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2001-2017 : six preuves que le handball français est entré dans la cour des grands

Un gouffre sépare les deux derniers championnats du monde organisés dans l'Hexagone. A l'image de l'équipe de France, le monde du handball tricolore est passé des Barjots à celui des Experts. Il est aujourd'hui le troisième sport collectif en nombre de licenciés.

Article rédigé par franceinfo - Vincent Lenoir
France Télévisions
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Les deux gloires du handball français des vingt dernières années. A gauche, Jackson Richardson, en 2001. A droite, Nikola Karabatic, en 2017. (REUTERS)

4 février 2001. Les Costauds, emmenés par l'emblématique Jackson Richardson, apportent à la France sa deuxième couronne mondiale, à domicile face à la Suède. Six ans après leur premier sacre, les Bleus ne savent pas encore qu'ils inaugurent une période de domination tricolore, quasi sans partage, sur le hand mondial. 

Seize ans plus tard, le règne bleu a complètement transformé ce sport qui peinait à se faire une place derrière le roi football et le médiatique rugby. Franceinfo a répertorié six exemples qui montrent que le hand français est devenu un des sports majeurs de l'Hexagone.

Mondiaux, Euro, JO : des titres à la pelle

Entre 2001 et 2016, l'équipe de France s'est imposée comme LA nation du handball. Inventé par les Allemands (le premier Mondial est remporté par l'Allemagne nazie en 1938), le handball est particulièrement choyé par les Scandinaves, les Croates ou encore les Egyptiens. Mais depuis seize ans, les Bleus, qui n'avaient alors remporté qu'un seul titre majeur (le championnat du monde, en 1995), ont récolté pas moins de neuf couronnes : cinq Mondiaux, trois Euros et deux médailles d'or olympiques. De nation mineure, la France est devenue le pays phare du hand avec ses dix titres, devant la Suède et la Russie (8 titres chacun).

Les Experts remportent leur second titre olympique, à Londres, en août 2012. (MARKO DJURICA / REUTERS)

Des licencié(e)s toujours plus nombreux(ses)

Conséquence des succès de l'équipe nationale ? Le nombre de licenciés auprès de la Fédération français de handball (FFH) n'a cessé de croître depuis les années 1970. Boostée en 1995 après le premier sacre, la discipline voit accourir 100 000 néo-handballeurs en cinq ans. En 2001, la barre des 300 000 est atteinte. Elle s'établit désormais à près de 520 000 grâce, notamment, aux sections féminines en constante progression. Sur ces seize années de règne français, le nombre de handballeuses a doublé, passant à 200 000. Au passage, les Bleues ont glané un Mondial (2003) et une médaille d'argent olympique (2016). 

Le handball est désormais le troisième sport collectif français, toujours loin derrière le football (2,1 millions de licenciés), talonnant le basket (640 000) et devançant le rugby (455 000).

L'essor du hand-business

Face à l'ogre football ou aux salaires des stars du Top 14 et des Français de NBA, les handballeurs sont plutôt épargnés par les critiques sur le bling-bling. Mais le vent est en train de tourner. Comme le rapporte Le Monde, le secteur représenterait désormais un marché de 160 millions d'euros. En plus du demi-million de licenciés, le handball bénéficie des très bonnes audiences télévisées de l'équipe de France lors des grandes compétitions : près de sept millions de personnes ont allumé leur télé pour regarder le quart de finale France-Suède, mardi 24 janvier, plus de neuf millions avaient suivi la finale France-Qatar en 2015.

La chaîne BeIN Sports n'a pas hésité à investir 80 millions d'euros pour obtenir les droits des Mondiaux 2015 et 2017, avec une petite polémique en prime, rapportée par Le Monde, sur le fait que les premiers matchs des Bleus n'étaient diffusés que sur une chaîne payante. Et les sponsors se bousculent pour ce sport devenu bankable avec ces Français (quasi) invincibles : Renault, la Caisse d'épargne ou encore la marque vestimentaire branchée Eden Park s'y sont engouffrés. 

