La Mannschaft humilie l'Albiceleste
Fini le temps des petites phrases assassines, l'heure était au règlement de compte mais sur le terrain Entre les deux meilleures attaques du tournoi (10 buts pour l'Argentine et neuf pour l'Allemagne), le spectacle promettait d'être au rendez-vous. Sur un coup franc de Schweinsteiger côté gauche, dévié par Müller au point de pénalty, Romero captait mal le ballon et l'Allemagne ouvrait le score dès la 3e minute (1-0). Ce but, le 200e de l'Allemagne en phase finale, n'augurait rien de bon pour les Argentins qui éprouvaient toutes les peines du monde à se sortir de leur milieu de terrain.
Depuis la finale de 1986 et la victoire de l'Argentine (3-2), celle de 1990 avec la revanche de l'Allemagne (1-0), les deux équipes n'ont cessé de cultiver leur rivalité. Leur dernier affrontement en phase finale remonte à 2006, c'était alors en quart de finale, et il avait fallu les tirs au but pour voir la Mannschaft s'en sortir (4 tab à 2). L'Albiceleste peinait toujours à porter le danger sur les buts adverses, et il s'en fallait de peu pour que les Allemands ne doublent la mise sur un contre au terme duquel Klose, bien servi par Müller, voyait sa reprise passer d'un cheveu au-dessus de la barre (24e). Jusqu'à présent, les Tevez, Higuain et autre Messi ne se montraient guère à leur avantage.
A la demi-heure de jeu, c'était Di Maria qui montrait la voie aux Argentins, mais son tir, certes cadré, était trop peu puissant pour inquiéter le portier allemand, Neuer (32e). A la suite d'un coup-franc repoussé par le mur, Heinze choisissait une passe toute en finesse pour Torres qui remettait immédiatement à Higuain, mais pas moins de quatre joueurs argentins étaient signalés en position de hors jeu (36e). A deux minutes de la pause, Müller ratait de peu son cinquième but dans le tournoi. Pourtant idéalement placé, et peu menacé par les défenseurs argentins, il ratait le cadre (43e).
A la reprise, l'Argentine repartait visiblement avec l'intention de renverser la tendance, et une fois encore, c'était Di Maria qui tentait sa chance des 25 mètres sur une frappe croisée qui flirtait avec le cadre (47e). Les hommes de Diego Maradona exerçaient une pression sans discontinu à l'image d'une belle action où Maxi Rodriguez remettait de la poitrine pour Tevez, et la reprise de ce dernier prenait directement le chemin du visage de Mertsacker (54e).
La domination était à présent clairement du côté argentin, et les supporteurs de l'Albiceleste pensaient même à l'égalisation sur une grosse frappe de Higuain repoussée par le gardien (62e). Dans la minute suivante, c'était au tour de Lahm de sauvait les siens en enlevant le ballon au nez et à la barbe naissante de l'attaquant du Real Madrid
Mais alors que la menace d'un but égalisateur pointait le bout de son nez, l'Allemagne doublait la mise. Sur un brillant tacle de Müller dans la surface, Podolski récupérait le ballon et centrait pour Klose n'avait plus qu'à pousser le ballon au fond des filets 68e (2-0). Et le calvaire de la défense argentine se poursuivait après un débordement de Schweinsteiger qui se faufilait sans mal dans la surface, et servait sur un plateau le défenseur central Friedrich (3-0, 74e).
Complètement dépassée, l'Argentine prenait l'eau et Klose y allait de son petit doublé à deux minutes du coup de sifflet final (88e, 4-0). Le buteur du Bayern inscrivait au passage son 14e but en Coupe du monde (à un but du record de Ronaldo). Les espoirs des Argentins s'évaporaient dans le ciel du Cap, et l'Allemagne se qualifiait fort logiquement pour les 12e demi-finales de son histoire. La Mannschaft retrouvera en demi-finale le vainqueur de Paraguay-Espagne.
Réactions
Philipp Lahm (capitaine et défenseur de l'Allemagne): "Je n'aurais jamais cru qu'on puisse battre 4 à 0 l'un des grands favoris de cette Coupe du monde. Cette équipe a faim, on voit à chaque match comme elle travaille, c'est fascinant. On s'était super bien préparés pour ce match, on avait vu des vidéos. On n'a laissé passer aucune occasion. Maintenant, toutes les équipes qui arrivent en demi-finale ont le potentiel pour arriver en finale ou gagner la Coupe du monde. On doit continuer à jouer comme ça".
Arne Friedrich (défenseur de l'Allemagne): "C'est incroyable. Il y a chez nous un formidable esprit d'équipe, on veut absolument atteindre notre but. Je ne peux pas décrire ce que je ressens. Je n'aurais jamais pensé marquer un but aujourd'hui, je suis très très heureux. On est tous lucides sur la suite, on sait qu'on a un but à atteindre et on reste concentrés là-dessus. Mais on joue avec beaucoup de joie et on se fait plaisir".
Thomas Müller (attaquant de l'Allemagne): "C'est incroyable ce qui s'est passé ici. Quand on bat l'Argentine 4 à 0, on ne trouve même pas les mots. A l'évidence, c'était une nouvelle fois une performance d'équipe. On joue tous à la limite, chacun se dépouille pour gagner et c'est incroyable ce qu'on arrive à faire."
Joachim Löw (sélectionneur de l'Allemagne): "Ca fait longtemps que je suis fier de cette équipe, ce n'est pas d'aujourd'hui. Ce que nous avons fait en deuxième période, c'est vraiment la classe. Cette équipe a montré une volonté de champions. Un résultat comme ça, c'était inimaginable avant le match. Marquer quatre buts, et avec la manière, c'est formidable. Messi n'a pas pu jouer, nous l'avons parfaitement muselé, et nous n'avons quasiment fait aucune faute sur lui".
Carlos Tevez (Argentine - attaquant): "C'est une grande douleur. On savait que ce serait compliqué, qu'ils ne nous laisseraient pas attaquer. On ne marque pas de but, il n'y a rien à dire sur leur victoire".
Gabriel Heinze (défenseur argentin): "Dès qu'on a mis le pied sur la pelouse, cela ne s'est pas passé comme on l'espérait. On a encaissé ce premier but rapidement et on a essayé de réagir, on a tenté beaucoup de choses, mais rien n'a marché. Et comme l'Allemagne est redoutable en contre, ils ont très bien joué le coup. Je suis très triste, doublement plus triste que vous tous les journalistes ici présents. Je me suis battu pendant quatre ans pour être là et c'est vraiment très dur de rentrer à la maison, car vous avez eu un jour sans. Le futur reste malgré tout radieux pour l'Argentine, car il y a une jeune génération qui pousse et qui est brillante".
Javier Mascherano (capitaine de l'Argentine): "Il n'y a pas d'explication à donner, c'est dur de trouver un sens à ce qui s'est passé. L'Allemagne était trop bien aujourd'hui et nous, nous avons eu un jour sans. Si je pouvais arrêter ma carrière ce soir, je le ferais. Je suis tellement déçu et fatigué, je n'ai plus envie de penser au football. Dans le vestiaire, il y avait beaucoup de tristesse, c'était horrible. Cette équipe avait quelque chose pourtant: on s'entend très bien et c'est un plaisir d'être dans ce groupe. Je veux remercier mes coéquipiers et Maradona pour la confiance qu'ils m'ont témoignée".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.