Nesta, "Il campione" tire sa révérence
Curieusement, la nouvelle n'a pas fait grand bruit. "Sandro" Nesta part quasiment dans l'anonymat le plus complet. Mais ça lui va bien : les confettis et les paillettes, il ne les a jamais recherchés. Quand on y réfléchit bien, on se dit même que son choix abracadabrant de rallier le Canada et le modeste club de l'Impact Montreal, n'a pas été pris à la légère. Sans doute, le Laziale de coeur voulait finir en douceur, loin de l'Europe qui l'a vu grandir, loin de l'Italie qui l'a tant chéri.
L'annonce de la retraite de Nesta marque incontestablement la fin d'une époque. Le temps de la Grande Laziale et de l'imbattable Milan AC du milieu des années 2000. Et puis, elle entérine une "race" de défenseurs qui brillaient par leur élégance - physique et sportive, comme Zanetti, ou Maldini. Toutefois, si sa carrière déjà prolifique avait été à la hauteur de son talent, Nesta aurait pu tutoyer les sommets. Mais c'était compter sans son corps, capricieux, qui en a décidé autrement.
La Lazio puis le Milan, les deux amours de sa vie
Nesta, en club, c'est quand même trois Scudetti (2004, 2004, 2011), deux ligues des champions (2003, 2007), trois supercoupes d'Europe, trois coupes d'Italie... La liste n'est pas exhaustive, mais faire l'étalage de son palmarès nous ferait perdre trop de temps.
Alessandro Nesta a grandi dans un quartier populaire de Rome. Avant de rejoindre les jeunes de la Lazio, il jouait pour le club de sa rue au poste.... d'attaquant. Arrivé chez les Biancocelesti, "Sandro" recule d'un cran, et fait ses premières gammes au milieu de terrain. Nous sommes en 1993. Mais quand le coach Zeman débarque un an plus tard, le défenseur titulaire de la Lazio se blesse, et Nesta reçoit l'ordre de reculer encore d'un cran. A son nouveau poste, le natif de Rome impressionne. La Lazio a trouvé son grand défenseur central. Avec les Aquile (1993-2002), il joue 193 matches, et déflore son palmarès (un titre de champions d'Italie, deux coupes nationales). Mais c'est véritablement au Milan AC qu'il atteindra l'apogée de sa carrière. En dix ans, il remporte le Scudetto et la Coupe aux grandes oreilles à deux reprises. Avec Maldini, il forme une charnière qui sue la classe et le talent. Mais Nesta, ça n'est pas seulement l'histoire d'un génie à qui tout réussi. Loin de là, même. Nesta, c'est plutôt l'histoire d'un joueur qui est passé à côté d'une carrière gargantuesque.
Plus de poisse, tu meurs
Pour beaucoup, Nesta a été le meilleur défenseur italien de ces vingt dernières années. Bien au dessus de Cannavaro, et de Materrazzi. Pourtant les deux joueurs précédemment cités, ont connu ce que "Sandro" n'accomplira jamais : jouer une finale de Coupe du Monde (2006), la remporter, et pour l'illustre défenseur de la Juventus Turin, rafler le ballon d'or. La réalité, c'est qu'une énième blessure au genou droit l'a empêché de se dresser devant Zidane et consorts :"le fait que Materazzi ait eu son moment de gloire grâce au Mondial, beh, je suis content", déclare t-il, en 2008. "Le regret, ce n’est pas que ce soit Marco qui ait joué à ma place, mais que moi, je n’ai pas joué, tout court. C’est aussi ça une carrière. J’ai beaucoup gagné, j’ai beaucoup perdu, j’ai eu mes blessures, parfois un peu trop… Mais ça va comme ça ».
En fait, les pépins physiques, c'est un peu l'histoire de sa vie. En 2008, il signe une saison quasiment blanche au Milan, toujours à cause de ce maudit genou droit. Mais la force de Nesta réside en sa capacité à revenir quasiment systématiquement à son meilleur niveau. En 2007, moins d'un après la Coupe du Monde, il montre en Ligue des Champions qu'il n'a rien perdu de ses qualités, se permettant même de ridiculiser les attaquants de Manchester United Cristiano Ronaldo et Wayne Rooney lors d'une demi-finale retour à San Siro en mai 2007. Le même mois, l'AC Milan bat Liverpool 2-1 à Athènes et remporte sa septième Ligue des Champions. Quatre plus tard, alors agé de 35 ans, il éteint Lionel Messi lors d’un quart de final aller de Ligue des champions à San Siro. Son dernier grand rendez-vous avant de partir pour le Canada, et de finir en douceur.
Au final, Nesta ne décrochera jamais le ballon d'or. Mais est-ce là le plus important ? Certes, l'illustre ancien défenseur de la Lazio et du Milan a souffert toute sa carrière d'un problème de timing. Mais simplement, il était le plus fort. Et ça suffit.
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