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JO 2016 : onze moments où l'on s'est demandé où était passé l'esprit olympique

A Rio, de nombreux moments de grâce ont animé la quinzaine olympique. Mais on a aussi assisté à des scènes dont on se serait bien passé. 

Article rédigé par franceinfo
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Le judoka égyptien Islam El Shehabi refuse de serrer la main à son adversaire israélien, le 12 août 2016 à Rio. (TOSHIFUMI KITAMURA / AFP)

"L'esprit olympique", "l'esprit olympique"... Pendant quinze jours, à Rio, on en a entendu parler à toutes les sauces. Et pour cause : "L'olympisme se veut créateur d’un style de vie fondé sur la joie dans l’effort, la valeur éducative du bon exemple, la responsabilité sociale et le respect des principes éthiques fondamentaux universels", énonce noir sur blanc la charte olympique. 

Eh bien si telle est effectivement la philosophie que les spectateurs ont pu observer la plupart du temps durant les Jeux olympiques 2016, ils ont également pu assister à des scènes dont on se serait franchement bien passé. Francetv info revient sur dix moments où, vraiment, on s'est demandé où était passé le fameux esprit olympique. 

Quand le judoka égyptien a refusé de serrer la main de son adversaire isarélien

JO 2016 : un judoka égyptien a refusé de serrer la main de son adversaire isarélien
JO 2016 : un judoka égyptien a refusé de serrer la main de son adversaire isarélien JO 2016 : un judoka égyptien a refusé de serrer la main de son adversaire isarélien

12 août. Le tournoi de judo des plus de 100 kg débute, et on a d'yeux que pour Teddy Riner. Pourtant, un autre judoka défraie la chronique. En huitième de finale, l'Egyptien Islam El Shehabi est battu sèchement par son adversaire israélien Or Sasson. A la fin du combat, le judoka égyptien refuse alors de saluer et de serrer la main de son adversaire.

"Serrer la main de votre adversaire n'est pas une obligation qui figure dans le règlement du judo. Cela arrive entre amis, et il n'est pas mon ami", justifie El Shehabi, prié dans la foulée par sa fédération de rentrer chez lui.

Quand Hope Solo, la gardienne américaine, traite ses adversaires de "bande de lâches"

La gardienne de but Hope Solo, mercredi 3 août lors du match Etats-Unis–Nouvelle-Zélande, au stade Mineirao de Belo Horizonte (Brésil). (EUGENIO SAVIO / AP / SIPA)

Le Wall Street Journal a beau avoir élu les athlètes français champions olympiques des mauvais perdants, les Etats-Unis ont aussi dans leurs rangs de beaux spécimens. A commencer par Hope Solo, la gardienne de but de l'équipe de football féminin. Les Etats-Unis, pourtant favoris, se sont inclinés en quarts face à la Suède, aux tirs au buts. Raison de cette mauvaise performance pour la gardienne ? "On a joué contre une bande de lâches." Les Suédoises ne seraient pourtant pas les premières à fermer le jeu et à jouer les contres. Oui mais éliminer les Américaines, ça ne se fait pas, voyons !

Quand les juges de la boxe sont retombés dans leurs travers

JO 2016 : finale de boxe contestée
JO 2016 : finale de boxe contestée JO 2016 : finale de boxe contestée

La nouvelle boxe olympique devait être irréprochable, avec un nouveau système de notation, plus proche du monde professionnel. Et ça marchait plutôt bien. Jusqu'à la finale des poids lourds. Le Kazakh Vassiliy Levit domine très largement son adversaire, le Russe Evgeny Tishchenko. Il croit tout naturellement être champion olympique à la fin des trois reprises, mais les juges en décident autrement et sacrent le boxeur russe. Tishchenko, tout penaud, reçoit sa médaille d'or sous les huées du public.

Quelques jours plus tard, un autre boxeur, l'Irlandais Michael Conlan, est éliminé après avoir dominé son combat. Il affrontait lui aussi un boxeur russe. Conlan est resté sur le ring quelques minutes, adressant des doigts d'honneurs aux juges, les qualifiant plus tard de "corrompus".

