Mais que vient faire le foot aux Jeux olympiques ?

Les Jeux olympiques, c'est bien connu, c'est l'occasion d'apprécier des sports qu'on ne voit jamais (ou presque) à la télévision. Comment expliquer que les Jeux de Londres accueillent un tournoi de foot avec des têtes aussi connues que le Gallois Ryan Giggs, l'attaquant brésilien à crête Neymar, ou le latéral gauche de l'OM Cesar Azpilicueta ? L'appartenance du foot aux JO ne fait pas l'unanimité, pourtant il a autant sa place que les autres sports aux JO, et FTVi vous dit pourquoi.

Un sport olympique depuis 1900... qui rapporte

Il a été de presque toutes les éditions des JO depuis 1900, soit depuis la deuxième édition des Jeux olympiques modernes. Le vrai problème du tournoi de foot olympique, c'est que la continuité n'a pas été son point fort. Jugez plutôt. 

De 1906 à 1930, c'est la Fifa qui l'organise, alors que le CIO s'occupe du reste des Jeux. La formule du tournoi change tous les quatre ans jusqu'à se fixer sur le modèle de la Coupe de France, avec des matchs à élimination directe. En 1924, le foot, qualifié de "triomphe sans précédent" dans le Rapport officiel de la VIIe Olympiade représentait un tiers des recettes totales des Jeux, peut-on lire dans le livre Histoire du Football (éditions Perrin), de Paul Dietschy. La volonté de la Fifa d'organiser un évènement mondial à part entière pousse le CIO à récupérer son bien. La Coupe du monde sera finalement créée en 1930 et la première édition a lieu en Uruguay. C'est à ce moment-là que se noue le problème : le foot est trop populaire par rapport aux autres disciplines, et ne reviendra plus au sein des Jeux que sous une forme édulcorée.

En 1932, le foot est exclu des JO à cause de la tenue du Mondial uruguayen et du problème du professionnalisme de ce sport dans des JO réservés aux amateurs. Il reviendra en 1936, les organisateurs s'étant rendu compte du manque à gagner lors de l'édition précédente.

Jusqu'en 1984, seules des équipes amateurs peuvent concourir, ce qui donne de fait un gros avantage au bloc de l'Est où tous les sportifs sont amateurs... officiellement. Mais aux Jeux de Los Angeles (Etats-Unis), les professionnels font enfin leur entrée dans le tournoi, et c'est une équipe de France entièrement composée de pros qui gagne la médaille d'or.

En 1992, les joueurs pro sont toujours les bienvenus, mais il faut qu'ils aient moins de 23 ans. Trois joueurs plus âgés peuvent néanmmoins les encadrer.

En 1996 enfin, le foot féminin fait son entrée aux JO.

Difficile de trouver une quelconque cohérence. Les équipes qui brillent lors du tournoi masculin ne confirment pas toujours en Coupe du monde, et le tournoi féminin ressemble beaucoup au Mondial féminin, qui a lieu l'année précédant les Jeux. "Nous allons regarder le tournoi olympique, écrit le Footy Blog, mais nous ne nous en souviendrons pas." De fait, peu s'en rappelleront : qui se souvient des champions olympiques de foot à Pékin ? Et peu les verront : la plupart des billets encore à vendre concernent le tournoi de foot, un sport qui n'a définitivement pas "l'étiquette JO", mais qui continue malgré tout à représenter environ un quart des recettes, note Forbes (lien en anglais).

On pourra répondre aux détracteurs du foot que des sports répandus dans le monde entier comme le rugby et le golf feront leur retour aux JO de Rio (Brésil), en 2016. Le ballon ovale était absent depuis 1924 des Jeux, la petite balle blanche depuis 1904. Leur histoire olympique s'inscrit donc encore plus en pointillé que le football. Certains sports qu'on pense indissociables des Jeux olympiques sont en fait assez récents : le hand n'est devenu olympique qu'en 1972, le judo en 1964.

La Coupe du monde est plus prestigieuse, et alors ?

L'argument couramment employé est le suivant : comme le tournoi olympique ne constitue pas le sommet de ce sport, le tournoi de foot masculin ne se justifie pas aux JO. On pouvait récemment le lire sur le site du Guardian.

Mais le contre-exemple se trouve du côté du tennis. Les tennismen des années 20-80 ont regardé les Jeux à la télévision. La petite balle jaune, pourtant incontournable au début du XXe siècle, pâtit de la rivalité entre la fédération internationale et le CIO, qui lui demande d'annuler Wimbledon l'année des Jeux, rappelle Carnet Sport. Wimbledon n'a pas cédé, et depuis, les simples et doubles hommes et femmes ont fait leur retour. Et pour 2012, c'est le double mixte qui fait son retour aux Jeux.

ll n'y a pas de raison de priver les footballeurs des Jeux

"Jouer les JO, c'est un rêve pour tous les athlètes" estime la star brésilienne Neymar.  Pourquoi les footballeurs n'auraient-ils pas droit à la compétition sportive suprême ? Le ballon rond est le sport universel par excellence, la Fifa revendiquant environ 250 millions de pratiquants. 

D'autres sports beaucoup moins universels que le foot, comme le BMX, se sont fait une place aux Jeux. Le BMX, sport créé dans les années 60 aux Etats-Unis, importé en France dans les années 80, est devenu olympique pour les Jeux de Pékin. Certes, il est pratiqué dans 75 pays et sur quatre continents, le critère pour pouvoir devenir sport olympique, mais n'atteint pas le nombre de licenciés du foot ou du cricket, autour de 200 millions de licenciés, sans avoir jamais été au programme des Jeux depuis 1900. Le BMX est devenu sport olympique pour dépoussiérer l'image de Jeux, comme les disciplines "fun" (snowboard) aux JO d'hiver. En attendant l'arrivée du Quidditch, qui prépare son dossier...