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L'écrivain Yann Queffélec se confie à Nelson Monfort : "Jamais autant moi-même que lorsque j'ai le pont d'un voilier sous les pieds"

Yann Queffélec est un écrivain et un amoureux de la mer depuis longtemps. Le lauréat du prix Goncourt pour les Noces Barbares s'est confié sur cette passion mais également sur le confinement, auprès de Nelson Monfort.
Article rédigé par franceinfo
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  (ULF ANDERSEN / ULF ANDERSEN)

Comment se passe votre déconfinement ?
Yann Quéffelec : "J'ai un peu de mal à démêler confinement et déconfinement. Je me sens un peu comme Tintin et le Capitaine Haddock lorsqu'ils marchent sur la Lune. Je suis enfermé chez moi parce que la situation est enfermante. C'est dans la lecture que je retrouve de la réalité, des choses tangibles."

Quelles sont les choses bénéfiques dans cette situation ?
YQ : 
"C'est une situation à la réflexion, lorsqu'on invite un être humain à réfléchir, on lui fait du bien. C'est vrai que nous pensons au monde dans lequel nous vivons. Qu'est-ce qui est bien pour l'homme ? Qu'est-ce qui est bien pour nous ? En se posant ces questions, cela fait de nous des philosophes obligés. Je m'aperçois que j'éprouve un bonheur fou à lire, à écouter de la musique, à parler avec moi-même. Je repense à tout ce que j'ai de bon dans ma mémoire et qui fait que j'aime être sur la terre."

Le pont d'un navire en révélateur

Vous êtes passionné de voile, lorsqu'on en fait on choisit d'être seul et aujourd'hui on nous impose la solitude. Quelle est la différence ?
YQ :
 "La liberté. Lorsque tu es libre, tu peux choisir de gravir une montagne, de marcher en forêt, de rester chez toi, de traverser l'océan… Alors que si c'est une contrainte, cela devient de la détention. Je ne suis jamais autant moi-même que lorsque j'ai le pont d'un voilier sous les pieds. Je me sens vrai, je me sens moi, comme un animal dans la nature. Aujourd'hui, je dois faire preuve d'imagination pour me replonger comme si j'étais en mer."

"L'école de la beauté par le courage"

Les grandes courses sont maintenues comme le Vendée Globe. Quelle est votre préférée ?
YQ :
"La Route du Rhum. C'est peut-être l'une des plus belles courses transatlantiques. Elle est magnifique cette course. Des champions l’ont remportée dans des conditions impossibles, comme Florence Arthaud en 1990 qui était du même niveau que Éric Tabarly. Ce sont des magnifiques exemples pour les confinés que nous sommes. C'est l'école de la beauté par le courage."

Y a-t-il d'autres noms de navigateur que vous avez pu côtoyer ?
YQ :
"Il y a aussi les oubliés comme Marc Linski ! D'ailleurs, Tabarly lui avait prêté le Pen Duick III pour qu'il passe le Cap Horn et qu'il rejoigne la Coupe du monde. Marc Linski a été emporté par la mer comme Tabarly, il n'a malheureusement pas laissé le nom qu'il aurait dû dans l'histoire de la voile. Pourtant c'était un immense marin ! J'avais découvert la navigation en Corse avec lui. Il a créé à Ajaccio une école de guide de haute mer qui était fréquentée par des skippers comme Jean-Claude Parisis." 

Un petit mot sur vos projets ?
YQ :
"J'écris un roman en ce moment. J'essaye de représenter la société française d'en ce moment. La mer est extrêmement présente dans ce livre. J'ai besoin de la célébrer de plus en plus. La mer est vraiment sage et belle, elle nous rend optimiste en toute circonstance !" 

Vous parlez beaucoup de famille dans vos romans.
YQ :
"Je suis passionné par l'univers familial où tous se passe. Le drame humain se déroule en famille : le bon, le triste, le négatif… Tous les sentiments humains sont mis en jeu par la famille. Elle à la fois exécrable et merveilleuse. Il est très difficile de changer de place après que la famille ait décidé que nous étions telle ou telle personne."

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