Le boxeur irlandais Michael Colan adresse un doigt d'honneur aux juges après sa défaite inattendue face au Russe Vladimir Nikitin, le 16 août 2016 aux Jeux olympiques à Rio. (MAXPPP)

Quand le relais américain a été éliminé, et puis en fait non

Le relais 4x100m féminin est une épreuve qui se coure à quatre, et à la fin, c'est les Américaines qui gagnent. Et peu importe le scénario. En demi-finale, les Etats-Unis étaient pourtant éliminés, coupables d'avoir laissé tomber le témoin entre deux passages de relais.

Mais même la disqualification n'arrête pas les Américaines. "J'ai été bousculée en entrant dans la zone de passage de relais, et ça m'a complètement déséquilibré", plaide la sprinteuse Alysson Felix. Sur les images, on voit bien un contact entre Alysson Felix et la concurrente brésilienne, un peu trop à l'extérieur de son couloir. Mais on voit surtout l'Américaine venir percuter, en fin de zone, la Brésilienne, dont le bras dépasse certes de son couloir.

En vain : après réclamation, les Brésiliennes disqualifiées, les Américaines autorisées à recourir, seules et donc sans pression. Et les Chinoises, tout heureuses d'avoir décroché la dernière place pour la finale, d'être éjectées à cause du nouveau chrono des Etats-Unis...

Quand le relais américain est éliminé, et puis en fait non
Quand le relais américain est éliminé, et puis en fait non Quand le relais américain est éliminé, et puis en fait non

Quand Mahiedine Mekhissi s'est empressé de porter réclamation contre son ami Ezekiel Kemboi

Il y a quatre ans à Londres, Mahiedine Mekhissi, médaille d'argent du 3 000 m steeple offre aux photographes l'une des plus belles images des Jeux, en portant dans ses bras son ami kényan, le champion olympique Ezekiel Kemboi.

À Rio, finis les sentiments, place au pragmatisme. Mahiedine Mekhissi termine 4e de la course, derrière Kemboi, et passe la ligne en faisant le chiffre trois avec sa main. Arrivé en zone de presse, il assure être troisième, ayant vu son ami Kemboi mordre sur l'intérieur de la piste (un geste synonyme de disqualification), et annonce porter réclamation.

Certes, malgré les images de mauvaises qualités, le Kényan Kemboi a bien fait quelques pas en dehors de la piste. Il est disqualifié et c'est la règle. Mais était-ce à Mekhissi de monter au front personnellement, si tôt après la fin de la course, contre son grand ami ? Le podium et la médaille de bronze ont laissé un petit goût amer.

Quand le public brésilien a sifflé les athlètes

JO 2016 : Renaud Lavillenie heureux de sa deuxième médaille olympique mais triste des sifflets brésiliens
JO 2016 : Renaud Lavillenie heureux de sa deuxième médaille olympique mais triste des sifflets brésiliens JO 2016 : Renaud Lavillenie heureux de sa deuxième médaille olympique mais triste des sifflets brésiliens (France 3)

C'est sans doute Renaud Lavillenie qui a été le plus virulent contre les spectateurs brésiliens, qu'il a qualifiés de "public de merde", après sa médaille d'argent en finale du saut à la perche. Le Français a très mal vécu les sifflets réservés aux adversaires de Thiago Braz, le Brésilien qui s'est finalement adjugé la médaille d'or.

Si le perchiste tricolore est allé un peu loin, notamment en comparant la situation à Rio avec celle de Berlin en 1936 — avant de s'excuser —, le comportement des Brésiliens a surpris plus d'un athlète. Jusqu'à la légende Usain Bolt : "C’est la première fois que je vois ça. Ça m’a choqué. J’aimerais voir ce respect partout. Dans le public aussi", a-t-il déclaré après avoir entendu les sifflets réservés à son adversaire Justin Gatlin.

Alors est-ce juste une tradition locale pour un public habitué aux sports collectifs comme le football ? Une ignorance des traditions olympiques ? Ou de la méchanceté ? D'autres sportifs, comme Michael Phelps, n'ont en tout cas pas été gênés par l'ambiance : "Vous pouvez sentir cette ambiance dans l’eau, c’est tellement bruyant. C’est une énergie super".

