PSG : trois questions sur le retour des supporters ultras au Parc des Princes
Depuis plusieurs semaines, Nasser Al-Khelaïfi ne cache plus son intention de voir revenir au stade les fans les plus fervents. La préfecture de police ne s'y oppose pas.
Ils n'étaient plus les bienvenus au Parc des Princes depuis 2010. Les supporters ultras du Paris-Saint-Germain pourraient bientôt faire leur retour dans le stade du club de la capitale. Depuis plusieurs semaines, le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, ne cache plus son intention de voir revenir les fans les plus fervents dans l'enceinte parisienne. Il a ainsi rencontré la préfecture de police, jeudi 29 septembre, dans ce but.
Dans un communiqué publié dans la foulée, la préfecture de police entrouvre la porte au retour des ultras : "La préfecture de police prend acte de la volonté du Paris-Saint-Germain d'accueillir en tribune les supporters ultras du club par le biais de ventes individuelles de billets. En cas d'incidents constatés, la préfecture de police s'opposera à la poursuite de cette présence des ultras au sein du Parc des Princes."
Pourquoi les ultras sont-ils bannis depuis 2010 ?
En 2010, le PSG est miné par la rivalité entre ses différents clubs de supporters. Le 28 février, en marge d'un match, un supporter de la tribune Boulogne subit un tabassage en règle de la part d'autres supporters appartenant à la tribune Auteuil. L'homme de 37 ans meurt après trois semaines passées dans le coma.
Le PSG, dirigé à l'apoque par Robin Leproux, prend alors une série de mesures drastiques pour mettre fin à ces violences. Les abonnements dans les tribunes Auteuil et Boulogne, les plus violentes, sont supprimés. Il devient impossible de choisir son siège lors de l'achat de billets : le placement est aléatoire, empêchant ainsi les groupes de supporters de se retrouver tous au même endroit. Gratuité pour les enfants, réductions pour les femmes, création d'une tribune famille... Tout est fait pour décourager les ultras et apaiser la situation.
Pourquoi la direction du club souhaite que les ultras reviennent ?
Le plan Leproux a parfaitement fonctionné. Trop parfaitement, selon ses détracteurs. Car si les violences ont cessé, l'ambiance dans le stade en a pris un coup. Depuis 2010, le Parc des Princes sonne creux. Malgré l'arrivée des Qataris à la tête du club, et de la ribambelle de stars recrutées, la ferveur n'est plus au rendez-vous.
Dans un article de décembre 2015 très partagé sur les réseaux sociaux, le journaliste de L'Equipe Vincent Duluc décrivait ainsi le public du Parc des Princes : "C'est un public qui fait du bruit à chaque fois qu’il y a deux buts d'écart, qui chambre Trapp, siffle Rabiot, n'est pas capable d’organiser un chant de soutien (…) et laisse le dernier quart d'heure s'égrainer dans un quasi silence. Dans le seul stade où il y a encore du football de très haut niveau, on peut regretter que ce très haut niveau n'existe pas à tous les étages."
"Parfois, je trouve que nos fans sont un peu trop calmes", s'émeut le président du club lui-même, Nasser Al-Khelaïfi, dans une interview au Figaro. Le PSG a "besoin de plus d'ambiance dans le stade", martèle-t-il depuis plusieurs mois.
Quelles seront les modalités du retour des ultras ?
On ne connaît pas encore quelles seront les règles exactes. Interrogé par l'AFP, le club parisien s'est refusé à tout commentaire après la publication du communiqué de la préfecture de police. De son côté, le Collectif ultras Paris (CUP) s'est félicité sur Twitter de cette "étape franchie dans le rapprochement entre le club et ses ultras, qui initie de façon sereine la mise en place d'un cadre élaboré conjointement".
Encore du travail à effectuer mais nous sommes sur la bonne voie ! pic.twitter.com/kR4aGLT4gE
— CollectifUltrasParis (@Collectif_U_P) 29 septembre 2016
Le porte-parole de l'Association de défense et d'assistance juridique des intérêts des supporters (Adajis) explique quant à lui qu'il y a "un travail qui s'enclenche pour que les gens qui veulent être des supporters actifs puissent se rassembler". "Rien ne se fera sans de strictes conditions de sécurité, on est tous d'accord là-dessus et il va falloir laisser un peu de temps pour que tout ça se mette en place", explique-t-il.
La direction du PSG est décisionnaire en la matière. Même si la préfecture menace de s'opposer à la présence des ultras en cas de débordement constaté, "les pouvoirs publics ne peuvent pas juridiquement interdire le club de vendre une place ou un abonnement à une personne dès lors qu'elle n'est pas interdite de stade et respecte les conditions générales de vente et le règlement intérieur du stade établis par le club", souligne Pierre Barthélemy, avocat de l'Adajis.
Il est vraisemblable que les supporters ultras soient autorisés à revenir dans le stade de façon progressive. Et cela pourrait commencer rapidement : selon Le Parisien, 100 à 150 ultras se retrouveront dès ce samedi dans la tribune Auteuil du Parc des Princes pour le match entre le PSG et les Girondins de Bordeaux.
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