La Fiorentina rend un hommage poignant à Davide Astori
Les minutes de silence ne durent jamais vraiment une minute. Mais celle de dimanche au stade Artemio Franchi aura duré bien plus que ça, comme si personne ne savait vraiment quand l'arrêter. Le moindre bruit s'était d'ailleurs éteint bien avant, un silence invraisemblable dans un stade de football. Pendant un long moment, on n'a rien entendu, rien d'autre que les mains des joueurs de Benevento qui rencontraient celles de ceux de la Fiorentina, sous les yeux d'enfants portant les maillots de Cagliari et de la "Viola", les deux clubs les plus importants de la carrière d'Astori. Avant le coup d'envoi, intervenu comme une libération, le stade s'était déjà recueilli pendant la diffusion d'un film en hommage au défenseur central, sur la musique de "Terre des Hommes", du chanteur italien Jovanotti.
Les écharpes violettes ont été brandies et les banderoles déployées: "Il y a des hommes qui ne meurent jamais, il y a des histoires qui passent à l'éternité. Bon voyage capitaine", "Les larmes de toute une ville", "Liés pour l'éternité", "Florentin pour toujours", "Ciao Davide", "Vrai capitaine, homme d'un autre temps." "Et avec le N.13, capitaine, pour toujours ! Davide Astori !", a de son côté hurlé le speaker du stade. Des milliers de ballons blancs et violets sont alors partis dans le ciel plombé de Florence. Et la partie a débuté. Elle a été étrange, forcément. Parce que pour tout le monde, elle avait commencé bien plus tôt. Longtemps avant le match, tifosi et spectateurs sont en effet venus contempler les grilles du stade Artemio Franchi, ces cent mètres de banderoles, de dessins d'enfants, d'écharpes, de maillots. Une longue bande de violet, entrecoupée des photos du sourire d'Astori et des couronnes de fleurs blanches envoyées par les clubs de toute l'Italie.
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Davide 13
La pluie du matin n'avait rien douché, tout au plus camouflé quelques larmes et délavé l'encre des banderoles. "Ils feront ce qu'ils pourront, ça n'a pas grande importance. Bravo à eux s'ils arrivent à bien jouer, moi je ne pourrais pas. On va essayer de les aider", a expliqué Matteo, un tifoso de 30 ans. Etrange aussi parce que même pour Benevento, la lanterne rouge, ce match avait un sens difficile à déchiffrer. "Plutôt être relégué demain que de gagner dans un moment aussi tragique", avait ainsi lâché samedi l'entraîneur Roberto De Zerbi. Étrange enfin parce la partie a été interrompue à la 13e minute, comme le numéro du maillot du capitaine, pour un tifo simple et beau de la Curva Fiesole: "Davide 13", en blanc et rouge sur fond de violet. Le football et ses logiques ont néanmoins fini par reprendre une petite place quand la Fiorentina a ouvert le score à la 25e minute. Mais les symboles étaient toujours bien présents car c'est Vitor Hugo qui a marqué, celui-là même qui remplace Astori en charnière et qui porte le numéro... 31, le 13 inversé. Le Brésilien a marqué sur une passe décisive de Saponara, l'un des joueurs les plus marqués par la disparition d'Astori et qui vivait dimanche sa première titularisation de la saison. Embrassé par tous ses partenaires, le gardien Sportiello y compris, Vitor Hugo a ensuite brandi un T-shirt avec une photo d'Astori avant de saluer son capitaine, comme un soldat. La pluie a alors commencé à tomber dru et le stade a continué à chanter "un capitano, c'è solo un capitano ! (un capitaine, il n'y a qu'un seul capitaine, ndlr)."
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