Serie A : des airs de fin de règne pour la Juventus Turin
Depuis 2012, elle était indétrônable. Détentrice du nombre de titres de champion d'Italie avec ses 36 sacres, la Juventus Turin pouvait obtenir sa dixième couronne consécutive et inscrire un peu plus son nom dans l'histoire du football transalpin. Mais cette saison, les hommes du Piémont, en déplacement sur le terrain de la Fiorentina ce dimanche 25 avril, sont sur le point de céder leur bien à l'Inter Milan.
Troisième de Serie A, à 11 points du leader interiste, la Vieille Dame enchaîne les faux pas : déjà cinq défaites et huit matches nuls cette saison. En tête du classement, l'Inter ne comptabilise que deux défaites cette saison. Au moment d'évoquer la situation, Guglielmi Amor, président du club des supporters de la Juventus, a donc forcément un pincement au coeur.
"Ce n’est pas une petite équipe qui va gagner le championnat, c’est l’Inter Milan. Mais c’est bien aussi qu’ils passent un peu le relais, ça fait remonter le niveau du football. Il ne faut pas que ce soit toujours les mêmes qui gagnent. Alors c’est vrai, cette année, on a eu plusieurs décisions de l’arbitrage vidéo qui ne nous ont pas été favorables. Mais on ne peut pas se reposer là dessus", admet ce supporter des Bianconeri.
Une saison fébrile qui s'est aussi déclinée en Ligue des champions. Éliminée dès les huitièmes de finale, pour la deuxième année consécutive, la Juventus n'a pas réussi à sortir le FC Porto. Les Bianconeri avaient pris l'habitude de côtoyer le top 8 de la prestigieuse compétition européenne, atteignant même la finale en 2015 et 2017. Tout cela semble n'être désormais qu'un lointain souvenir.
Déjà vainqueurs de la Supercoupe d'Italie en janvier, les hommes d'Andrea Pirlo pourront tout de même accrocher un deuxième titre, en finale de la Coupe d'Italie. Face à l'Atalanta Bergame le 19 mai prochain, les Turinois auront l'occasion de redorer le bilan d'une saison décevante.
Une valse d'entraîneurs et un manque d'expérience
La Juve, c’était la stabilité incarnée. D'Antonio Conte entre 2011 et 2014 à Massimiliano Allegri jusqu'en 2019, seuls deux entraîneurs avaient pris place sur le banc en près d'une décennie. Après un passage express de Maurizio Sarri (2019-2020), la Vieille Dame comptait beaucoup sur son ancien milieu de terrain, Andrea Pirlo.
Son arrivée était déjà rocambolesque. Le 8 août, Pirlo est nommé sur le banc... une semaine seulement après avoir été embauché comme entraîneur de l'équipe des moins de 23 ans. Le néo-coach doit enfiler le costume de pompier de service pour pallier le licenciement de Maurizio Sarri.
La décision a laissé les supporters sceptiques, à l'image de Guglielmi Amor. "Les résultats ne sont pas bons. Mais c’est pas l’équipe, c’est surtout l’entraîneur. Je ne comprends pour pourquoi ils ont mis Andrea Pirlo. C’était un très bon joueur, mais le mettre entraîneur en Serie A, ce n’est pas possible, c’est un jeune entraîneur. C’était la Juventus 3 qu’il aurait dû entraîner. Ils devaient n'avoir personne d’autre pour remplacer Maurizio Sarri."
Le baptême du feu n'aura pas le rayonnement escompté et coïncidera sans doute avec la fin d'un règne en Serie A. Avec le projet avorté de Super Ligue, autre choix hasardeux du président Andrea Agnelli, c'est toute l'image du club qui s'en trouve ternie.
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L'image d'Andrea Agnelli écornée
Comme si la saison ratée de la Juve ne suffisait pas, le fiasco de la Super Ligue est lui aussi, venu s'abattre encore un peu plus sur la Vecchia Signora. En faisant la promotion de cette nouvelle compétition, Andrea Agnelli, président de la Juventus, s'est attiré les foudres des autres clubs de Serie A, notamment, celles de son homologue du Torino, Urbano Cairo : "Comment pouvez-vous venir ici pour parler de solidarité alors que vous avez saboté la négociation avec les fonds, sachant déjà que vous faisiez la Super Ligue ? Comment pouvez-vous négocier l'opération de financement alors que vous travaillez déjà à la Super League ? Comment est-ce possible ? C’est un triste, un judas."
Fondateur et moteur de cette nouvelle funeste ligue, Agnelli se retrouve désormais dans la tourmente au plus mauvais moment au point que sa présence à la tête du club fait débat. Un terrible désaveu pour le fils de Giovanni Agnelli qui fût en son temps et en coulisses le plus grand dirigeant de la Vieille Dame.
CR7, l'échec de la conquête de la Ligue des Champions
En signant à la Juventus, Cristiano Ronaldo avait pour objectif de remporter la plus prestigieuse des compétitions européennes avec un troisième club différent. Quatre fois vainqueur avec le Real Madrid et une fois avec Manchester United, le Portugais venait dans le Piémont pour garnir son palmarès et accessoirement son compte en banque via des dispositions fiscales très avantageuses pour les joueurs étrangers arrivant en Italie.
Si les Bianconeri ont déjà remporté la Ligue des champions à deux reprises, leur dernier sacre remonte à 1996. Une éternité pour un club de ce standing. Les occasions n'ont pas manqué avec sept finales perdues dont une en 2017 face au Real Madrid de... CR7. D'où certainement l'idée d'enrôler son bourreau (Ronaldo avait inscrit un doublé) pour soulever la coupe. Mais depuis son arrivée dans le club turinois, la Juve n'a jamais dépassé les quarts de finale en C1.
Encore quart de finaliste (sorti par l'Ajax) en 2019 pour la première saison de l'ancien madrilène à Turin, la Juve a ensuite été éliminée successivement en huitièmes de finale par Lyon (2020) puis par le FC Porto (2021). L’état de forme du Portugais n'est pas en cause puisqu'à 36 ans, il enchaîne toujours les performances individuelles. Meilleur buteur de Serie A avec 25 buts en 28 matches, il a inscrit 4 buts en 6 rencontres de Ligue des champions cette saison. Mais malgré ses statistiques, Ronaldo court toujours après un nouveau titre européen avec la Juve. Cela fait 25 ans que le club l'attend.
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