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Yohann Diniz épuisé pendant le 50 km marche aux JO : quels risques pour sa santé ?

Après le malaise de Yohann Diniz sur le 50 km marche, vendredi, francetv info a interrogé Frédérik Taouss, médecin du sport, sur les risques qu'impliquent les courses sur de très longues distances.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard - Recueilli par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Yohann Diniz est évacué sur un fauteuil roulant à la fin du 50 km marche, aux Jeux olympiques de Rio (Brésil), le 19 août 2016. (JULIEN CROSNIER / DPPI MEDIA / AFP)

Yohann Diniz a vécu près de quatre heures de calvaire. Le Français, victime de troubles gastriques, s'est effondré pendant le 50 km marche, vendredi 19 août, aux Jeux olympiques de Rio (Brésil). Après s'être relevé, il a finalement passé la ligne d'arrivée en 7e position, épuisé. De telles phénomènes physiques sont-ils courants ? Quels risques peuvent comporter les courses de longue distance pour les athlètes ? Francetv info a interrogé le docteur Frédérik Taouss, médecin du sport.

Francetv info : Yohann Diniz est allé au bout de lui-même pour finir son 50 km marche. Les courses sur de longues distances peuvent-elles comporter des risques pour la santé des athlètes ?

Frédérik Taouss : Les courses sur des distances importantes, comme la marche, le marathon ou l'ultra-marathon, présentent deux risques principaux. Il y a bien sûr la déshydratation, qui peut surprendre même les plus grands champions, notamment si les conditions climatiques sont difficiles.

L'autre risque est l'hyperthermie, lorsque le corps n'arrive pas à éliminer l'énergie emmagasinée dans le corps sous forme de chaleur. La température corporelle peut alors augmenter jusqu'à 39 ou 40 °C, voire plus, ce qui met en danger la vie des athlètes.

J'ai le souvenir d'un marathon, il y a une dizaine d'années, où les participants s'effondraient les uns après les autres à cause de la chaleur. Seuls une vingtaine ont passé la ligne d'arrivée.

Comment les athlètes peuvent-ils prévenir ces risques ?

En prenant en compte leur expérience lors d'anciennes courses, les athlètes définissent avec leur staff des points de ravitaillements sur le parcours. Généralement, ils essaient de boire de petites quantités d'eau toutes les 20 minutes environ. Mais les coureurs ou les marcheurs peuvent parfois se tromper sur le rythme auquel il leur faut en réalité se ravitailler...

Troubles gastriques, chute... Les problèmes de santé qu'a rencontrés Yohann Diniz pendant la course sont-ils courants ?

Il peut arriver aux athlètes de souffrir de douleurs gastriques ou de diarrhées, généralement à cause de troubles hydroélectrolitiques. Pour faire simple, cela signifie que les athlètes n'ont plus assez d'éléments pour maintenir l'eau dans leur corps et qu'ils l'éliminent en grande quantité. Cela se manifeste par une importante sudation ou, parfois, par des diarrhées. Ces phénomènes augmentent bien sûr le risque de déshydratation pour les athlètes.

Est-il fréquent que les athlètes décident de poursuivre la course malgré ces troubles, comme Yohann Diniz l'a fait ?

Tout dépend du contexte. C'est la dernière course olympique de Yohann Diniz, il avait donc à cœur de terminer l'épreuve. C'est un athlète qui est habitué à souffrir, car rien ne se fait sans souffrance dans les courses de longues distances. Il a donc un mental tellement puissant qu'il peut aller outre ces difficultés.

Dans ce genre de situation, le staff qui accompagne l'athlète doit être particulièrement attentif. S'il met visiblement sa santé en jeu, il faut l'arrêter. Continuer dans ces conditions pourrait exposer l'athlète à une importante déshydratation, traitée soit par perfusion soit dans un service de réanimation dans les cas les plus graves. Il y a également des risques de coma voire de mort, si l'hyperthermie est extrême.

La situation de Yohann Diniz était d'autant plus inquiétante que les conditions climatiques à Rio sont extrêmes [il faisait 33°C à Rio au moment de l'arrivée de l'épreuve du 50 km marche]. En temps normal, les épreuves de longues distances sont courues très tôt le matin car il y a moins de chaleur et d'humidité. Passer la ligne d'arrivée vers 11h30, au plus chaud de la journée, est extrêmement difficile pour l'organisme.

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