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Mondial de Hand: L'équipe "internationale" du Qatar

Avec seulement cinq joueurs originaires de l'émirat sur une sélection de 28, l'équipe nationale du Qatar met en exergue des pratiques de naturalisations démesurées.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Bertrand Roiné (Qatar) opposé à Luka Karabatic (France), en match de la Golden League à Bercy (en janvier 2014) (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

La récente sélection en équipe de France de rugby du Sud-africain Rory Kockott continue de faire débat, mais cet exemple est loin d'être esseulé dans le monde du sport. Jusqu'alors censées regrouper les meilleurs joueurs de chaque nation, les sélections nationales comme leur nom l'indique pourtant, font désormais appel à des joueurs étrangers. Absurde pour bon nombre d'observateurs, même à l'heure de la globalisation, cette "internationalisation" des sélections nationales ne cesse de se développer. Sans tomber dans les dérives nationalistes, il se pose aujourd'hui la question de l'intérêt même de ces sélections, qui pour certaines ressemblent plus à des équipes de clubs qu'à des étendards patriotiques.

Le sport français en profite

Les règlements plus ou moins souples des Fédérations internationales permettent de "recruter" des joueurs étrangers. Le badminton français a ainsi pu faire appel à la dernière minute à la Chinoise Hongyan Pi –naturalisée en 2004 juste avant les JO-, le taekwondo avec la Canadienne Marlène Harnois quelques mois avant son titre européen, le football avec par exemple David Trézeguet qui avait passé son enfance en Argentine, le rugby avec Rory Kockott, éligible au XV de France après trois années passées dans l'hexagone… Et les résultats ne sont pas négligeables, avec de nombreux titres et médailles au profit du sport français. 

Tout s'achète

Comme d'autres nations, le Qatar travaille sur la promotion de son image dans le monde entier, et utilise notamment le sport comme vecteur de son identité. Mais ses moyens considérables et sa volonté de faire partie rapidement des grandes nations du sport forcent un peu plus encore les traits de ce phénomène d'internationalisation des sélections. Alors que les règlements en football sont plus stricts, ou se durcissent comme en basket, ou même en athlétisme, la donne est encore différente en handball. L'Espagne ou encore l'Allemagne en ont d'ailleurs profité. Le Qatar, qui a créé la surprise en étant choisi pour l'organisation du Mondial qui débute ce jeudi, a lui aussi tout mis en œuvre pour se construire une équipe compétitive. Tout a été fait, notamment d'un point de vue financier, avec des salaires et des primes démesurés allant jusqu'à 200 000 euros en faveur des joueurs et du sélectionneur (l'Espagnol Valero Rivera), et c'est ce qui dérange le plus.

Roiné, l'ancien "Cost​aud" devenu Qatari

En trois ans, un très grand nombre de joueurs Européens ont été approchés par la Fédération qatarie afin d'endosser le maillot grenat. Selon le règlement, tout joueur peut changer de sélection après trois ans sans compétition internationale. C'est ainsi que le dernier Euro a été marqué par de nombreuses défections sans véritable explication. Et les faits sont là: sur les 28 joueurs sélectionnés, seulement cinq joueurs sont originaires de l'émirat. L'équipe du Qatar qui affronte ce soir le Brésil, dispose aujourd'hui de 23 joueurs d'origine étrangère naturalisés récemment. De Cuba à l'Egypte en passant par l'Espagne, la Bosnie, le Monténégro, ou la Tunisie, sept nationalités ont été intégrées à cette équipe, y compris la Française. Champion du monde en 2011 avec les "Costauds", Bertrand Roiné pourrait ainsi affronter ses compatriotes. Chantera-t-il la Marseillaise dans sa tête ?

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