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JO 2016 : le manège aérien des chevaux qui s'envolent pour Rio

Alors que les délégations d'athlètes de tous les pays commencent à converger vers Rio, un convoi plus délicat s'apprête à rallier la capitale brésilienne : celui des chevaux de compétition.

Article rédigé par franceinfo - Pierre Lecornu
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Un des chevaux de l'équipe de France de saut embarque à bord d'un avion à destination des Jeux d'Athènes, le 18 août 2004. (FRANK PERRY / AFP)

Vous pensiez que les chevaux prenaient le bateau pour traverser l'Atlantique et aller aux Jeux olympiques de Rio ? Erreur ! Comme les athlètes, et malgré le stress que l'on peut imaginer, les équidés de compétition vont bel et bien prendre l'avion pour se rendre au Brésil. 

A moins d'une semaine de l'ouverture des Jeux, les chevaux de la plupart des nations européennes sont attendus à Liège (Belgique), samedi 30 juillet, avant de prendre place à bord des avions et de décoller, direction Rio de Janeiro. D'autres partiront depuis Stanstead, en Angleterre. Au total ? Quinze Boeing 777 sont affrétés pour le transport de 274 chevaux européens ! Un convoi commun dans le monde de l'équitation – chaque hiver, plus de 2 000 chevaux partent en Floride pour le festival de dressage ou le circuit de polo – mais qui reste délicat, placé sous la surveillance constante des vétérinaires.

Les containers sont montés à bord des premiers avions qui ont quitté l'angleterre, le 29 juillet 2016. (TONY PARKES/FEI)

"C'est l'embarquement qui les stresse les plus"

A leur arrivée à l'aéroport, les chevaux sont rassemblés, et placés en quarantaine pendant 24 heures, avant d'embarquer. "Il y a des consignes qu'on établit avec les soigneurs, explique Xavier Goupil, le vétérinaire de l'équipe de France de concours complet, interrogé par francetv info. Il faut préserver les chevaux des poussières parce qu'en avion, l'atmosphère est très confinée : il faut que le foin soit détrempé par exemple."

"C'est la période d'embarquement qui est délicate, c'est ce qui les stresse le plus", poursuit Xavier Goupil. Comme le montre le film promotionnel ci-dessous, réalisé par Air France en 2013, les chevaux sont placés dans des containers à deux ou trois, puis le container est mis sur des chariots, amenés jusqu'à l'avion par un tracteur, avant d'être placés dans la soute des avions cargo avec des élévateurs.

"Une fois dans l'avion, ce n'est pas très différent d'un bateau pour eux, assure Xavier Goupil, habitué de ces vols. Le décollage et l'atterrissage peuvent les surprendre, et éventuellement quelques turbulences en vol, mais sinon il n'y a pas de mouvements brusques dans l'avion".

On peut avoir des chevaux agités, qu'on doit tranquiliser, mais ça se fait dans les règles de la compétition, et ça ne les empêche pas de concourir.

Xavier Goupil, vétérinaire de l'équipe de France

à francetv info

Un ancien vétérinaire de l'équipe de France, Olivier Lepage, racontait en 2008 au Figaro une expérience difficile, au-dessus de la cordillère des Andes, lors du trajet pour les championnats du monde, en 1986. "Les turbulences étaient très fortes et un de nos chevaux tapait dans tous les sens… Le commandant de bord est sorti du cockpit et m'a dit que j'avais trois minutes pour calmer l'animal, sinon il l'abattrait… Tout s'est bien terminé."

"Aucun des cinq chevaux n'a encore pris l'avion"

Cette année, pour le concours complet (le "triathlon équestre", qui combine cross, dressage et saut d'obstacles), la France envoie cinq chevaux à Rio. C'est l'un des soigneurs, le "groom" Thomas Louis, qui les accompagnera dans l'avion. "C'est une grosse responsabilité, je n'ai pas le droit à l'erreur", confie-t-il à francetv info.

Thomas Louis a été choisi par l'équipe de France olympique d'équitation parce qu'il a l'habitude de s'occuper d'Entebbe, le seul cheval de l'équipe à être entier, c'est-à-dire à ne pas être castré. "Les entiers, c'est plus difficile à gérer. Moi, j'ai l'habitude, glisse Thomas Louis. Si on a un container trois places, on a prévu de mettre l'entier avec un seul voisin, avec un espace pour séparer les deux."  

Les chevaux, à deux ou trois, dans leur stalle, le 29 juillet 2016 (TONY PARKES/FEI)

"On va aussi essayer de ne pas mettre à côté des chevaux qui ne s'entendent pas, mais parfois on n'a pas le choix. On est dans un très petit espace", poursuit le vétérinaire Xavier Goupil. Heureusement, cette année, les cinq chevaux de l'équipe de France de concours complet s'entendent plutôt bien. Un souci en moins. D'autant qu'"en discutant, on s'est rendu compte qu'aucun des cinq chevaux n'a encore pris l'avion, même s'ils ont l'habitude voyager".

Thomas Louis, pour sa part, passera le plus clair de son temps dans la soute, à surveiller et nourrir les chevaux, pour que le transit continue de fonctionner. "Avec les montées et les descentes, le risque principal pour les chevaux, c'est les coliques", un symptôme qui peut s'avérer très dangereux pour l'animal. 

Une semaine pour s'acclimater au climat brésilien

Si l'organisation du voyage est particulièrement délicate, les fédérations n'ont en tout cas pas trop à se soucier des règles vétérinaires brésiliennes, jugées plutôt souples. Et en tout cas moins drastiques qu'aux Etats-Unis ou en Australie. Car les réglementations nationales peuvent être une vraie épine dans le pied. En 1956, les cavaliers ont ainsi participé aux Jeux de Melbourne, à Stockholm, en Suède ! En cause, une loi australienne de l'époque, qui rendait impossible l'entrée des chevaux sur son sol, sans une longue quarantaine d'au moins six mois.

Les premiers chevaux partis d'angleterre le 29 juillet, sont arrivés dans la nuit à Rio. (TONY PARKES/FEI)

Au Brésil, les chevaux auront tout juste une semaine pour s'acclimater au pays. Les épreuves équestres débutent dès le premier week-end des Jeux, samedi 7 août.

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