Naples, le coeur volcan
Son parcours ressemble à un tracé du Giro. Le Tour d'Italie en blêmirait presque de jalousie, tant les étapes de Maurizio Sarri sont diverses et variées. Depuis quinze ans, le nouvel entraîneur de Naples a dirigé pas moins de dix-huit équipes dans sa carrière sur le banc. Ancien cadre d'une agence bancaire, le CV de ce Napolitain pur jus intrigue de l'autre côté des Alpes. De Cavriglia à Tegoleto, de Valdema à Grosseto, celui que l'on surnomme le "Banquier" au pied du Vésuve a bourlingué en manageant en parallèle, quand il n'avait pas des liasses entre les mains, de modestes formations, avant de débarquer l'été dernier au SCC Napoli dans son costume de quasi parfait inconnu. Quatorze journées plus tard, le club campanien est leader du championnat d'Italie, devant l'Inter, la Fiorentina, la Roma, la Juventus et le Milan. Bref, tout le gratin du football transalpin.
Ce lundi soir, dans un stade San Paolo en ébullition, Naples accueillait un Inter Milan encore en tête du classement pour quelques minutes. La première heure a tourné en une démonstration de force napolitaine. Le tout ponctué au tableau d'affichage par un doublé de Gonzalo Higuain. Avec l'attaquant argentin, ça déménage ! Par la suite, changement de scénario : les Nerazzurri se sont réveillés et la fin de match a été pénible pour les joueurs de Maurizio Sarri, qui a moyennement apprécié : "On s'est mis à paniquer à 2-1, en ratant cent ballons de relance. Cela ne nous arrive jamais ! Je dois en parler aux joueurs de ces dernières minutes... Nous aurions pu l'emporter 5 ou 6-1, mais les ultimes secondes laissent un impression différente." Sans un exploit de Pepe Reina dans son but, sur le dernier coup de boutoir interiste, le Napoli aurait concédé le nul.
Maradona, puis la ruine !
Conséquence des prestations de haute volée des Azzurri, toute une baie se met à rêver. Les années Diego Armando Maradona hantent encore les ruelles napolitaines et les tifosi n'ont pas oublié cette année 1987 quand, grâce notamment à leur champion argentin, leur club adulé décrocha le Scudetto. "El Pibe de Oro" avait donné une telle fierté à tout un peuple qu'ici, personne n'a oublié. Impossible. Après un dernier coup d'éclat en 1989 et un succès en Coupe de l'UEFA, la disgrâce a vite rattrapé Naples. Comme un Titanic en plein naufrage, le club ruiné s'est retrouvé en 2004 en Serie C1, l'équivalent du National en France. La remontée vers les sommets fut lente, mais les supporters locaux n'ont jamais abandonné, dans les travées de San Paolo, volcan au pied d'un volcan, la couleur bleu azur et les oriflammes à l'effigie de... Maradona !
Lien avec le passé, la course au titre suprême enflamme toute la cité. Mais pas du tout un Maurizio Sarri, comptable au regard froid, qui ne veut surtout pas dilapider les capacités de son groupe en conjectures aventureuses. "Le titre ? Cela reste un vilain juron, un sujet tabou que je rejette absolument..." L'entraîneur est même prêt à "excommunier" tout petit plaisantin ou écervelé irrationnel qui s'aventurerait sur ce chemin. A son crédit, l'ancien employé de banque tient à contrôler le solde débiteur en terme de fantasmes irraisonnés de son équipe.
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