. Nous voulons tous y retourner", avoue Ivan Ordets, le défenseur international ukrainien. "Ils sont très prudents sur le conflit. Ils jouent pour le championnat d’Ukraine, Donetsk est une ville d’Ukraine, mais ni les joueurs, ni le président ne sont libres de paroles comme peuvent l’être les supporters", conclut Alban Mikoczy.

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