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Patrick Francheterre: "Le hockey français doit rester dans l'élite"

Trois jours après l'échec de l'équipe de France de hockey sur glace lors du Tournoi de qualification olympique, le manager des Bleus Patrick Francheterre, nous a accordé un entretien. Malgré sa belle victoire sur la Lettonie, la France ne sera pas au rendez-vous olympique de 2014, mais l'avenir reste prometteur.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
 

C'est une victoire cruelle que celle face à la Lettonie…
Patrick Francheterre: C'est une petite satisfaction, mais cela reste une grande déception parce que l'on était parti pour gagner ce tournoi. On savait que ce serait difficile, et que les Kazakhs étaient des adversaires difficiles. Ils nous avaient déjà barré la route il y a huit ans. On n'a pas été très bon sur ce premier match, on s'est rattrapé dans les deux derniers, mais cela n'a pas été suffisant. Les joueurs ont même été héroïques contre la Lettonie, mais ce n'est pas passé. C'est une vraie déception car nous avons quelques joueurs en fin de carrière, et nous aurions bien aimé terminer en apothéose. C'est la dure loi du sport.

"Il nous manquait un tiers de l'équipe"

Qu'est-ce qui a manqué à l'équipe de France pour se qualifier ?
PF: Il  nous a manqué des joueurs. Nous avions beaucoup de blessés, et parmi les titulaires indiscutables de l'équipe. Deux joueurs qui évoluent en NHL n'ont pas été libérés, et cela à commencé à peser sur l'effectif. En gros, il nous manquait un tiers de l'équipe.

On avait le sentiment que cette équipe avait plus de qualités que les années passées…
PF: Avec le travail que font Dave Henderson et Pierre Pousse qui visent à intégrer des jeunes joueurs, avec nos garçons qui progressent à l'étranger dans des championnats de haut niveau, l'équipe s'améliore constamment. C'est ce qui rajoute un peu à la déception. On a le sentiment que l'on a un bon potentiel, une bonne équipe, et on aurait pu espérer bien figurer dans ces Jeux Olympiques.

Avec Huet, Lhenry, Amar, Bachet, c'est toute une génération qui s'en va …
PF: Ce n'est pas encore confirmé, mais l'âge et la déception conjugués feront qu'ils risquent de mettre un terme à leur carrière internationale d'ici la fin de saison, ou la saison prochaine.

Croyez-vous en la nouvelle génération ?
PF: Oui bien sûr. On a des gars qui ont beaucoup de talent, beaucoup d'enthousiasme, de volonté, de qualités techniques et physiques. Nous avons des gros joueurs, des garçons comme Pierre-Edouard Bellemare qui joue en Suède et qui est un des bons du championnat, Yohann Auvitu et Charles Bertrand qui jouent en Finlande, … Si ces garçons jouent dans l'élite de ces gros championnats, c'est qu'ils ont quand même beaucoup de qualités.

Le championnat de France en question

Lorsque vous parlez de ces joueurs, aucun d'entre eux n'évoluent en France. Est-ce une lacune d'avoir un championnat national qui n'est pas aussi compétitif ?
PF: C'est un de nos gros problèmes. Même si le championnat de France n'est pas mauvais, il est loin d'être au niveau des gros championnats européens, en termes de nombre de matches et en termes d'intensité. Cela fait d'ailleurs partie des projets de la fédération de réduire le nombre d'équipes dans l'élite, et d'augmenter le nombre de matches. Je pense que cela tient à cœur au président de la Fédération, Luc Tardif. Il a envie d'une plus grande homogénéité entre les joueurs qui évoluent à l'étranger et ceux qui jouent en France.

Si l'on compare à la NBA avec le basket, il n'y a que deux joueurs en NHL, est-ce un problème ?
PF: Oui et non. C'est un problème quand ils y sont car on n'est jamais sûr de les récupérer, même aux Championnats du monde, parce que cela se passe au moment des play-offs. La NHL, c'est comme la NBA, c'est un grand marché mondial. Comme on n'est pas une des nations phares du hockey sur glace, ils vont faire leurs courses en Russie, en Suède, en Finlande et en République tchèque. En France, c'est vraiment exceptionnel. Il faut que les joueurs passent par des Universités américaines, ou canadiennes, soit par des compétitions juniors, ou comme a fait Antoine Roussel par exemple (il a déménagé avec ses parents au Québec en 2004, ndlr) pour arriver à se montrer, ou encore comme Timothé Bozon (le fils du champion français Philippe Bozon, qui a été repêché lors de la draft 2012).

"On ne parle pas de crise, mais de déception"

Y-aura-il une réunion de crise après cet échec ?
PF:  Il y aura une réunion la semaine prochaine, mais on ne parle pas de crise. On parle de déception. L'objectif, on ne l'a pas atteint, c'est évident. Mais on a montré que l'on pouvait avoir une équipe compétitive au championnat du monde, après celle amoindrie que l'on avait à Riga. On a retrouvé un grand Cristobal Huet dans les buts, et Fabrice Lhenry qui a tenu la maison sans problème contre les Anglais.

Il reste encore le Mondial, au mois de mai en Finlande…
PF: C'est devenu notre objectif N.1. C'est important de rester dans l'élite, parce que c'est l'équipe de France qui est la vitrine du hockey sur glace. C'est important aussi parce que cela favorise également la candidature de la France et de l'Allemagne pour l'organisation du Mondial 2017. Et l'on voit mal un Mondial être attribué à une nation qui n'est pas dans l'élite. Nos résultats sont en progrès constants depuis 2008, la neuvième place de l'année dernière (au Mondial) nous a confortés dans ces progrès. J'espère que nous atteindrons les quarts de finale cette année, même si cela restera difficile. On a encore une poule difficile (Russie, Slovaquie, Finlande, Etats-Unis, Allemagne, Lettonie et Autriche, ndlr).

En parlant du Mondial, la France a-t-elle de bonnes chances pour organiser celui de 2017, avec un projet commun avec l'Allemagne ?
PF: Oui, nous avons de bons atouts dans notre manche. Paris et sa capacité touristique, et la proximité des deux pays. L'autre candidature est présentée par la Lettonie et le Danemark, et là, ce n'est pas très simple de voyager entre les deux pays… En termes de liaison, et d'un point de vue sportif, nos deux nations ont démontré qu'elles avaient un savoir faire pour organiser de telles manifestations. On va encore le prouver dimanche avec un Bercy qui sera à guichets fermés. Je pense que l'on a de très bonnes chances.

"Jouer un tournoi à domicile est un atout sérieux"

Organiser un tel événement en France peut-il contribuer à relancer votre sport ?
PF: C'est indéniable. Ces événements ont toujours boosté les fédérations qui les organisaient, même dans les grands pays de hockey comme la Suède et la Finlande. Cela permet de "booster" à la fois les finances des fédérations, et d'augmenter le nombre de licenciés, grâce à la médiatisation qu'il y a autour.

Les JO de 2018, vous y pensez déjà ?
PF: Nous serons dans la même configuration que maintenant. Si ce n'est que si on continue de progresser dans le ranking (classement mondial), cela nous permettrait d'organiser un Tournoi de qualification olympique. Et on l'a vu à Riga, jouer un tel tournoi à domicile est un atout sérieux. Nous sommes dans une phase de progrès, on a des bons jeunes qui vont continuer à progresser. Des garçons comme Laurent Meunier par exemple, ont un impact très important sur l'équipe. C'est un leader naturel, et Pierre-Edouard Bellemare est en mesure de reprendre le flambeau. Je ne suis pas inquiet sur notre capacité à progresser.

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