Cet article date de plus de sept ans.

Les raisons de la suprématie du handball français

Depuis 16 ans, l’équipe de France a tout raflé ou presque. Sextuple championne du monde, triple championne d'Europe, double championne olympique. Une telle réussite est loin d’être due au hasard et le seul talent des joueurs ne suffit pas à expliquer une aussi longue hégémonie.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Les Experts célèbrent leur 6e titre mondial (FRANCK FIFE / AFP)

Quand Roger Federer remporte à 35 ans un 18e Grand Chelem à Melbourne, tout le monde convient que le talent du Suisse suffit presque à expliquer une telle performance. Quand Car Lewis remporte sa dernière médaille d’or olympique en saut en longueur, 12 ans après la première, là encore il s’agit de talent individuel. Si l’on peut expliquer le règne de tel ou tel athlète par ses seules qualités, la suprématie d’un collectif –renouvelé- sur plus de 15 ans est assez exceptionnelle.

« Un peu immortelle »

Il est vrai que Nikola Karabatic, Daniel Narcisse, Michaël Guigou, Luc Abalo ou Thierry Omeyer étaient déjà là en 2006, voire même en 2001 pour Omeyer et Narcisse, mais cela n’explique pas tout. En bon observateur, le Directeur technique national Philippe Bana a son avis sur cette longévité. « C’est une équipe qui se renouvelle, qui change d’entraîneur, de joueurs, et qui devient un peu immortelle », commente le DTN. « Il y a une espèce d’image, une marque comme les All Blacks en rugby, une marque Bleu Blanc Rouge qui né comme ça. » 

Thierry Omeyer

L’une des clés réside aussi dans la synergie qui s’opère continuellement entre l’ancienne et la nouvelle génération. Le turn-over imposé par Didier Dinart donne plus de chances aux jeunes de s’exprimer et a le mérite de remettre sans arrêt en question les cadres. Thierry Omeyer l’a vécu à ses dépens, au profit d’un Vincent Gérard plus en réussite en demi-finale, puis en finale. Mais contrairement à ce qui se passe régulièrement dans le football, il n’y a pas eu le moindre signe de rancœur de la part d’Omeyer. Signe que les remplaçants ont un rôle prédominant, avant la finale les trois meilleurs buteurs étaient des remplaçants : Remili, Mahé et Fabregas.

« En 2016, on a su que l’on pouvait perdre »

Philippe Bana qui a tout vécu avec l’équipe de France depuis le tout premier titre en 1995 aux côtés de Daniel Costantini, estime que les échecs de 2016 (défaite en finale des JO et élimination en phase de groupes à l’Euro) ont consolidé ce groupe tricolore. « On a été très mal dans cette finale contre la Norvège. A Rio ou au Championnat d’Europe l’an dernier on se serait crispé, on aurait lâché, sans trouver les solutions. Là on a trouvé les rotations, on n’a jamais baissé la tête. 

Bana attribue aussi cette mentalité à toute épreuve à la personnalité de ses cadres, notamment de Nikola Karabatic. « Lors des deux derniers matchs quand on était en difficulté, Nikola a répété « pourquoi on baisse la tête ? Relevez la tête ! On va y arriver, on va s’accrocher ! ». On a su lors de cette année 2016 que l’on pouvait perdre, et cela nous a fait beaucoup de bien.

Une défense de fer

Si mentalement les Experts sont redoutables, les bases sont aussi extrêmement solides sur le plan tactique, avec une défense, chère à Dinart, bonifiée par des joueurs vedettes comme Karabatic, Cédric Sorhaindo, Adrien Dipanda ou Ludovic Fabregas. Avec une moyenne de 24 buts encaissés par rencontre, la défense tricolore a une nouvelle fois démontré qu’elle restait une référence, et que dire de Vincent Gérard, avec un pourcentage d’arrêts à 40 %.

Mais le plus remarquable, c’est peut-être la qualité de la formation. Si cette année, Remili (21 ans) et Fabregas (20 ans) se sont révélés, l’équipe de France découvre presque à chaque compétition d’autres espoirs. Fabregas ainsi que Dika Mem (19 ans) ont d’ailleurs été sacrés champions du monde et d'Europe dans les catégories de jeunes, ce qui signifie que d’autres talents devraient éclore d’ici peu, à l’instar du gardien Julien Meyer (20 ans), de l'ailier droit Benoit Kounkoud (déjà international à 19 ans) ou encore le demi-centre Melvyn Richardson (19 ans), fils du légendaire Jackson. Le règne tricolore pourrait donc durer encore un peu…

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.