Et de quatre pour les Experts !
Claude Onesta avait fixé une ligne tactique aux Bleus: faire la course devant afin de faire douter et de saper la confiance de Danois moins expérimentés. Ils se sont appliqués à la respecter pratiquement durant toute la partie, et finalement cette tactique s'est révélée payante même si les Français ont vraiment beaucoup souffert pour s'en sortir. Mis à mal par des Danois solides et portés par un gardien en état de grâce, ils ont su faire preuve de patience et d'abnégation pour finalement l'emporter. L'expérience a encore une fois fait la différence
Les Danois s'accrochent
Les Français sont bien entrés dans le match en ouvrant la marque par Jérôme Fernandez dans un début de partie très tendu. Les Danois avaient du mal à secouer le solide mur défensif que les Bleus dressaient autour de Didier Dinart. Ils restaient malgré tout dans la course, en trouvant quelques solutions sur les ailes, mais surtout avec le bras puissant du grand Hansen qui multipliait les missiles depuis les 9 m. Les Français faisaient toujours la course en tête en alternant les changements d'ailes et les combinaisons dans le jeu placé, sans trop se mettre en difficulté. Les inusables Jérôme Fernandez en deuxième pivot, et Michael Guigou en deuxième main, et le plus que jamais surprenant jeune Xavier Barachet, armant un bras performant dans la ligne rouge, permettaient aux Français de tenir leur rôle de favoris. Le tout orchestré par Nikola Karabatic, buteur mais aussi et surtout passeur décisif en première période. Malgré tout, les Bleus laissaient quelques balles en route, et les Danois en profitaient pour revenir pour la première fois à leur hauteur (9-9, 19e) profitant d'une supériorité numérique. Il n'en fallait pas plus pour vexer Onesta et sa bande. Deux coups d'accélérateur plus tard, avec de rapides remontées de ballons, et des des enchaînements qui prenaient à défaute une portant solide défense danoise, les Français avaient remis les choses à leur place (13-9, 24e). La fin de première mi-temps devenait un peu plus engagée, avec des Danois très compact qui jouaient un peu plus vite et pouvaient compter sur leur gardien Landin, mais les Bleus conservaient leur mainmise sur la rencontre et atteignait la pause avec trois longueurs d'avance 15-12.
Landin le rempart
Eu retour des vestiaires, la partie prenait encore davantage de rythme, avec de part et d'autre de beaux gestes techniques et beaucoup d'impact. Même s'ils commettaient quelques erreurs de précipitation dans les montées de balles, les Français ne cherchaient pas à forcer le mouvement, comptant sur leur capacité physique, leur expérience dans la gestion, et en comptant surtout sur la qualité de leurs rotations. Ils adoptaient une défense 6-0 pour contrer les essais lointains de Hansen, et pour stopper l'euphorie qui pouvait rapidement prendre feu dans une Arena de Malmö bien garnie de Vikings. Pourtant même s'ils n'avaient que peu d'espace dans la défense bleue, les Danois restaient au contact en profitant de la moindre faille dans les blocs. Le score ne faiblissait pas mais l'écart en grandissait pas pour autant (22-19, 42e) à un moment où les Français traversaient leur habituelle période de déchets aux tirs, où ils échouaient à plusieurs reprises sur Landin. Jusqu'à ce que les Danois avec des pivots retrouvés et Hansen au bras de feu, reviennent dans leur sillage (24-23, 46e) puis à leur hauteur (24-24, 49e) Une période qui donnait matière à doute côté tricolore d'autant que Scandinaves commençaient à y croire. Le match devenait de plus en plus haché et de plus en plus tendu. Une montée d'adrénaline difficile à gérer. Les cadres reprenaient les choses en mains, avec Karabatic et Bertrand Gilles, et reprenaient une longueur d'avance. Mais dans cette fin de match et la particularité de l'environnement, où les choix d'un arbitrage jusqu'alors acceptable devenait un peu plus compliqué pour la France. A trois minutes du terme de la rencontre, tout était à refaire (29-29). Les Bleus n'entendaient pourtant pas laisser filer cette finale et accentuaient la pression dans une partie où les équipes se rendaient coup pour coup. Les Danois s'accrochaient et Omeyer subissait. Leur pilonnage avait finalement raison du maigre avantage tricolore et les Danois s'octroyaient le droit de disputer la prolongation de dix minutes (31-31).
