Euro de hand : la victoire d'un groupe exceptionnellement fourni en talents, véritable luxe pour Guillaume Gille
"Ils ont tellement de talents dans leur équipe. Peu importe s’ils font des changements, c’est un joueur incroyablement fort qui rentre", constatait Emil Nielsen, le gardien danois, la mine déconfite, après la finale de l’Euro perdue face aux Bleus (33-31 après prolongation), dimanche 28 janvier. L’équipe de France, sacrée championne d’Europe pour la quatrième fois de son histoire, a pu compter sur un groupe très dense pour aller décrocher ce titre après lequel elle courait depuis dix ans.
Aymeric Minne, Thibaud Briet, Mathieu Grébille… Autant de joueurs qui faisaient partie du groupe élargi pour la préparation de l’Euro avant d’en être écartés, et des talents sur lesquels de nombreuses sélections aimeraient compter. "On a une grande pensée pour eux, qui ont commencé l’aventure avec nous et qui ne l’ont malheureusement pas finie. C’est dire si ce groupe est exceptionnel. Quelque part, c’est aussi leur victoire", soulignait Nedim Remili dimanche soir. Pour composer son groupe, le sélectionneur, Guillaume Gille, a dû faire face à des casse-têtes, qui se sont répétés au moment de décider qui des 19 retenus prendraient place en tribune, 16 places étant seulement disponibles sur la feuille de match.
"Il y a une sorte de couperet qui tombe avec une sélection qui est à donner, pour savoir comment on se prépare pour le prochain match. Donc c'est effectivement lourd pour les garçons et difficile pour le staff quand on voit le niveau des mecs. C'est très dense, c'est très équilibré, mais ça fait quand même partie du jeu", déclarait Guillaume Gille, en cours de compétition. Parmi les retenus, Timothey N’Guessan, titulaire à Barcelone, Benoît Kounkoud, Nicolas Tournat et Dylan Nahi, titulaires à Kielce, ou encore Charles Bolzinger, gardien de Montpellier, ont eu moins de temps de jeu.
"Tout le monde ici joue dans des gros clubs, a du temps de jeu, des statuts, des responsabilités, soulignait Benoît Kounkoud avant le match contre l’Autriche. On a tous envie de jouer, mais je pense que pour gagner ce genre de compétition, il faut penser au groupe et chacun a son rôle à jouer, même si c’est un peu plus en retrait que celui qu’on a l’habitude de connaître en club". Dans cette configuration, des égos plus ou moins importants pourraient s’exprimer, mais "on s’entend tous très bien et il n’y a pas de problème d’égo", assure Nedim Remili.
Nicolas Tournat, doublure d’un formidable Ludovic Fabregas, a fait les frais des très bonnes performances des titulaires. "Mais ils font un boulot incroyable. J’ai envie de jouer, mais je le vois aussi. Je ne suis pas bête, ni aveugle, et je vois le travail qu’ils fournissent, donc je le comprends. Il ne faut pas non plus être égoïste, ils rendent un service incroyable à l’équipe", concédait-il en cours de compétition.
Plus frais en fin de compétition
Cette abondance de talents, l’équipe de France en a profité pour organiser des rotations, sans perdre trop de qualités sur le terrain, afin de garder ses cadres frais jusqu’à la fin de la compétition. "On s’appuyait sur beaucoup d’athlètes, avec neuf matchs en 18 jours. C’est un luxe de pouvoir répartir les temps de jeu, de pouvoir faire en sorte que certaines pièces maîtresses traversent la compétition en gardant un peu d’énergie, affirme Guillaume Gille. Et même si c’est très fugace et que le rapport de force était très équilibré contre les Danois, j’ai trouvé l’équipe un peu plus dynamique et fraîche dans les moments décisifs". Pourtant, il a peu fait évoluer son sept de départ.
Les Bleus ont notamment eu besoin de jus en demi-finale et en finale, où ils se sont offert à chaque fois dix minutes de jeu supplémentaire pour l’emporter. "On le voit: on a été très forts en prolongation, souligne Luka Karabatic. Quand tu veux jouer à une telle intensité tout au long du tournoi, c’est bien d’avoir pu faire tourner à certains moments, ça nous a beaucoup servis".
Les joueurs moins utilisés ont aussi eu intérêt à se montrer quand l'occasion de jouer leur était accordée, puisque la concurrence sera encore plus rude pour la liste des participants aux Jeux olympiques. Guillaume Gille ne pourra, cette fois-ci, retenir que 14 joueurs, plus un remplaçant. Et si "tout le monde est en bonne santé dans six mois", comme l’espérait Nedim Remili dimanche soir, les nœuds au cerveau ne sont pas près de se dénouer pour le sélectionneur.
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