Laurent Blanc, le nettoyeur
Quel chantier ! En acceptant de prendre les rênes des Bleus fin avril, Laurent Blanc ne s'imaginait pas l'étendue du sinistre. Le bateau France tanguait mais quelques réparations de fortune semblaient devoir faire l'affaire. Aujourd'hui, le navire a coulé et il convient de rebâtir sur de nouvelles bases. Plus que l'échec sportif du Mondial, déjà incroyable pour une équipe classée dans le Top 10 mondial depuis 12 ans, c'est le désastre engendré par les multiples rebondissements concernant les joueurs de l'équipe de France qui rejaillit sur l'image du football hexagonal. Devant l'étendue des dégâts (les insultes d'Anelka contre Raymond Domenech, le refus des joueurs de s'entraîner, les conflits entre les clans, le rôle des caïds joué par certains Evra, Ribéry, Gallas- envers Gourcuff), l'ancien entraîneur des Girondins de Bordeaux devra prendre des décisions, assez vite.
Un entraîneur offensif
Exclure les brebis galeuses temporairement ou définitivement, envoyer à la retraite ceux qui n'en auraient pas eu l'idée, réaffirmer un état d'esprit humble et conquérant, définir une charte éthique de ce qu'est le groupe France, rompre avec les passe-droits, moraliser les murs (l'affaire Zahia), promouvoir quelques symboles de la nouvelle génération à l'image non écornée (Lloris, Toulalan, Alou Diarra), autant de choix que le nouveau sélectionneur sera contraint d'effectuer dès les premières semaines de son mandat. Car les éliminatoires de l'Euro 2012 débutent en septembre avec des rencontres pièges pour les Français (la Biélorussie au Stade de France puis la Bosnie de Susic à Sarajevo après un match amical contre la Norvège en août). Le traumatisme consécutif au fiasco sud-africain devra être rapidement résolu sous peine de grave désillusion. Placés dans un groupe relativement abordable (mais comme en 2008 ou à la Coupe du monde avec les résultats que l'on sait), les Bleus doivent pouvoir s'en sortir à condition de se remettre en ordre de bataille.
Laurent Blanc ne dira pas aux joueurs d'oublier tout ce qui s'est passé en ce mois de juin mais il leur demandera de s'en servir pour devenir plus forts et faire en sorte que ça ne se reproduise plus jamais. Il possède tout de même un groupe assez talentueux auquel il peut ajouter sa touche personnelle tant au niveau des hommes (Benzema, Nasri, Menez, Ben Arfa, Mexès) que du style que l'ancien "Président" veut inculquer à son équipe. Ce jeu léché, précis, offensif, fait de passes courtes et de variations, c'est sa marque de fabrique. Même si l'aventure bordelaise s'est mal terminée (une 6e place en mai dernier après le titre de 2009 et une place de dauphin en 2008), les observateurs s'étaient accordés pour dire que l'ancien libero à la technique raffinée avait offert du plaisir et du rêve aux commandes des Marine et Blanc. Puisse-t-il en faire autant avec les Bleus de France.
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