Enmoins de six mois, Victor Dubuisson, passé professionnel il y a un peu plus de trois ans, s'estinvité dans le top 50 mondial grâce à son succès devant le numéro un, TigerWoods, en Turquie l'automne dernier. Performance confirmée une semaine plus tardavec une troisième place à Dubaï.Autrecoup d'éclat, en Arizona en février dernier, lors du championnat du monde de Match play, oùil s'est hissé en finale, battu par l'Australien Jason Day au 23e trou enplay-offs. Le Français a pourtant multiplié les "coups de maître", comme lasortie d'une balle coincée contre un cactus et envoyée à quelques centimètres dudrapeau.C'esttechniquement un joueur à part, explique Christophe Muniésa, le directeurtechnique national de la Fédération française de golf. "Cest un joueurextrêmement créatif dans tous les compartiments du jeu. Cela veut dire qu'ilsait inventer des coups, visualiser des trajectoires là où d'autres seraienttentés de jouer un coup stéréotypé. Il sait quand il faut attaquer et quand ilfaut jouer plutôt pédale douce pour se recentrer et retrouverconfiance ".Desqualités qui peuvent permettre à Victor Dubuisson, désormais 21e joueur duclassement mondial, de briller dans les "Majeurs".Legolf comme une évidenceNéà Cannes il y a 23 ans, Victor Dubuisson, "Dubush" pour les intimes, adécouvert le golf à 6 ans avec son grand-père dans la région cannoise. Filsd'artisan, neveu de l'international de basket Hervé Dubuisson, Victor a choiside quitter l'école à 12 ans, pour se consacrer à 100 % à sapassion."Assezrapidement, j'ai vu qu'il avait une frappe de balle, une adresse hors du commun "explique Stéphane Damiano, son premier entraîneur de 8 à 13 ans, aujourd'huidirecteur de la Prime golf academy au Royal Mougins Golf Club près de Cannes."Dans les deux premières années, je me suis dit, ce gamin, si on l'aide il peutaller tout en haut. J'ai toujours eu cette certitude en moi que je lui aicommuniquée et très tôt je lui ai dit, tu battras TigerWoods ".VictorDubuisson s'est illustré dans toutes les classes d'âge : il a été notammentnuméro un mondial amateur en 2009 avant de passer pro en 2010. Ses résultatsactuels sont une suite logique.Desrelations compliquées avec les médiasDifficilede décrocher un entretien avec ce jeune champion si l'on ne se trouve pas surune compétition à laquelle il participe. Résident andorran, passionné devoitures de sports et de pêche en mer, il a tendance à refuser les interviews,reprochant aux journalistes un mauvais traitement, des questionshors-sujet.Ilne faut pourtant pas le juger trop sévèrement estime Tom Calvet, qui a débuté legolf avec lui à la golf academy de Stéphane Damiano : "C'estplutôt quelqu'un de timide et d'introverti, qui préfère s'exprimer sur unterrain de golf que face aux médias parce qu'il sait que c'est là qu'il est bon.C'est vrai que l'on peut penser certaines choses de lui parce qu'il n'a pasenvie d'aller devant les caméras. C'est tout simplement sa personnalité et ilfaut le respecter comme il est. C'est un solitaire, mais il aime traîner avecses amis quand il rentre d'un tournoi. C'est un jeune comme lesautres ".Entredeux épreuves, Victor Dubuisson revient sur la Côte d'Azur, il joue à la "GrandeBastide" où il a débuté. Il passe régulièrement au golf de Cannes-Mandelieu, leOld Course, dont il est l'ambassadeur à titre gratuit. Un de ses sacs estd'ailleurs exposé à l'entrée du club.Liberté et simplicitéPourJean-Stéphane Camerini, le directeur du golf de Cannes-Mandelieu, "Dubush estinsaisissable, il est capable des plus grands coups d'éclat. il est capable dedisparaître quand on l'attend. C'est un artiste. Personne ne peut lui dicter seschoix. Il a son instinct pour seul guide. "iln'est pas rare de croiser Victor Dubuisson à l'entrainement au golf de Saint -Donat près de Grasse, en toute simplicité. Il n'hésite pas à jouer contre lesenfants du club, de jeunes golfeurs tous admiratifs, à l'image de Pierre Karst : "C'est l'icône du golf français maintenant. Il est grand, costaud, en tournoi ilenvoie la balle très très loin, c'est un exemple ".AvecVictor Dubuisson, la fédération française de golf s'est trouvée un nouvelambassadeur qui pourrait dépasser Thomas Levet ou Jean Vandevelde, qui ont frôléla victoire en Grand Chelem. Lui pourrait être le premier Français à remporter un tournoi majeur. Dommage toutefois qu'à deux ans du retour de la discipline aux Jeuxolympiques, le jeune champion ne communique pas un peu plus sa passion au grandpublic.