Quand Benoît Paire a été viré des Jeux, et qu'il s'en est réjoui publiquement

Le tennisman français Benoît Paire, le 7 août 2016 à Rio (Brésil). (JEAN MARIE HERVIO / DPPI MEDIA / AFP)

Un Français exclu des Jeux olympiques, c'est du jamais vu, et ça fait tache. Surtout quand il l'est par sa propre fédération, "après plusieurs recadrages, de nombreuses discussions et pas mal de manquements aux règles de vie." Ce sont les mots du directeur technique national du tennis Arnaud Di Pasquale à l'encontre de son joueur Benoît Paire.

Ce dernier, qu'on n'aurait "pas beaucoup vu au village olympique" après son arrivée à Rio, n'a pas semblé bien triste de s'en aller. "C’était un tournoi où il n’y avait pas de points, pas d’argent. Le but, c’est de bien s’entraîner pour préparer la semaine prochaine. C’est ce que j’ai fait. Je suis très content. J’ai fait deux matchs, je me suis bien battu. C’est une bonne préparation pour la suite." On est un peu loin de l'esprit olympique.

Quand la natation française a lavé son linge sale en public

La natation française s'est plus fait remarquer par ses polémiques que par ses médailles cette année (deux en argent seulement). Il y a d'abord eu Yannick Agnel, accusé par les camarades de relais 4x100 m quatre nages de les avoir abandonnés à la dernière minute. Ce à quoi le nageur français a répondu que c'était la fédération qui l'avait écarté, parce qu'il était malade.

Puis c'est l'"amateurisme" de la fédération qui a été critiquée par un ancien nageur, Alain Bernard, aujourd'hui consultant pour Canal+. Enfin la fédération a vertement renvoyé Alain Bernard à ses études par la voix de l'entraîneur de l'équipe masculine, Romain Barnier. Bref, on attendait plutôt du remous dans le bassin olympique.

Quand le président du comité olympique irlandais a pris part à un trafic de billets

Patrick Hickey, le président du comité olympique irlandais, lors d'une interview à Baku le 24 juin 2015. (JACK GUEZ / AFP)

Alors si le CIO lui-même s'y met, que reste-t-il de l'esprit olympique ? Le président du comité olympique irlandais Patrick Hickey a été arrêté mercredi 17 août par la police brésilienne. On lui reproche d'avoir participé à une organisation de ventes illégales de billets pour les Jeux olympiques de Rio. Des billets bien évidemment vendus à des prix exorbitants. Rappelons qu'en parallèle, les stades étaient loin d'être pleins pendant toute la compétition.

Quand des nageurs américains ont inventé une agression après avoir vandalisé une station-service

"Ryan Lochte incarne tout ce que le monde déteste à propos des Américains." Le jugement du New York Post, comme celui de ses compatriotes, est sec et sans appel. La faute du nageur : avoir inventé, avec trois coéquipiers, une fausse agression alors qu'ivres, ils avaient vandalisé une station-service. Les excuses parfaitement calibrées, sur les réseaux sociaux puis à la télévision, n'y feront rien. Les six médailles olympiques de l'enfant terrible de la natation américaine ne suffiront pas à le sortir de ce mauvais pas.

Quand des entraîneurs mongols se sont déshabillés pour contester un résultat

Furieux contre les juges, deux entraîneurs mongols se déshabillent sur le tapis de lutte, dimanche 21 août, aux Jeux de Rio. (JACK GUEZ / AFP)

Fin de match rocambolesque entre le Mongol Mandakhnaran Ganzorig et l'Ouzbek Ikhtiyor Navruzov, pour la médaille de bronze de lutte dans la catégorie des 65 kg. Alors que la rencontre est scellée par la victoire de l'Ouzbékistan sur décision arbitrale, les deux entraîneurs mongols, furieux de cette issue, ont fait irruption sur le tapis.

Face au refus des juges de modifier le résultat, les deux coachs sont entrés dans une colère noire et ont commencé à se déshabiller devant les juges, sous les encouragements du public.

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