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La Russie face au 2e acte du rapport McLaren sur le dopage organisé

A Londres, ce vendredi, la suite du rapport McLaren concernant le dopage organisé en Russie sera dévoilée. En juillet dernier, il avait conduit les instances internationales à exclure plus d'une centaine de sportifs russes des Jeux Olympiques de Rio, et à pointer du doigt de nombreux responsables politiques ou sportifs. Cette deuxième levée du rapport devrait confirmer, voire amplifier, le mouvement à l'égard d'un pays pas toujours convaincant face au dopage.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Richard McLaren, responsable de l'enquête sur le dopage en Russie (? PETER POWER / REUTERS / X03557)

Que disait le rapport McLaren, Acte 1 ?

Les laboratoires antidopage de Moscou et Sotchi ont protégé les sportifs russes dopés, dans le cadre d'un "système de dopage d'Etat sécurisé" "dirigé, contrôlé et supervisé" par le ministère des Sports russe, "avec l'aide active du FSB, les services secrets russes". Voilà ce que disait la première partie du rapport McLaren, dévoilée au public le 18 juillet dernier. Trois semaines avant les Jeux Olympiques de Rio, ces révélations, en forme de confirmation du rapport de la commission d'enquête indépendante de l'Agence mondiale antidopage (novembre 2015), avaient eu l'effet d'une bombe. 

Chargé d'enquêter sur les dires de l'ancien patron du laboratoire de Moscou, Grigori Rodtchenkov, le juriste canadien avait mis au jour un système de dopage d'Etat instauré avant les Jeux de Sotchi, en 2011, et poursuivi jusqu'en 2015, reposant sur la manipulation et/ou la falsification d'échantillons en amont et à l'intérieur du laboratoire russe. Le CIO avait renvoyé le bébé aux fédérations sportives, qui avaient sanctionné plus d'une centaine de sportifs russes, impliqués de près ou de loin dans le rapport. Pas de JO pour eux, et pas d'invitation au Brésil pour le ministre des Sports, Vitaly Moutko, mis en cause nommément dans le rapport.

Qu'attendre du rapport McLaren, Acte 2 ?

Il semble acquis que la deuxième mouture du rapport ne devrait pas dédouaner la Russie et son fonctionnement. La Commission exécutive du CIO, réunie en milieu de semaine à Lausanne, a d'ailleurs prolongé "jusqu'à nouvel avis" les sanctions à l'encontre de la Russie. Selon une source proche du dossier, mille sportifs seraient concernés par les cas de manipulation d'échantillons. de nouveaux noms devraient donc sortir du chapeau. 

"Je ne sais pas ce qu'il y aura dans le rapport, mais il faut se souvenir qu'il s'agira du quatrième rapport concernant la Russie. Ce qui est clair, c'est que le sport en Russie est pourri jusqu'à l'os", a estimé Travis Tygart dans une interview à l'AFP. Même ton chez Dick Pound, membre du CIO et ancien président de l'AMA, également interrogé par l'AFP: "Je ne sais pas ce qu'il y aura dans le rapport (...) mais je m'attends à ce qu'il soit très, très accablant pour la Russie. Procéder à des échanges d'échantillons en pleins JO est une attaque grave contre les jeux Olympiques."

Qu'a fait la Russie depuis un an ?

Depuis que l'athlétisme russe a été mis au ban suite au rapport de l'AMA en novembre 2015, qu'a fait le pays ? Des têtes sont tombées, le laboratoire de dopage de Moscou a été démantelé, et en octobre, le gouvernement a fait passer une loi qui criminalise ltout médecin ou entraîneur qui forcerait un sportif à se doper. "Il n'y a pas de système (de dopage) d'Etat, pas de laboratoire secret, pas de marché avec les services spéciaux", a assuré le député Dmitri Svichtchev, l'un des auteurs du projet de cette loi. La Russie a déjà décidé d'introduire des cours obligatoires de prévention contre le dopage dans les écoles et recruté des dizaines de spécialistes étrangers pour renforcer les pratiques antidopage. Fin juillet, le Comité olympique russe (ROC) a également annoncé la création d'une commission indépendante chargée de débarrasser la Russie du dopage.

En revanche, alors que plusieurs responsables sportifs mis en cause dans la première partie du rapport McLaren ont été limogés ou démissionnés, le ministre des Sports Vitaly Moutko, cité nommément dans ces pages, a été lui promu fin octobre vice-Premier ministre chargé des Sports. "On entend des affirmations qu'il n'y a pas d'implication d'Etat, on entend des menaces de mettre en prison n'importe quelle personne qui dit le contraire", a déclaré à l'AFP le fondateur de l'AMA, Dick Pound, qui avait enquêté avant sur le dopage en Russie, en athlétisme. "Ce n'est pas un bon signe"

Que risque la Russie ?

Depuis novembre dernier, l'athlétisme russe est interdit de compétition internationale. Est-ce que cela va durer ? Est-ce que cela va être élargi à d'autres sports ? 

Depuis novembre dernier, le CIO n'a pas sorti l'artillerie lourde. Lorsqu'il avait la possibilité de sanctionner collectivement les athlètes russes, il s'y est refusé, et a renvoyé la responsabilité à chaque fédération sportive nationale ou internationale. "Si le Guatemala était concerné, la réponse aurait été différente et plus rapide. Le mouvement olympique va devoir réagir avec fermeté, sous peine de voir sa crédibilité encore plus entamée", estime Dick Pound, membre du CIO et ancien président de l'AMA. En juillet dernier, le CIO avait précisé qu'il n'organiserait ni n'accorderait "son patronage à aucune rencontre ou événement sportifs en Russie". Mais avait laissé les fédérations internationales olympiques libres de suivre son exemple. Résultat: en février prochain, les Mondiaux de bobsleigh se dérouleront à Sotchi, sur la piste des JO de 2014...

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