Vidéo "Des cris dans le stade, enquête sur le racisme dans le football", un documentaire qui analyse les ravages de la xénophobie dans les tribunes

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Durée de la vidéo : 3 min
Un documentaire retrace l'avènement et les ravages du racisme dans le football.
Les stades français gangrénés par des supporters d'extrême droite Un documentaire retrace l'avènement et les ravages du racisme dans le football. (Mediawan - Troisième Oeil)
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions
Le documentaire du journaliste Mohamed Bouhafsi est diffusé mardi soir sur France 5.

Le football est le sport le plus populaire du monde et également celui dans lequel les faits de racisme sont les plus médiatisés. Si la Ligue de football professionnel (LFP), associée à la Licra, tente depuis cette année de lutter contre ce fléau, de nombreux dirigeants de clubs européens restent enfermés dans une forme d'impuissance face à un problème qui dure depuis des décennies.

Le documentaire Des cris dans le stade, enquête sur le racisme dans le football, réalisé par le journaliste Mohamed Bouhafsi et diffusé mardi 11 juin sur France 5 (21h05), analyse les ravages de cette xénophobie dans le football professionnel et amateur. Riche d'archives et de nombreux témoignages de footballeurs et de présidents de clubs, il retrace la genèse de ces discriminations et dresse également un constat alarmant.

L'impuissance des dirigeants de clubs

Chants et slogans racistes, insultes et jets de bananes se sont multipliés depuis de longues années dans les stades de football européens et prennent pour cible plus spécifiquement les joueurs noirs ou d'origine maghrébine. Un racisme qui prend véritablement corps dans les années 1980, en Angleterre et en Italie, dans des contextes de crises économiques et sociales majeures. Les groupes d'extrême droite fleurissent et leurs militants font alors de ces enceintes sportives le réceptacle de leurs idées les plus nationalistes et le lieu d'expression de leur xénophobie.

Ce phénomène touche notamment les tribunes des stades français. Si au début des années 1990, le club du Paris-Saint-Germain voit émerger des hooligans extrémistes et cristallise ce racisme, l'épidémie de cette violence s'invite, au fil des années, également sur les terrains d'autres équipes de Ligue 1.

"Certaines tribunes en France sont moins connues et, pourtant, ce sont des symboles aussi de l'extrémisme de droite. C'est le cas notamment à Lille, et depuis longtemps."

Sébastien Louis, historien et spécialiste du supportérisme

Dans le documentaire "Des cris dans le stade, enquête sur le racisme dans le football"

Le club lillois (Losc) concentre plusieurs groupes d'ultras : les Gremlins, les Dogues Virage Est, le Losc Army. Ces associations rassemblent des supporters qui se revendiquent d'extrême droite et arborent fièrement des signes ostentatoires nazis, même si la loi l'interdit. Présents dans les stades à chaque rencontre de championnat, ils affichent leurs convictions au travers de croix celtiques, croix gammées, rhétorique raciste et tatouages. "Je suis président du Losc depuis trois ans et je n'ai jamais vu de supporters avec des connotations et des caractéristiques racistes", soutient toutefois dans le documentaire Olivier Létang, président du club lillois. 

Lorsque Mohamed Bouhafsi lui montre la photo d'un supporter lillois qui affiche clairement, sur son torse, des tatouages nazis ou des têtes de mort appelés "Totenkopf", le dirigeant affirme ne pas le connaître. "On a des groupes de supporters identifiés, pas ceux-là. Moi, je ne les connais pas", assure le dirigeant de club.

Impossible pourtant qu'Olivier Létang ne le connaisse pas, estime le journaliste de Streetpress Christophe-Cécil Garnier, qui travaille depuis longtemps sur cet épineux sujet. Il explique que cet homme, bien en vue dans le stade lillois, qui impose publiquement l'affichage de ses convictions, appartient forcément à un groupe d'ultras d'extrême droite parfaitement identifié. "Cette personne-là, si jamais elle était inconnue vraiment des leaders ultras (...) ne peut pas se retrouver ici sans connaître personne. Dans un parcage, c'est difficilement possible", explique-t-il.

Le foot, une caisse de résonance

Si le dirigeant du Losc reconnaît que certains hooligans sont effectivement identifiés, il confesse son impuissance quant à la façon de les gérer. "La question est : quels sont les outils pour pouvoir sortir ces personnes du stade ? Aujourd'hui, on ne les a pas, convient Olivier Létang. Est-ce que ce sont des personnes qui sont totalement à l'opposé de nos valeurs ? Oui ! Est-ce que ce sont des personnes que nous ne souhaitons pas voir dans un stade ? Effectivement, oui." Un aveu d'impuissance qui confirme à quel point il semble complexe pour les instances du football (ligues professionnelles comme fédérations) de vraiment prendre ce problème à bras-le-corps.

Si le "plan Leproux" avait tenter de juguler la violence entre supporters du PSG après la mort de Yann Lorence lors d'une rixe en 2010, la problématique du racisme n'a jamais été réellement combattue avec des mesures adéquates. Elle gangrène pourtant de plus en plus une majorité des stades de football, notamment français, et a abouti à une commission d'enquête à l'Assemblée nationale qui a remis un rapport en janvier 2024 pour lutter contre les dicriminations et ces violences. Face à l'inertie des dirigeants, des joueurs prennent les rênes de la révolte et n'hésitent plus à afficher leur solidarité pour lutter contre ce racisme endémique

Le documentaire Des cris dans le stade, enquête sur le racisme dans le football, réalisé par le journaliste Mohamed Bouhafsi, est diffusé mardi 11 juin à 21h05 sur France 5 et sur la plateforme france.tv.

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