Thomas Tuchel en Angleterre : passer d'entraîneur à sélectionneur, "un job différent" selon Gernot Rohr
Sa nouvelle casquette, siglée du logo de l'Angleterre, est prête : Thomas Tuchel va endosser le costume le plus prestigieux de sa carrière. Après Mayence, Dortmund, le PSG, Chelsea et dernièrement le Bayern Munich, l'homme de 51 ans a été nommé officiellement sélectionneur de l'Angleterre. Il succède à Gareth Southgate, qui était en poste depuis huit ans avec un succès certain.
Un changement de casquette majeure pour Tuchel, qui va connaître sa toute première expérience en tant que sélectionneur national. "C'est un job différent", avance Gernot Rohr à franceinfo. L'entraîneur allemand de 71 ans en connaît un rayon, puisqu'après avoir entraîné des clubs pendant 19 ans - Bordeaux, Nice, Ajaccio, Nantes, Metz -, il a basculé vers les sélections. "En 2009-2010, j'étais passé du FC Nantes au Gabon. J'avais déjà deux décennies d'expérience. C'était une suite logique dans ma carrière, car il y avait plus d'analyse, d'étude et d'observation, se souvient-t-il. Et mon expérience en club a été très utile dans mon travail de sélectionneur. Avec le Gabon, j'ai atteint les quarts de finale de la CAN."
Une pression "plus forte" en sélection
La plus grande différence, c'est bien évidemment le rythme. "Le club vous prend 24h sur 24, sept jours sur sept. Alors qu'une sélection, entre les trêves internationales, on peut souffler un peu, récupérer, on est moins dans l'actualité", détaille l'actuel sélectionneur du Bénin. "En revanche, quand vous êtes en sélection, c'est très intense, il y a tout un pays qui attend des résultats, et pas seulement une ville ou un club. La pression est plus importante, mais elle n'est pas là en permanence."
L'approche du métier est aussi différente. "On n'a les joueurs qu'une fois par mois, c'est un rassemblement avec deux matches dans un laps de temps assez court. C'est complètement différent au niveau de la préparation, explique l'ex-entraîneur de Bordeaux. C'est surtout un travail d'observation, de sélection, d'évaluation des joueurs. Il faut aussi avoir la capacité de communiquer beaucoup. On ne peut pas voir les joueurs tout le temps en vrai. Il faut beaucoup se déplacer, c'est un autre job".
Les métiers d'entraîneur et de sélectionneur sont deux fonctions complémentaires. "Il est indispensable pour un sélectionneur d'avoir l'expérience du club, évidemment. C'est là qu'on apprend le métier, qu'on voit comment les joueurs travaillent, on comprend les obligations des joueurs vis-à-vis des clubs avec qui ils sont sous contrat."
"On dit souvent qu'un sélectionneur, il lui faut un an pour avoir la chance d'imprimer sa philosophie, l'organisation tactique, la discipline et la rigueur nécessaire. En club, ça va beaucoup plus vite car vous avez les joueurs tous les jours, toute l'année."
Gernot Rohr, sélectionneur du BéninA FranceInfo
"En six semaines, on peut avoir le même impact qu'en un an avec une sélection. Il faut aller beaucoup plus vite dans une équipe nationale : chaque rassemblement est important, et malgré ça, ce sont les matches qui vous donnent la confiance et la connaissance des méthodes de l'entraîneur", explique Gernot Rohr.
Si Thomas Tuchel a écumé les plus grands clubs européens et remporté la Ligue des champions avec Chelsea en 2021, l'Allemand de 51 ans va reprendre une des sélections les plus médiatiques du Vieux Continent, qui essaye de dépoussiérer désespérément une armoire à trophées qui n'a plus accueilli de nouvelle coupe depuis 1966.
"C'est un beau challenge pour lui, il est capable d'apporter toute son expérience dans son nouveau job", estime Gernot Rohr. Et peut-être prendre goût à ce nouveau rôle. Rohr a connu cinq équipes nationales différentes au cours de sa carrière. "Depuis que j'ai pris les commandes d'une sélection, je n'ai plus jamais voulu retourner en club", conlut-il.
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