De nouvelles stars

Si l'équipe de 2001 n'était pas exempte de grands noms (Jackson Richardson, les frères Gille...) les joueurs et le staff français sont entrés dans une autre dimension depuis. Les Thierry Omeyer, Daniel Narcisse et Luc Abalo ne sont peut-être pas aussi connus que les stars de l'équipe de France de foot, mais leur exposition médiatique n'a plus rien à voir avec celle des années 1990. Pour la première fois, en 2017, un album Panini a même été lancé à l'occasion du championnat du monde en France.

Des portraits de joueurs de l'équipe de France de handball sont projetés sur l'Arc de triomphe, à Paris, le 10 janvier 2017. (THOMAS SAMSON / AFP)

Et s'il est une star dans l'effectif tricolore, il s'agit bien de Nikola Karabatic, désigné deux fois meilleur joueur du monde (2007 et 2014) et détenteur du record du transfert le plus cher de l'histoire du handball (deux millions d'euros de Barcelone à Paris en 2015). Trois autres Bleus ont d'ailleurs bénéficié de la plus haute distinction individuelle, sorte de Ballon d'or du handball : Bertrand Gille (2002), Thierry Omeyer (2008) et Daniel Narcisse (2012). Une exposition qui s'accompagne de couacs et de polémiques. Avec, en point d'orgue, l'affaire des paris truqués qui a sérieusement écorné l'image du meilleur joueur de l'équipe de France.

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Des salles françaises toujours plus grandes

Il tenait depuis près de vingt ans. Le record mondial de spectateurs lors d'un match de handball est tombé en ce début d'année 2017. Le stade de Lille a comptabilisé 28 010 spectateurs lors du huitième de finale opposant la France à l'Islande. Ce nombre dépasse le précédent record, réalisé lors de la finale des championnats du monde en 1999 organisés en Egypte.

Les tribunes du stade Pierre-Mauroy, à Villeneuve-d'Ascq (Nord), lors de la victoire en quart de finale contre la Suède, mardi 24 janvier. (CITIZENSIDE/THIERRY THOREL / CITIZENSIDE)

Lors de l'édition 2001 organisée en France, près de 200 000 billets avaient été vendus. En 2017, la barre des 500 000 tickets a déjà été dépassée avant même la fin des demi-finales. Une affluence qui dépassera donc les prévisions de la fédération d'ici la fin de la compétition. Aujourd'hui, trois stades dépassent les 10 000 sièges (Villeneuve-d'Ascq, Bercy et Nantes, celui de Montpellier en compte 8 500). En 2001, seuls quelques-uns dépassaient les 5 000.

Des clubs à la conquête de l'Europe

Si la France règne sur le monde, le championnat français, lui, ne fait pas la loi. Derrière les meilleurs clubs allemands, comme le légendaire club de Kiel, ou le FC Barcelone, les clubs français font figure de néophytes. Seul Montpellier, leader français incontesté des années 2000, a réussi à remporter une (et une seule) Ligue des champions (2003). Très loin derrière les neuf couronnes européennes du Barça.

Mais les choses bougent. Comme au foot, le Paris-Saint-Germain bénéficie des crédits de la nouvelle direction qatarie et rêve de décrocher une Ligue des champions. Avec le Danois Mikkel Hansen et le Français Nikola Karabatic, le club de la capitale peut s'enorgueillir de compter deux des meilleurs joueurs du monde dans ses rangs. Après une défaite en quarts de finale en 2015, le PSG a échoué aux portes de la finale l'année dernière. S'offrant même le luxe de battre le club de Kiel lors de la "petite finale" pour la troisième place. Et il n'est pas seul. Les clubs de Nantes ou Montpellier font également bonne figure cette année sur la scène européenne. De là à détrôner le tout-puissant championnat allemand ? Réponse d'ici quelques années.

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