La Coupe du monde 2022 au Qatar !
En choisissant ce minuscule pays du Moyen-Orient (11.427 km², 1,7 million d'habitants) devenu en quelques années un acteur majeur de la région dans le domaine du sport et de la culture, la Fifa a opté pour l'audace et continue à défricher de nouveaux territoires, après avoir ouvert la porte à l'Asie en 2002 (Japon-Corée du Sud) et à l'Afrique en 2010 (Afrique du Sud). Etat pétrolier mais surtout le troisième producteur mondial de gaz naturel, l'émirat a tout misé sur sa puissance financière et son positionnement géographique, au centre d'un marché télévisuel qu'il estime à près de 3,2 milliards de téléspectateurs.
Le choix du Qatar représente pourtant un défi important avec deux écueils: la chaleur accablante en été et la faible superficie du pays qui pourraient poser des problèmes en terme de logistique et d'organisation, les stades devant être construits dans un rayon de 50 km. Le pays, qui s'était attaché les services du Français Zinédine Zidane pour défendre son dossier, a vu les choses en grand et envisage de construire des stades futuristes avec climatisation. Le Qatar a en tout cas réussi à damer le pion au grand favori américain, qui avait pourtant fait forte impression mercredi lors de la présentation de son dossier avec un message vidéo du président Barack Obama et des interventions à la tribune de l'ex-président Bill Clinton, président d'honneur du comité de candidature, et de l'acteur Morgan Freeman. Les Etats-Unis s'appuyaient sur un dossier d'une solidité sans faille à tous points de vue (stade, transport, hébergement), sur les acquis de l'édition 1994 (près de 70.000 spectateurs de moyenne par match, un record), organisée pour la première en Amérique du Nord, et des perspectives alléchantes en matière de droits TV.
Les candidatures séparées du Japon et de la Corée du Sud ont elles souffert de la proximité avec le Mondial-2002, co-organisé par les deux nations. La Fifa a indiqué que, contrairement aux années précédentes, elle ne donnerait pas le détail des votes. Voila qui n'est pas de nature à arranger le tableau d'une désignation qui s'est faite sur fond de suspicion. Le Sunday Times est ainsi à l'origine des révélations ayant abouti à la suspension pour corruption, dans le cadre de la désignation des pays hôtes pour 2018 et 2022, de deux membres du CE de la Fifa (Reynald Temarii et Amos Adamu). Et la BBC en a remis une couche, lundi, en diffusant un documentaire qui épingle trois membres influents du CE, Ricardo Teixeira, Nicolas Leoz et Issa Hayatou dans une plus veille affaire, sans rapport cette fois avec la désignation elle même des pays hôtes pour 2018 et 2022.
Doha explose de joie
Des milliers de personnes rassemblées sur la Corniche et les grandes places à Doha ont accueilli jeudi par une explosion de joie l'annonce de la désignation du Qatar pour l'organisation du Mondial-2022. La foule a hurlé sa joie au cris "Qatar, Qatar" à l'annonce à Zurich par le président de la Fifa, Joseph Blatter, de la désignation de ce petit pays du Golfe pour organiser le Mondial de 2022. Des embouteillages monstres se sont formés sur la route longeant la Corniche, particulièrement illuminée en début soirée, où la foule, arborant le drapeau du Qatar mais aussi ceux de plusieurs autres pays arabes, suivait sur un écran géant l'annonce des résultats à Zurich.
Des jeunes et des moins jeunes soufflaient dans leurs vuvuzelas, ces trompettes de plastique au son monocorde et assourdissant, devenues incontournables pendant la dernière Coupe du Monde de football en Afrique du Sud. "En organisant une Coupe du monde, le Qatar aura fait honneur à tous les Arabes", lance Achraf Jaber, un Egyptien de 34 ans, vivant à Doha. "S'offrir l'occasion de suivre le Mondial au Qatar, ce serait sans pareil", note pour sa part Robert Khoury, un Libanais de 25 ans. Pour lui, un Mondial au Qatar "aura des retombées économiques qui génèreront la prospérité pour tous" les habitants de ce pays du Golfe, engagé dans la réalisation d'un ambitieux programme de développement d'un coût total estimé à 100 milliards de dollars. "Nous sommes tous pour le Qatar", lit-on sur une banderole aux couleurs du Qatar, arborée par un groupe de jeunes de différentes nationalités.
Les officiels très contents
Le Qatar, un petit pays arabe du Golfe, désigné jeudi pour organiser le Mondial 2022, place ainsi le football du Moyen-Orient "sur la carte du monde", a déclaré le secrétaire général de son Comité olympique, cheikh Saoud Ben Abderrahmane.
Déclarations
Cheikh Mohammed bin Hamad Al-Thani, Prince héritier du Qatar et président du Comité de candidature à l'organisation du Mondial-2022: "Plutôt que de regarder une Coupe du monde qui a lieu à des milliers de km, les habitants du Moyen-Orient pourront aller à la Coupe du monde chez eux. La Fifa a voulu faire un grand pas en avant et étendre la Coupe du monde en la donnant à des pays qui ne faisaient pas encore partie intégrante de la grande famille du football. On essaiera de balayer tous les préjugés."
Barack Obama, président des Etats-Unis: "Je pense que (l'attrivution de la coupe du monde au Qatar) est une mauvaise décision"
Cheikh Saoud Ben Abderrahmane, secrétaire général du Comité olympique du Qatar: "Le Qatar place le (football du) Moyen-Orient sur la carte du monde. Nous avons remporté le pari d'être entrés en compétition avec de grands pays",
Le projet qatari en bref
Superficie: 11.437 km2
Capitale: Doha
Population: 1.700.000 habitants
Principaux stades: Khalifa Stadium (Doha), Al Gharafa Stadium (Doha), Al Rayyan Stadium (Al Rayyan), Lusail Iconic Stadium (Lusail, à construire).
Participations au Mondial: aucune
Organisation du Mondial: aucune
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