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L’Ecosse, la deuxième division du sport

Le sport écossais a clairement décliné depuis une vingtaine d’années alors qu’il rivalisait encore dans les années 80. Vitrines du pays, les équipes nationales de football et de rugby ne gagnent plus beaucoup, et les clubs peinent à exister dans les différentes coupes d’Europe. Les deux seules stars planétaires sont le pistard Chris Hoy et surtout le tennisman Andy Murray, l’exception qui confirme la règle.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
La sélection nationale d'Ecosse lors du match face à l'Allemagne à Dortmund en septembre 2014 (KIERAN MCMANUS / BACKPAGE IMAGES LTD)

L’Ecosse a perdu son football

L’Ecosse, qui a disputé le premier match international officiel en 1872 contre l’Angleterre, n’a jamais fait partie du gotha du ballon rond. Mais l’équipe nationale d’Ecosse, et surtout les clubs écossais, ont longtemps fait vibrer les foules. Le Celtic Glasgow a remporté la Coupe d’Europe des clubs champions en 1967 (2-1 contre l’Inter Milan), les Glasgow Rangers et Aberdeen la défunte Coupe des coupes respectivement en 1972 (3-2 devant le Dynamo Moscou) et en 1983 (2-1 ap face au Real Madrid). Dundee United (en 1987), le Celtic (en 2003) et les "Gers" (en 2008) ont disputé une finale de Coupe de l’UEFA, mais les résultats récents de ces bastions locaux ont confirmé un déclin amorcé depuis les années 80. Aucun club ne représentera l’Ecosse cette saison en Ligue des champions (le Celtic ne s’est pas qualifié pour la phase de groupes) et le championnat écossais n’est que le 24e championnat au classement UEFA. La sélection nationale écossaise pointe au 29e rang du classement FIFA alors qu’elle faisait partie des favorites de la Coupe du monde 1974, et qu’elle est restée une valeur sûre sur le continent jusqu’en 1998, année de sa dernière participation à un grand événement, le Mondial en France. Les Denis Law, Kenny Dalglish, Graeme Souness et autres Gordon Strachan n’ont pas eu de successeurs à leur taille.

L’Ecosse balbutie son rugby

Le rugby écossais ne va pas aussi mal que le foot, mais c’est probablement parce que la concurrence y est moins grande. Le XV du Chardon, qui pointe au 8e rang mondial, n’a jamais remporté le Tournoi des VI Nations alors qu’il avait gagné l’ultime Tournoi des V Nations en 1999 en s’imposant notamment au Stade de France. Le troisième et dernier Grand Chelem de l’Ecosse date de 1990, un succès mémorable (13-7) sur l’Angleterre, précédé pour la première fois par le magnifique hymne Flowers of Scotland. Depuis, c’est morne plaine. Le stade de Murrayfield à Edimbourg (67 000 places) n’est pas toujours rempli pour les matches internationaux, et l’Ecosse se satisfait de passer le premier tour en Coupe du monde alors qu’elle avait joué une demi-finale en 1991. Constat identique en Coupe d’Europe : les Glasgow Warriors n’ont jamais rien fait et Edimbourg Rugby n’a brillé qu’une fois sur la scène européenne (demi-finaliste de la Coupe d’Europe en 2012 après un succès sur le Stade Toulousain en quarts). L’Ecosse ne sort plus beaucoup de grands joueurs (Richie Gray, Johnnie Beattie ou Tim Visser) alors qu’elle regorgeait de talents auparavant (Andy Irvine, David Sole, Gavin Hastings, Finlay Calder, John Jeffrey…etc). Depuis 15 ans, l’Ecosse fait moins bien que l’Irlande ou le pays de Galles.

Il y a moins de sportifs écossais de renom 

Petite contrée d’environ 5,3 millions d’habitants, l’Ecosse ne dispose pas d’un vivier énorme pour faire éclore nombre de champions. Mais à travers le temps le sport écossais s’est bien débrouillé pour faciliter l’émergence de talents. En Formule 1, Jim Clark (2 titres de champion du monde en 1963 et 1965), Jackie Stewart (3 sacres en 1969, 1971 et 1973) et David Coulthard (vice-champion du monde 2001) ont triomphé sous pavillon britannique. Depuis, l’Ecosse attend l’émergence d’un grand pilote. Toujours en sport auto, Allan McNish a remporté les 24 heures du Mans à trois reprises avec Porsche et Audi. Colin McRae a été champion du monde des rallyes en 1995 mais il n’a pas eu de successeur de sa trempe. En cyclisme, Robert Millar et David Millar (aucun lien de parenté) ont brillé sur les routes du Tour de France, le premier terminant 4e en 1984 avec le maillot de meilleur grimpeur sur le dos, le second raflant quatre étapes et portant le maillot jaune dans les années 2000. Mais rien de concret depuis. Pays de golf, l’Ecosse a également eu son lot de cracks (Sandy Lyle, Sam Torrance, Colin Montgomerie, Paul Lawrie…etc) mais aucun vainqueur en Grand Chelem depuis le début du siècle. Le sprinteur Allan Wells, champion olympique du 100 m en 1980, a également marqué l’histoire sans que la suite soit très flamboyante. Quant aux athlètes représentants la Grande-Bretagne aux JO, aucun n’est célèbre en dehors de sa rue.

Andy Murray

Murray, une célébrité planétaire

Andy Murray est connu dans le monde entier. L’Ecossais, victorieux des Jeux de Londres en 2012, est devenu le premier Britannique depuis Fred Perry à s’imposer lors d’un tournoi du Grand Chelem, à Flushing Meadows en 2012. Il a remis le couvert moins d’un an plus tard sur le gazon de Wimbledon pour entrer dans la légende du sport grand-breton. A 27 ans, Murray est la superstar du sport écossais. Il s’est d’ailleurs prononcé pour le Oui à l'indépendance concernant le référendum de ce jeudi. "C'est un grand jour pour l'Ecosse aujourd'hui", a tweeté Andy Murray sur  son compte officiel. En cas d’indépendance, il pourrait devenir le premier joueur à s’imposer dans le Temple en tant que British puis comme étranger. Une incongruité amusante. L’autre célébrité sportive calédonienne de renom est évidemment Chris Hoy, même si l’on ne peut comparer son aura à celle de Murray. Le pistard est le sportif britannique le plus titré aux JO avec six médailles d’or récoltées entre 2004 et 2012. Mais lui défend le Non. "Je suis Britannique. Ecossais et Britannique. Nous pouvons être les deux, il n’y a pas d’exclusivité".

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