Jeu set et match
La fatigue aidant, les Français connaissaient quelques difficultés à faire la différence, d'autant que Landin, extraordinaire dans ses cages, contrait toutes leurs offensives. Les Danois n'étaient guère plus frais mais portés par une salle surchauffée.Malgré touit sur une interception et -enfin- une superbe parade d'Omeyer, les Bleus reprenaient un léger avantage (34-33) au moment de tourner dans la prolongation. Les dernières cinq minutées étaient terribles. Dans une tension énorme les Français sortaient alors le grand jeu ! Omeyer sortaient ses deux parades du match, deux parades décisives, et le capaitaine Fernandez sonnait la charge..Les Bleus faisaient alors valoir leur leur métier, et leur incroyable force mentale pour finalement décrocher un titre mondial qui aura sans doute été pour eux l'un des plus difficiles à conquérir.
Réactions
Jérôme Fernandez (capitaine de l'équipe de France): "Encore un titre ! Mais acquis dans la difficulté, on a été tenu en échec par une grande, grande équipe du Danemark qui a fait un énorme tournoi. C'était la meilleure équipe derrière nous, ils l'ont prouvé aujourd'hui. On ne s'est pas décomposé, on a fait une belle prolongation et on est allé chercher ce titre. Bien sûr il y a eu une crainte quand on les voit revenir, passer un but devant, on s'est demandé ce qui se passait. On n'a pas lâché, on s'est mobilisé, c'est la force de cette équipe. C'est le collectif qui a gagné."
Michaël Guigou (ailier de l'équipe de France): "L'ambiance était beaucoup plus tendue par rapport à ce qu'on avait connu contre la Suède. On était vraiment à l'extérieur dans un chaudron. Les Danois se sont vraiment accrochés, ils étaient plus expérimentés que ce qu'on avait connu jusque-là. C'était dur. Dans le vestiaire à la fin du temps réglementaire, on ne faisait pas les fiers. On s'est dit on ne referait pas ce qu'on a connu en Allemagne (élimination en prolongation de la demi-finale du Mondial-2007 contre l'Allemagne), ça avait été tellement dur. On a super bien géré l'infériorité numérique."
Didier Dinart (défenseur de l'équipe de France): "On vient, on gagne et on s'en va. Bien sûr que c'est exceptionnel de gagner quatre titres de suite. Il va falloir se lever tôt pour espérer un jour revoir ça. Ca faisait plus de trente ans qu'une équipe n'avait plus défendu son titre. Et on gagne aussi des vacances en étant qualifiés pour les jeux Olympiques. On va savourer ce titre, dans un an il y a un beau petit rendez-vous en Serbie et pourquoi pas aller gagner un autre titre de champion d'Europe."
Xavier Barachet (arrière de l'équipe de France): "J'arrête pas de dire que c'est une immense joie. C'est ma plus belle car j'ai vraiment l'impression d'avoir apporté quelque chose à cette équipe. C'est indescriptible. J'ai hâte d'aller fêter ça. On a mené tout le long du match et ils nous égalisent à la dernière seconde. Franchement, toute l'équipe a ressenti un stress à ce moment là, il y a eu un petit moment de doute mais on s'est accrochés."
Ulrik Wibek (entraîneur de l'équipe du Danemark): "C'est dommage, nous étions si près. Nous avons eu beaucoup de malchance. Entre autres la blessure de Kasper Soendergaard après 30 secondes. Mais les garçons se sont bien battus et ils ont réalisé une prestation fantastique. Je veux bien me réjouir de la médaille d'argent, mais là c'est évidemment décevant, parce que nous étions si près"
Philippe Bana (directeur technique national du hand français): "On est un bande! Une vraie bande de mecs qui, quand elle a été agressée comme en demi-finale où les Suédois ont eu des mots terribles, part au carton. C'est pas simplement des joueurs pro posés les uns à côté des autres. C'est une vraie famille. Ces gens là font face à leur peur et quand ils sont dans ces moments ultimes, ils trouvent la force d'avancer. On est toujours en haut de la vague, en train de surfer en haut du truc."
Luc Abalo (ailier de l'équipe de France): "Après tout ce qu'on a gagné, faire ça, c'est impensable! On n'y croyait pas au début, on s'était mis beaucoup de pression. Je suis pas super bon en histoire du handball mais quatre titres de rang comme ça, ça n'a jamais été fait non? C'était dur, il y avait beaucoup de pression."
La France dans l'histoire
La France a rejoint la Roumanie et la Suède au nombre de titres mondiaux de handball masculin
LE PALMARES
4 titres: France (2011, 2009, 2001, 1995), Roumanie (1974, 1970, 1964, 1961), Suède (1999, 1990, 1958, 1954)
3 titres: Allemagne (2007, 1978, 1938)
2 titres: Russie (1997, 1993)
1 titre: Espagne (2005), Croatie (2003), Yougoslavie (1986), URSS (1982) Tchécoslovaquie (1967)
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