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Open de France : un tournoi à l'image du golf français

L’Open de France de golf s’est achevé ce dimanche sur le parcours du Golf National de Saint-Quentin-en-Yvelines. Théâtre de la Ryder Cup il y a un an, et prochain lieu de rendez-vous des meilleurs golfeurs pour les Jeux Olympiques de Paris en 2024, l'Albatros n’a pas connu l’effervescence des grands rendez-vous pour la 103e édition du plus vieil open continental. A qui la faute ?
Article rédigé par Adrien Paquier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
 

Loin des "Europe, Europe" entonnés en cœur lors de la Ryder Cup pour fêter la victoire du Vieux Continent, le Golf National de Saint-Quentin-en-Yvelines a vécu un week-end sous le vent et la pluie, et dans le quasi anonymat pour l’organisation du 103e Open de France. En l’espace d’un an, le plus vieil open continental a perdu sa réputation à cause du départ prématuré de son sponsor titre. Conséquences : une rétrogradation au calendrier qui en fait un tournoi lambda, un prize money en chute libre et l’absence des plus grands joueurs du circuit européen.

Mauvaise gestion du Tour Européen ?

Après deux ans de succès, l’Open de France a vécu une véritable chute libre ! Nouveau promoteur du tournoi depuis 2017, le Tour Européen a permis l’arrivée comme sponsor du conglomérat chinois HNA, permettant d’obtenir le label Rolex Series, l’équivalent d’un Masters 1000 au tennis. Mais l’an dernier, à cause de problèmes financiers, le sponsor s’est retiré après deux éditions, déclassant ainsi l’Open de France dans la hiérarchie des tournois majeurs en Europe. La dotation de 7 millions d’euros est passée cette année à 1.5 millions, soit l’une des 10 plus faibles du circuit européen. Son organisation, en plein mois d’octobre dans des conditions indignes des meilleurs tournois, l’a placé entre deux circuits de plus gros calibre : un Rolex Series à 7 millions d’euros de dotation et un WGC, manche de coupe du monde, à 9.2 millions d’euros. Résultat : aucun joueur du Top 50 mondial n’était présent dans les Yvelines alors qu’en 2018 trois joueurs du top 10 rayonnaient en plein mois de juin, donnant un avant-goût de Ryder Cup.

"Si on s’est retrouvé à cette date c’est une décision du Tour Européen et si malheureusement le sponsor HNA est parti c’est aussi leur problème.Pascal Grizot, responsable de la Ryder Cup 2018, qui avait estimé s’être "fait avoir" dans un entretien accordé à l’Equipe, ne mâche pas ses mots. "Les spectateurs et les golfeurs français en subissent les conséquences mais on ne peut pas dire que ce soit de la faute du golf français. La Fédé a démontré que l’on était capable en 2018 de délivrer une très grande Ryder Cup et quand on a les meilleurs joueurs du monde qui sont présents, on n’a pas de difficulté pour avoir des spectateurs et des sponsors." conclut-il.

Responsable de l'organisation du tournoi français jusqu'en 2022, l'European Tour ne compte cependant pas lâcher la main. "Pour moi le contrat ne s’arrête pas à 2022. Et nous sommes à la recherche de partenaires qui ne viennent pas forcément de France.", a fait savoir au Figaro le patron du Tour Keith Pelley. Si la FFGolf travaille en collaboration avec l'institution européenne, il faudra batailler pour tenter d'influencer le calendrier et redonner une place convenable au tournoi. "On peut jouer l’Open de France en octobre, pas l’Open de Suède. En tout cas en 2021 et 2022, le tournoi devrait avoir une autre date. A l’heure actuelle, il n’y a que 10 tournois qui ont déjà leur date pour 2021 et 2022.", a annoncé Pelley. 

L’échec du golf français ?

Si Pascal Grizot estime que "le golf français n’a pas loupé un virage", l’Open de France n’aura pas réussi à surfer sur la vague de la Ryder Cup et l’élan des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Avec 420 000 licenciés en France, le golf a l’image d’un sport élitiste et coûteux dans l’hexagone mais souffre aussi du niveau de ses golfeurs tricolores sur le circuit mondial. "Il faut la présence des meilleurs pour assurer le succès d’un open national. L’idée c’est que le meilleur joueur français devienne un joueur majeur. Vous avez besoin d’une figure de proue locale pour galvaniser votre Open national.", expliquait Keith Pelley toujours au Figaro. Premier Français au classement mondial, Victor Perez est 70e. 

Malgré la présence de 19 Bleus pour cette édition 2019, seulement deux ont terminé dans le Top 20 à l’issue de cette édition 2019 remportée par le Belge Nicolas Colsaerts. Si les résultats des golfeurs tricolores peinent à faire parler de leur discipline, le plus grand tournoi de golf français, en manque de popularité, ne s’adresse pas aux non-initiés : "Un open de France c’est vraiment réservé au fan de golf", nous explique Pascal Grizot. "Je dirais même que ce sont les ultras fans qui suivent un Open de France. Je ne pense pas qu’il a vocation à pouvoir attirer des non-golfeurs." Peut-être là est la réponse aux problématiques pour trouver un sponsor capable d’alimenter le tournoi ? En juin 2018, avant le début de la Ryder Cup, un sondage Ifop montrait que 63% des Français avaient une bonne image du golf et qu’ils étaient 61% à penser que ce sport est trop méconnu.

Organisé au Golf National pour la 18e année de suite, l’Open de France pourrait être délocalisé la saison prochaine. Une décision qui s’avérerait étrange tant le parcours fait l’unanimité parmi les joueurs professionnels. Le green des Yvelines, dont "la réputation n’est plus à faire" selon Mr Grizot, accueillera les épreuves de golf lors des JO 2024. Un argument de poids pour faire venir les meilleurs joueurs du monde qui visent à conquérir l’or olympique. 

"Si un parcours de qualité  est prêt à l’accueillir ça peut être une très bonne chose pour le golf français." 

"Le Golf National est un parcours parfait pour accueillir de grands événements, mais d’un autre côté un tournoi à 1.5 millions d’euros a sa légitimité pour être reçu dans les régions, justifie le vice-président de la FFG. Si un parcours de qualité  est prêt à l’accueillir ça peut être une très bonne chose pour le golf français. Tout n’est pas forcé de se passer à Paris." Sans aucun équivalent en France, le parcours de l'Albatros pourrait donc voir partir le tournoi vers le celui de Terre Blanche dans le sud du pays. "Aujourd’hui c’est une possibilité qu’il soit délocalisé comme ce fut le cas à Lyon ou à Chantilly mais pour le moment rien n’est fait" relativise Pascal Grizot. Seule certitude, le golf français et sa principale vitrine qu’est l’Open de France sont en grand chantier.

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