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Jeux paralympiques : la classification des handicaps pousse-t-elle des athlètes à la triche ?

Peut-on parler d'égalité des chances entre des athlètes de handicaps différents ? La question se pose mais reste taboue, alors qu'une commission parlementaire britannique enquête sur de possibles failles dans les classifications du paralympisme.

Article rédigé par Cécilia Arbona
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
La science et la recherche pour améliorer les performances des athlètes et des matériaux (illustration). (MAXPPP)

À cent jours des Jeux paralympiques de Pyeongchang (Corée du Sud), une question ressurgit : peut-on parler d'égalité des chances entre des athlètes de handicaps différents ? En Grande-Bretagne, une commission parlementaire mène l'enquête, soupçonnant des sportifs d'amplifier leur handicap pour concourir dans des catégories plus faciles.

La tentation de paraître plus faible

Les stratégies sont connues dans le monde du handisport mais le sujet reste délicat. Des rumeurs circulent, admet pourtant Marie-Amélie Le Fur, 28 ans, triple médaillée aux Jeux de Rio de 2016 en saut en longueur, sur 200 mètres et sur 400 mètres. La championne paralympique française a entendu parler de pratiques destinées à renforcer artificiellement le handicap.

Dans certains pays, on utilise des techniques d’entraînement qui vont faire en sorte que le handicap de l’athlète s’exprime davantage.

Marie-Amélie Le Fur, triple médaillée aux JO paralympiques de Rio

à franceinfo

Amputée de la jambe gauche après un accident de scooter, la jeune femme est équipée d’une prothèse. Marie-Amélie Le Fur est classée en T44, l'une des nombreuses catégories auxquelles se réfèrent les fédérations sportives.

Pour ma part, il est difficile de douter de la classification. C’est assez facile à voir !

Marie-Amélie Le Fur

à franceinfo

Selon la championne d'athlétisme, il peut y avoir des questionnements sur les déficients visuels. Mais, ajoute-t-elle, le sujet est compliqué parce qu’on veut essayer de regrouper des pathologies, finalement très différentes. C'est pourquoi, selon Marie-Amélie Le Fur, "certains sportifs vont s’estimer plus lésés que d’autres, ils n'auront pas exactement les mêmes chances de médailles".

Une classification en fonction de capacités testées 

David Smétanine, nageur paraplégique, a participé aux Jeux de Rio. Il a remporté une médaille d'argent sur 50 mètres nage libre, en catégorie S4. Le champion de 43 ans estime que le maximum est fait pour éviter un classement injuste. "En natation aussi, on a cette rigueur et cette ambition d’avoir un système le plus juste possible", dit-il, affirmant que tout est transparent. Le champion de natation cite les étapes : un test avec des kinés sur un banc, une observation dans l’eau, un test technique aquatique, estimation dans l’eau, un test sur le potentiel musculaire. Des points sont alors attribués.

Des points correspondent à des muscles fonctionnels. Si vous n'avez pas de contraction du muscle, cela fait zéro point. Une contraction donne un point, un mouvement vaut deux points. Après, on affine les choses dans l'eau.

David Smétanine, médaillé d'argent en natation à Rio

à franceinfo

Un système vérifié mais subjectif

Le président du Comité international paralympique, Andrew Parsons, reconnaît que le règlement est encore perfectible, mais qu'il est surveillé.

On peut toujours améliorer le système de classification, comme le système antidopage. Par le passé, ceux qui ont essayé de mentir ont été attrapés.

Andrew Parsons

à franceinfo

Il reste toutefois une part de subjectivité et elle est déterminante. Par exemple, en basket, il semble difficile d’évaluer la capacité d’un joueur en fauteuil à tourner le torse, les épaules et la puissance qu’il possède ou non dans ses bras.

Paralympisme : les classes de handicap sont-elles trop floues ? Un reportage de Cécilia Arbona

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