Avec la Ligue des champions, le PSG va-t-il être (enfin) populaire ?
Depuis l'arrivée du Qatar au capital du club parisien, la popularité du Paris Saint-Germain n'a cessé de grandir grâce à ses stars et ses ambitions européennes.
"Je pense que tout le peuple français attend ça, et nous les premiers." A en croire le milieu Blaise Matuidi, toute la France sera derrière son écran pour assister au match retour du Paris Saint-Germain contre Chelsea, mardi 8 avril, après la victoire 3-1 au Parc des Princes. Depuis l'arrivée des investisseurs, les résultats suivent, la cote de popularité aussi.
Du côté de l'OM, forcément, l'analyse diffère un peu. "Il est logique que la popularité du PSG progresse. Son ambition, ses investissements, la présence de stars y participent", résume Vincent Labrune, le président du club marseillais, interrogé début mars par Le Parisien. "Mais Marseille restera numéro un dans le cœur des Français, au moins jusqu’à ce que le PSG gagne la Ligue des champions. Et encore..."
Oui, l'Europe reste la meilleure des publicités
Les Verts de l'AS Saint-Etienne ont fait chavirer la France du football en 1976, au terme d'une épopée brisée en finale contre le Bayern Munich. L'OM vit encore de sa victoire en 1993, face au Milan AC. Des parcours qui inspirent Blaise Matuidi : le milieu de terrain rappelle que "cela fait longtemps que le PSG n'a pas atteint les demi-finales" de la Ligue des champions. C'était en 1995 : le club parisien affrontait le Milan AC. Une éternité, en effet. Mais le joueur n'est-il pas présomptueux, en comptant sur le soutien de tout l'Hexagone ?
Lors de l'épopée des Verts, en 1976, les circonstances étaient un peu particulières. "Le foot français était en disette depuis une vingtaine d'années, plus une équipe ne passait le premier tour", se souvient Christian Lopez, ancien joueur des Verts contacté par francetv info. "Et puis c'est aussi dû à la façon dont on a gagné les matchs. Mais au début de la compétition, après notre défaite 4-1 à Split (Croatie), on a joué le match retour dans un stade qui n'affichait même pas complet. Avec nos exploits, l'engouement a décollé." L'OM, pour sa part, a eu le mérite d'être le premier club français à devenir champion d'Europe. Indépassable à tout jamais.
Mais dans tous les cas, le prestige de la compétition rejaillit logiquement sur les clubs qui brillent. Effet garanti, y compris pour les stars du PSG. La chaîne Canal+ a réalisé son record d'audience lors du quart de finale aller contre le FC Barcelone de Lionel Messi, en 2013. Loin d'être ridicule, le club avait convaincu les amateurs de foot, puisque la performance des joueurs avait amélioré l'image du club chez 46% d'entre eux, d'après un sondage de l'institut Ipsos. Alors, en cas de victoire... "C’est bien connu, il est plus facile de supporter une équipe de gagnants que de perdants… Et nous avons malheureusement trop souvent tendance à nous retrouver, nous Français, du mauvais côté de la barrière", glisse l'enquête du cabinet Kurt Salmon.
Oui, ses stars font grimper sa cote de popularité
Certains signes ne trompent pas. Un vendeur du centre-ville de Marseille (Bouches-du-Rhône), interrogé par Le Figaro, vend cette année un maillot du PSG pour trois de l'OM. Impensable il y a seulement quelques années. Certaines pages Facebook sont d'ailleurs encore sous le choc. Mieux : avec 400 000 tuniques écoulées en France lors de la saison 2012-2013, le PSG vend désormais plus de tuniques que son rival. L'effet Zlatan Ibrahimovic tourne à plein dans les boutiques mais aussi dans les cœurs. En effet, quelque "72 % des Français et 82 % des amateurs de foot estiment ainsi que son arrivée dans la capitale a amélioré l’image qu’ils avaient du PSG", selon un sondage publié par Le Parisien, lundi 31 mars.
Surtout, la popularité du club de la capitale est en constante progression depuis son rachat par le Qatar et ses très bons résultats sportifs. Huit Franciliens sur dix sont fans du PSG, logique. Mais 58% des amateurs de foot apprécient également le club en régions, selon un sondage réalisé en 2013 par Ipsos pour L'Equipe. Et contrairement à l'idée répandue, le PSG n'est pas forcément un club de "footix". Ceux qui ne connaissent rien au foot sont 38% à avoir une opinion défavorable du club, contre 40% de favorable.
Non, le PSG reste associé à la capitale et à l'argent
Le PSG reste le club de la capitale, celui que tous les clubs rêvent de battre. Question de fierté. Autre handicap : en cas de victoire contre Chelsea, Cavani et Ibrahimovic ne pourront pas parler d'exploit, au contraire de leurs lointains aînés Platini et Larqué. Les hautes ambitions du club sont affichées depuis longtemps et relayées à l'envi par les médias. Le journal L'Equipe, par exemple, a consacré sept de ses huit dernières unes au club.
Surtout, il reste intimement lié aux yeux de ses détracteurs au pêché originel de l'argent, massivement investi par le Qatar à son arrivée. Samedi 5 avril, dans L'Equipe, le président de l'Olympique lyonnais Jean-Michel Aulas dénonçait "les excès en matière de rémunération des joueurs, voire des transferts". Des inquiétudes partagées outre-Rhin. "Ce qui se passe en France, par exemple, est un grand danger pour le football local", a déclaré Christian Seifert, le président de la Bundesliga, la ligue allemande, dans un entretien au quotidien brésilien Lance !. Mais l'argument ne convainc pas Christian Lopez : "C'est le seul club qui représente la France, je trouve dommage qu'on puisse le critiquer ainsi. Les autres grands clubs européens aussi ont de l'argent."
Et si le PSG peine à séduire en France, il pourra toujours se tourner vers l'international, comme l'expliquait en janvier son président Nasser Al-Khelaïfi : "La popularité du club a grandi partout dans le monde. Quand je vais aux Etats-Unis, je vois des enfants avec le maillot du PSG. Ça n'arrivait jamais avant." Mardi soir, il joue son destin face à Chelsea, élu club le plus détesté d'Angleterre en 2013. A la conquête des cœurs.
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