Liverpool maudit en son royaume
Alors que Luis Suarez pleurait à chaudes larmes sous son maillot suite au sabordage en règle de son équipe à Crystal Palace, son capitaine Steven Gerrard est venu le consoler, la mine résignée. Scouser depuis son plus jeune âge, le légendaire milieu de terrain en a vu d'autres. Sous son règne, les Reds ont souvent flirté avec le titre de champion d'Angleterre. A chaque fois, ce fut une histoire sans lendemain... Roi d'Angleterre dans les décennies 70 et 80, lors desquelles il empile 11 titres nationaux, le club de la Mersey a depuis cédé son trône au grand rival Manchester United (11 sacres entre 1990 et 2010). Depuis 1990 et l'épopée des Rush, Dalglish, Grobbelaar et autre Hansen, Liverpool court après une Premier League qui se refuse à lui.
Malheur en Angleterre, bonheur en Europe
A cette époque, Steven Gerrad avait dix ans. Huit ans plus tard, il fait ses débuts sous le mythique maillot rouge. Trois années après, Stevie G ouvre le premier chapitre de sa platonique relation avec le championnat d'Angleterre. S'il n'est pas encore capitaine, le tout jeune international est déjà bien installé dans l'entrejeu liverpuldian. Après deux revers lors des trois premières journées, les troupes de Gérard Houllier se réveillent et virent en tête au début du mois de décembre 2001 à la faveur d'une série de douze matches sans défaite. Anfield se prend à y croire. Las, les Reds prennent une gifle à Chelsea (4-0) puis laissent Arsenal, futur champion, repartir avec les trois points sur leur pelouse (1-2). Un autre revers à Southampton (2-0) sonnent définitvement le glas des espoirs du club de l'Ouest du royaume, malgré treize victoires lors des quinze derniers matches de la saison.
Au mental, Liverpool a flanché. Un mal chevillé au corps de la formation quintuple championne d'Europe dès lors qu'elle se produit sur la scène britannique. D'autant plus paradoxal qu'elle est crainte pour sa ténacité au niveau continental, à l'image de l'incroyable finale de C1 à Istanbul face au Milan AC en 2005. Mené 3-0 à la mi-temps, Liverpool était revenu de l'enfer pour grimper au paradis. Un dépassement de soi que les Reds peinent à mettre en application sur la distance. La saison suivant le miracle turc en est l'illustration. Encore sur son nuage, l'armada de Rafa Beñitez oublie de débuter le championnat (2 victoires, 4 nuls, 2 défaites). Un départ poussif que ne pourront pas compenser neuf victoires consécutives en clôture de l'exercice. En sus, Chelsea (91 pts) et Manchester United (83 pts) réalisent une saison de feu. Avec 82 points, les Reds avaient de belles gueules de champions. Mais la concurrence est féroce outre-manche.
Un mental défaillant
En retrait malgré une finale de Ligue des champions et une nouvelle 3e place à l'issue de la saison 2006-2007, l'institution dix-huit fois championne d'Angleterre ressort les crocs sur les terres de Sa Majesté lors de la saison 2008/2009. "El Niño" Torres affole les compteurs et les défenses du royaume, pourvu en caviar par Captain Gerrard. Liverpool est en tête à la mi-saison. Trois matches nuls au début du mois de janvier les rejettent sur les marches inférieures du podium. United prend les commandes mais une probante victoire à Old Trafford lors de la 29e journée (1-4) rallume la flamme dans les travées du kop d'Anfield. Quatre matches plus tard, un quadruplé d'Arshavin et un nul concédé à Arsenal (4-4) suffisent à l'éteindre. Vaincus à deux reprises seulement, les hommes de Beñitez paient les onze matches nuls cumulés, dont certains face à des équipes de moindre rang comme West Ham, Hull City, Stoke City ou Fulham. Man U s'offrira le trophée de champion pour quatre points.
Un certain mimétisme avec la saison actuelle effectuée par la Red Army. Leader depuis la 32e journée après un court intérim au sommet lors de la 17e journée, Liverpool a craqué sur sa pelouse face à un cador, Chelsea (0-2), puis s'est laissé surprendre sur la pelouse de Crystal Palace, équipe de milieu de tableau (3-3). Avec un match en retard à disputer contre Aston Villa demain à domicile, Manchester City pourrait prendre deux points d'avance sur Liverpool. Hôte de West Ham à l'occasion de leur dernière sortie en championnat, les joueurs de Manuel Pellegrini n'auraient alors qu'à glaner une unité pour coiffer une quatrième couronne de champions d'Angleterre. Une fois encore, la formation à la liquette couleur sang a cédé sous la pression, à l'image de son guide Steven Gerrard coupable sur le deuxième but des Blues il y a neuf jours. S'il ne marchera jamais seul, Stevie G s'est encore perdu sur la route du graal.
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