"Mon entourage s’inquiète beaucoup pour ma santé", les entraîneurs de football doivent faire face au stress des résultats
Gérard Houllier, l’ancien sélectionneur des Bleus est décédé lundi à l’âge de 73 ans. Comme ses confrères, il a fait les frais de ce métier usant en raison de l’incertitude des résultats sportifs. Témoignages.
Le métier d’entraîneur c’est "20% de bonheurs et 80% d’embrouilles, de soucis et de conflits". La définition vient du regretté Gérard Houllier, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France de football, entraîneur de l'OL, de Liverpool, décédé lundi matin. "Des activités, il y en avait trop. Je voulais faire trop de choses et il m’a fallu un certain temps pour découvrir, peut-être un accident grave, qu’en fait il faut aussi s’occuper de soi", avait ajouté celui qui s'est effondré un jour au bord de la pelouse et a subi une opération à coeur ouvert. De graves problèmes cardiaques qui ont mis un terme à sa carrière.
Entraîneur est en effet un métier qui peut vite tourner à l’obsession, fait de sacrifices et de fortes tensions, comme une addiction. L’actuel entraîneur de l’AJ Auxerre Jean-Marc Furlan a d’ailleurs déjà consulté pour se faire aider. Auxerre est sa huitième équipe en 23 ans et il lit beaucoup pour se calmer. "Mon entourage s’inquiète beaucoup pour ma santé, c’est vrai, mes enfants, ma femme. En ce qui me concerne, ça me fait juste peur pour ma santé physique mais la passion passe toujours avant. Ce que je remarque en vieillissant c’est que j’ai de plus en plus de mal à supporter les résultats et de m’approcher du match, constate-t-il. Quand tu as finis ta causerie de 17h30/18h, que tu dois attendre jusqu’à 19h ou 20h le match, les deux heures qui sont là, c’est horrible ! Qu’est-ce que c’est stressant !"
Un métier passion mais chronophage
Entraîner, c’est un métier qui vous ronge, confirme Christophe Pélissier, l’entraîneur de Lorient, conscient que la zone rouge, le surmenage et le burn-out, le guettent à tout moment. "En ligue 1 notamment, quand on est au fond du classement, qu’on ne gagne pas souvent, croyez-moi, on passe des nuits qui sont difficiles. C’est vrai que quelque part, ça joue sûrement sur notre santé. C’est pour ça qu’il se donne des moments de répit mais c’est dur parce que c’est un métier qui est chronophage. "On y pense 24h/24, 365 jours par an. C’est sûr qu’on met notre corps en danger."
Michel Der Zakarian, à l'époque à Nantes, a fait un malaise pendant l’entraînement. Son confrère de Caen Pascal Dupraz décrit le métier comme celui d’un homme tourmenté, toujours collé à son défibrillateur. Aucune étude n’a jamais été réalisée sur les entraîneurs. Mais en 2014, la FIFA a révélé que 25% des joueurs professionnels des championnats européens souffrent de maladies mentales liées au stress et à l’anxiété.
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