Le Leinster sur le toit de l'Europe
Northampton donne le ton
On savait que ce combat irlando-anglais serait impitoyable mais personne ne pouvait se douter à quel point le scénario de cette finale serait si riche en rebondissements. Sur le papier, le Leinster, déjà titré en 2009, partait favori. Dautant que Joe Schmidt pouvait se targuer daligner une équipe particulièrement redoutable, dont la troisième ligne et la charnière sont titulaires dans léquipe nationale. La carte de lexpérience, face à une formation anglaise invaincue cette saison en Coupe dEurope, pouvait également être un atout indéniable pour un nouveau sacre. Mais contre toute attente, Northampton jouait dentrée de jeu la carte du panache et de lenvie pour prendre le contrôle de la rencontre avec beaucoup dautorité.
Cétaient dailleurs les Anglais qui ouvraient les premiers leur compteur grâce à un essai de Dowson, bien servi par Clark à la sortie dune mêlée un peu chahutée. Myler transformait ce premier essai anglais sans ciller (0-7 à la 7e). Un peu sonnés, les coéquipiers dODriscoll revenaient à 3 à 7 grâce à une pénalité lointaine passée par Sexton qui venait sanctionner Wilson, coupable davoir garder le ballon au sol (14e). En ce début de rencontre, la suprématie des avants de Northampton était indiscutable et le Leinster était malmené. Souvent poussée à la faute, la formation irlandaise était de nouveau sanctionnée et Myler en profitait pour ajouter trois nouveaux points au pied (3-10 à la 21e).
Le Trèfle effeuillé
A ce stade de la rencontre, un sursaut dorgueil était attendu de la part des Irlandais. Après un bon lancement en touche, la charnière irlandaise donnait pour Horgan. Ce dernier trouvait sa troisième ligne en relais qui lançait ODriscoll. Le centre international mettait les cannes mais était repris par la défense anglaise à un mètre de la ligne. Cette occasion manquée allait peut-être peser lourd à lissue de la rencontre. Dautant que Northampton nallait pas relâcher la pression de sitôt. Les hommes de Jim Mallinder mettaient en effet beaucoup de rythme et dintensité. Et ce nest pas le carton jaune écopé par Mujati pour un plaquage sans ballon qui changeait la donne.
Les "Saints" soffraient même un gros temps de jeu. A 14 contre 15, ils enchaînaient à cinq mètres de la ligne den-but du Leinster mais Diggin plombait le coup avec un en-avant (30e). Ce nétait que partie remise puisque, dans la foulée, Foden ajoutait cinq points au compteur anglais. Sur une mêlée à introduction irlandaise, le Leinster perdait le ballon. Myler était plaqué à deux mètres de la ligne. Heureusement, le soutien répondait présent. Dickinson ouvrait rapidement et Foden récupérait finalement le ballon pour aller aplatir en force (3-17 à la 31e).
En grande difficulté, les Irlandais ne parvenaient pas à trouver la solution face à une telle solidité anglaise. Ils revenaient petitement à 6 à 17 grâce à une nouvelle pénalité inscrite par Sexton suite à un plaquage à retardement sur louvreur du Leinster (36e). Mais alors que laddition était déjà lourde, Northampton, de nouveau à 15, soffrait le luxe dun troisième essai juste avant la pause. Sur une belle action collective, Foden était servi en bout de ligne, il trouvait Ashton bien soutenu jusque dans l'en-but. L'essai était accordé à Hartley après visionnage de la vidéo (6-22 à la 39e).
Un Leinster héroïque
Au retour des vestiaires, les "Blues" semblaient avoir retrouvé du poil de la bête malgré la raclée reçue en première période. Dans le camp anglais, O'Driscoll réussissait à séchapper mais se faisait plaquer à cinq mètres de l'en-but. Le soutien était toutefois là et Sexton, en bout de ligne, effaçait Tonga'uiha pour aller plonger en coin. Louvreur transformait parfaitement son essai et le Leinster revenait ainsi à 13 à 22 (44e). Apparemment dans un grand jour, Sexton réalisait le doublé dix minutes plus tard. A la stupéfaction des Anglais. Northampton ne menait alors plus que de deux petits points ! Cet avantage était réduit à néant suite à deux pénalités de lintenable Sexton. Et ce en moins de cinq minutes (26-22 à la 61e) !
Dans cette seconde mi-temps complètement folle, le Leinster dominait outrageusement et le retournement de situation faisait exulter le public du Millenium Stadium de Cardiff. Les Anglais, aphones, ne pouvaient eux que constater les dégâts. Des dégâts qui allaient encore saggraver avec un essai de lancien Perpignanais Hines, à la conclusion dune séquence collective de grande qualité (33-32 à la 67e). Ashton et consorts étaient parfaitement sonnés par ce scénario fou. En dépit de leur efforts, les "Saints" ne parvenaient plus à faire évoluer le score. Au coup de sifflet final, l'abattement s'emparait d'eux tandis que les Dublinois jubilaient d'avoir remporté leur deuxième titre de champion d'Europe. Ils rejoignent ainsi le cercle des double vainqueurs de la compétition avec Toulouse, quatre fois lauréat (1996, 2003, 2005, 2010), Leicester (2001, 2002), les London Wasps (2004, 2007) et le Munster (2006, 2008). Les Irlandais peuvent désormais conclure leur saison en beauté en cas de victoire, le 28 mai prochain, en finale de la Ligue Celtique.
Déclarations
Joe Schmidt (entraîneur du Leinster) "A la mi-temps, on a réaliséqu'on travaillait depuis neuf mois et qu'on laissait filer tout ça. Ona parlé de confiance en nous et de construire notre jeu. On a aussiréglé quelques détails en mêlée, a expliqué Joe Schmidt avant un coupde téléphone de félicitation de la présidence irlandaise. Et on a desgrands joueurs qui ont été énormes: O'Driscoll, Sexton, Cullen,Heaslip, O'Brien,Richard Strauss..."
Jim Mallinder, entraîneur de Northampton: "On savait qu'ils étaient dangereux et capables de marquer des essais. Ils sont revenus en deuxième mi-temps, on a dû beaucoup plaquer. Félicitations à eux. C'est douloureux de perdre une finale comme ça, mais il faudra repenser sur notre belle saison. Ca a été dur, on avait joué une demi-finale dure (en Championnat d'Angleterre) la semaine dernière. On a dû faire de gros efforts et on était évidemment fatigués en deuxième période. Je suis très fier de faire partie de cette équipe. Les joueurs ont donné tout ce qu'ils avaient, on ne pouvait demander plus. On sait maintenant qu'on peut rivaliser avec les meilleures équipes d'Europe. Il y a quatre ans, on était en deuxième division. On pourra gagner ces grands matches dans quelques années."
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