L'Espagne n'en fait pas un drame
Dimanche soir au Maracana, le Brésil a envoyé un message au monde. Et l’Espagne l’a bien reçu. En plein visage. Une vraie gifle. De celle qui marque les esprits. De celle aussi qu’on préfère vite oublier. Bousculée, étouffée d’entrée de jeu par le pressing brésilien, elle n’a jamais pu réciter sa traditionnelle partition. Et elle a traîné comme un boulet cette ouverture du score presque "gagesque" avec un Fred couché parterre qui devance un Casillas pas très inspiré. "Le premier but dans les premières minutes a compliqué les choses", a assuré Andres Iniesta, deuxième meilleur joueur du tournoi, derrière son futur coéquipier au FC Barcelone, Neymar. "Il nous sort largement du match", a confirmé Piqué, expulsé après un tacle sur le prodige brésilien. Fernando Torres, lui, a poussé un peu plus loin l’analyse : « Je crois que le but dans la 2e minute a tout changé, le schéma a changé. Ce but nous a un peu surpris et à partir de là il fallait remonter la pente. Nous n'avons pas su nous adapter à la situation ».
Obligés de courir derrière le score, les Espagnols ont eu beaucoup de mal à déstabiliser la défense auriverde. Et quand ce fut le cas, Julio César ou David Luiz veillait. Un but encaissé trop tôt, une expulsion et un pénalty raté. N’en jetez plus. "C'est un de ces jours où tout va de travers", a reconnu Sergio Ramos après la rencontre. Le défenseur du Real Madrid a eu la balle de réduction du score à 3-0, mais son penalty a filé en dehors du cadre. "J'étais très décidé mais évidemment il y aura toujours débat là dessus parce que je l'ai raté, mais bon, j'assume totalement les critiques que je peux soulever, mais j'ai la conscience tranquille d'avoir tout donné". Résultat, la série de 29 matches officiels sans défaite s’est brutalement arrêté pour la Roja ce dimanche soir.
Un Brésil rentre-dedans
L’année 2013 ne restera donc pas dans les mémoires du football espagnol. Après la déroute du FC Barcelone en demi-finale de la Ligue des Champions contre le Bayern, la Roja a sombré face au Brésil, souffrant des mêmes maux : manque de vitesse malgré les tentatives d’Iniesta et déficit physique. Si l’Espagne a perdu et a déjoué, elle le doit au Brésil. : "Je félicite les Brésiliens, ils ont été meilleurs que nous aujourd'hui. Tout a bien tourné pour eux, nous avons encaissé les buts dans des moments cruciaux, en début et en fin de première période et en début de seconde période, mais il faut reconnaître que le Brésil était très bien", a réagi Vicente Del Bosque en conférence de presse. Plus efficace, plus compact et aussi plus agressif. Les artistes associés du milieu de terrain espagnol n’ont jamais pu se défaire de la double tenaille brésilienne Luis Gustavo-Paulinho. Bien présente et toujours à la limite.
Un traitement de faveur qui n’a pas échappé aux Espagnols mais qui a bénéficié de la mansuétude de l’arbitre, le Néerlandais Bjorn Kuipers, qui a plusieurs fois mis à la main à la poche sans toutefois sanctionner les Brésiliens, au contraire des Ibériques (Ramos et Arbeloa ont pris un jaune, Pique a lui pris un rouge). Del Bosque a mentionné des "fautes pas violentes mais continues qui ont empêché la continuité du jeu", sans toutefois sans servir comme une excuse après cette piteuse prestation. Tout comme il a écarté d’un revers de la main l’excuse de la fatigue (l’Espagne avait un jour de moins de récupération après sa qualification aux tirs au but en demi-finale face à l’Italie).
Cette défaite, un mal pour un bien ?
Plutôt convaincante et solide jusqu’ici, la Roja a encaissé trois buts, une première depuis un fameux soir de juin 2006 où les Bleus de Zidane l’avaient éliminée en 8e de finale du Mondial. L’équipe de France, justement, qui reste donc la seule à avoir réussi le "grand chelem" (Mondial, Euro, Coupe des Confédérations) en 1998 et 2001. L’Espagne, elle, a raté la dernière marche. Pas forcément la plus haute sur le papier (une Coupe des Confédérations ne vaut pas un Mondial ou un Euro). Cette finale montre que la marge entre elle et les autres n’en finit pas de se réduire. "Nous ne sommes pas invincibles, et le match de ce soir (dimanche, ndlr) l'a prouvé", a lancé Del Bosque. Les années passent et l’adversité revient toujours plus forte, plus motivée à l’idée de faire tomber la "meilleure sélection du monde", dixit Neymar. Jouer le Brésil à domicile, en finale, le défi était immense pour les Ibériques. La chute est dure, mais également peut-être porteuse d’enseignements à un an du Mondial.
Dans un an, l’Espagne espère revenir pour défendre son titre acquis en Afrique du Sud. Le rendez-vous qu’Iniesta et ses coéquipiers ne voudront pas rater. "L’année prochaine, nous essaierons de revenir et de faire mieux les choses", a expliqué le milieu de terrain barcelonais. Pas la fin du monde donc pour un groupe habitué à tout rafler. "Nous ne sommes pas heureux de la défaite, et il faudra l'analyser, mais nos antécédents font que nous restons optimistes, a assuré le sélectionneur, nous avons de bons joueurs, un bon style de jeu, et nous n'avons pas à les changer à cause d'une défaite, même si elle est méritée. Nous sommes contents de notre parcours de ces dernières années, les résultats et le jeu". Pas de révolution donc, ni de fin de cycle – la recette fonctionne encore comme le prouve le succès à l’Euro espoirs -, mais une leçon à méditer. Voire salvatrice. "On ne peut pas toujours gagner, et de temps en temps, c'est important de perdre", a soufflé Del Bosque. Pour haïr encore plus ces moments-là, et aussi parce que le passé récent le prouve. Cette Coupe des Confédérations est "maudite" : aucun vainqueur de la Coupe des Confédérations n’a gagné le Mondial l’année suivante. Rendez-vous dans un an.
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