La cryptomonnaie à la conquête de la planète sport
Quel point commun peut-il y avoir entre le PSG, Caroline Wozniacki et les JO 2024 ? Si l’on enlève leur domaine de prédilection, le sport, il subsiste une autre activité commune : le blockchain. Cette technologie permet le stockage et l’échange d’information en s’émancipant de tout contrôle centralisé. La plupart du temps, elle concerne la transmission d’argent que l’on appelle cryptomonnaie. La monnaie classique ne permet pas autant de sécurité et de discrétion concernant les transactions. D’abord contesté, ce nouvel outil gagne peu à peu l’économie mondiale, y compris celle du sport.
Arsenal précurseur, le PSG suit
"Nous sommes fiers d'être le premier crypto-partenaire du club de football d'Arsenal", se félicitait la société CashBet, spécialisée dans la monétisation des jeux en ligne, en janvier 2018. L’entreprise s’est lancée dans la création d’une nouvelle monnaie numérique qui sera, en partie, mise à disposition du club londonien. En échange, les Gunners serviront de panneau publicitaire à la marque, notamment dans l’enceinte de l’Emirates Stadium.
Quelques mois plus tard, en septembre, le Paris Saint-Germain a effectué la même démarche en signant un contrat de cinq ans avec une plateforme de cryptomonnaie. Contrairement à ses compères anglais, le PSG s’adjuge une plateforme, ce qui lui permet de s’auto désigner comme "premier club de football au monde" à se lancer dans "l’aventure blockchain".
Une alternative au système des socios?
L’engagement vers cette technologie doit rapporter des fonds aux clubs. Sur cinq ans, le PSG compte en tirer 2 millions d’euros. L’idée est simple : permettre aux supporters propriétaires de leur cryptomonnaie d’accéder à des services exclusifs mais aussi d'être consultés par le club. Pour bénéficier concrètement de ces avantages, l’utilisateur doit investir dans les blockchain, il possédera par la suite des jetons virtuels, l’équivalent de pièces de monnaie.
Ce système rappelle ce qui est en place en Espagne. Les supporters de Barcelone et du Real Madrid, s’ils sont "socios", peuvent participer à la vie quotidienne du club, de par leur statut d’actionnaire. Certes ils ne détiennent qu’une infime partie du club, mais leur avis est considéré et ils peuvent être consultés.
Toutefois, les Parisiens perçoivent d’autre intérêts : "Ce phénomène concerne toutes les économies, les clubs prennent le train en marche, décrypte Luc Arrondel, économiste directeur de recherche au CNRS. L’intérêt principal réside dans la simplification et l’accélération des transactions. Les détenteurs de la monnaie ont de fait un contrôle maximal sur leur cryptomonnaie, sans intermédiaire. Par exemple, les clubs pourraient effectuer des économies sur les frais de billetterie. Par ailleurs, la création d’une monnaie identifié Paris Saint-Germain, appelons là «PSG coin», développerait la marque de façon globale."
Voir sur Twitter
"Olympico", la cryptomonnaie des JO 2024
Le PSG prend la vague, la ville de Paris aussi. Dans le cadre de l’organisation des Jeux olympiques 2024, qui se dérouleront dans la capitale, la mairie a lancé "Olympico", la cryptomonnaie des J.O. En clair, les propriétaires de tokens (nom donné aux jetons virtuels) auront la possibilité de les échanger en billets pour assister aux principales finales sportives, toutes catégories confondues. "Ici, les marchés noirs et la falsification de données sont clairement ciblés par ce système", assure l’économiste.
En plus des considérations purement sportives, les utilisateurs pourront circuler librement en vélo du 1er au 8e arrondissement parisien grâce à une application spécialement conçue pour l’événement.
Les sportifs y trouvent aussi leur compte
À mesure que le sport business se développe, les intermédiaires se multiplient. Agents, entourages, organes publicitaires… Dans le sport professionnel, le système de rémunération est bien souvent plus complexe que celui existant entre un simple employeur et son employé. L’idée de payer les sportifs en cryptomonnaie fait ainsi sens : "On peut imaginer qu’il y ait une régulation à terme, envisage Luc Arrondel. Cette monnaie resterait virtuelle afin d’être utilisée pour rémunérer les sportifs. Grâce à la sécurité et la vitesse des transactions, tout le monde pourrait y trouver son compte."
C’est dans ce cadre que Nikolaj Rosenthal, l'un des meilleurs hockeyeurs danois, est rémunéré en bitcoin (une monnaie virtuelle). Le club peut dès lors garder une plus grande discrétion sur le montant de son salaire tout en invitant les autres joueurs à se convertir. Une clause est garantie en cas d’effondrement du bitcoin.
Certaines stars se dirigent doucement mais sûrement vers le blockchain : la tenniswoman Caroline Wozniacki, tenante du titre de l’Open d’Australie, va lancer sa propre monnaie virtuelle. Le jeton "Wozniacki", à l'instar de la plateforme lancée par le PSG, permettra à ses fans d'échanger directement avec elle ou d'acheter des produits dérivés. "Être la première athlète féminine à avoir son propre jeton est vraiment cool, explique la joueuse sur le site de GCOX, son partenaire blockchain. Je suis impatiente de développer cela avant que d’autres célébrités ne s’y lancent." Elle espère accroître et solidifier sa base de supporters. L’ancien ballon d’or Michael Owen ainsi que le boxeur Manny Pacquiao sont actionnaires d’une société présente sur ce marché. Ce nouveau mode de fonctionnement est donc à prendre au sérieux. Nous assistons peut-être aux balbutiements de ce qui régnera dans le sport de demain.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.