Le drame de Hillsborough, 25 ans après
Sûrement la journée la plus noire de l’histoire du sport britannique. Pourtant, ce 15 avril 1989 était annoncé comme une grande fête du football. Sous le soleil de Sheffield, cité industrielle anglaise, les supporters de Liverpool et de Nottingham Forrest se retrouvent pour une demi-finale de Coupe d’Angleterre à Hillsborough, le stade de Sheffield Wednesday. Les fans des Reds sont plus nombreux dans le stade, mais ils sont placés dans la petite tribune de Leppings Lane. Le coup d’envoi approche et la police laisse entrer précipitamment tout ce peuple rouge dans les gradins. Le résultat vire au cauchemar. Entassés et bousculés sur les grilles métalliques qui entourent la pelouse, les supporters suffoquent. "A mes pieds, des gens mouraient, se souvient Adrian Tempeny, survivant de la tragédie, dans une interview à The Observer. Le seul confort que je trouvais, c’était d’entendre ces milliers de personnes appeler à l’aide." Six minutes après le début de la rencontre, l’arbitre Ray Lewis arrête le jeu. Les secours arrivent. Quatre-vingt seize personnes y laisseront la vie.
Une première enquête en 1991 conclut à l’accident. Mais en décembre 2012, la Haute Cour de Londres invalide la procédure. Un rapport indépendant accable les forces de l’ordre. Le document établit que la police a dénaturé des témoignages pour atténuer ses responsabilités. Les fans ont été mis en cause à tort. Les secours, accusés d’être arrivés au stade trop tard, aussi. Le Sun va même jusqu'à décrire les supporters comme "ivres" et "violents". David Cameron, le Premier ministre britannique, s’excuse publiquement et demande l’ouverture de nouvelles enquêtes. Elles ont lieu en ce moment et dureront neuf mois. Les jurés pourront visionner de nouvelles images de la BBC et les avocats examiner de nouveaux éléments d’autopsie. Les familles des victimes, elles, auront le droit à la parole. Et de connaître la vérité sur la cause et les circonstances des décès. Enfin.
Le titre, un signe du destin
Vingt-cinq ans plus tard, le foot anglais a beaucoup changé. Les grillages imposés par le hooliganisme des années 70 et 80 ont été abolis. Les stades anglais ont été rénovés, sécurisés et équipés de sièges."Vingt-cinq ans ! Les familles ont attendu tout ce temps pour obtenir justice, je pense que c’est enfin en train de se produire, commente sur Sky News, Andy Burnham, député travailliste très impliqué dans le combat des familles. C'est un jour historique pour elles. La plupart des gens pensaient qu'on ne le verrait jamais." Alan Hansen, ancien joueur de Liverpool à cette époque (1977-1990) et présent sur la pelouse ce jour-là, partage cette compassion. "La justice est la chose la plus importante pour les familles des victimes et j’ai de la compassion pour elles, déclare le consultant pour la BBC. Le titre de Liverpool n’est pas la priorité dans leur esprit, mais revoir le club au sommet du football anglais, 25 ans après le drame et 24 après notre dernier succès, cela serait formidable."
A cinq journées de la fin, les Reds occupent la tête de la Premier League. Manchester City, qui se déplace à Anfield dimanche (14h37), espère profiter des commémorations pour se rapprocher du leader. Le coup d'envoi sera donné avec sept minutes de retard, soit le temps de jeu sur le terrain le 15 avril 1989. Liverpool disposera des écharpes sur la pelouse d'Anfield de façon à former le nombre 96. Tous les amoureux de football et les supporters neutres n’espèrent qu’une chose. Voir Steven Gerrard soulever le trophée dans un mois. Lui qui a perdu un jeune cousin âgé de dix ans dans cette terrible tragédie.
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