Real Madrid-Manchester City : L'heure de la revanche pour Manuel Pellegrini
A l’été 2009, Florentino Pérez, fraîchement réélu à la tête du Real Madrid, réfléchit au plan pour contrer l’invincible FC Barcelone de Pep Guardiola. Comme souvent avec lui, cela place par la dépense. Beaucoup de dépenses. Il ramène dans ses valises Cristiano Ronaldo (94 millions et toujours plus gros transfert de l’histoire), Kaka, Karim Benzema, Xabi Alonso et Alvaro Arbeloa. Au total, ce sont 252 millions d’euros, soit la plus grosse somme jamais dépensée en un été, qu’avait déboursé le président de la "Maison Blanche". Pour remplacer Juande Ramos, notamment humilié 6-2 au Bernabeu par le Barca, Perez confie les rênes de son équipe à un Chilien, Manuel Pellegrini, qui débarque après cinq saisons passées à Villarreal, marquées notamment par une demi-finale de Ligue des champions (2006).
Pellegrini ne fait pas de politique
Dès son arrivée, Manuel Pellegrini sent que les choses ne se passent pas comme prévu. "A l'intérieur du club, je faisais face à des conditions contraires. J'ai toujours essayé de m'imposer, d'avoir de bonnes relations avec les joueurs et de parvenir à développer un bon football en Liga. Mais je savais que j'étais condamné dès mon arrivée, dès le mois d'août", a raconté le Chilien dans les colonnes de Marca vendredi dernier. Un des débats qui a accompagné "l’Ingénieur" (son surnom qui lui est venu de son diplôme obtenu en construction civile, ndlr) a été le titulaire au poste d’avant-centre. Acheté une trentaine de millions d’euros et chouchou de Florentino Pérez, Karim Benzema passait au second plan derrière Gonzalo Higuain.
Pellegrini est revenu sur cette période : "Karim Benzema était beaucoup plus jeune (lorsqu’il entraînait le Real, ndlr). Il était en concurrence avec un énorme Higuain, qui marquait beaucoup et a pris l’avantage. Il était moins fort que lui à l’époque". Au Real, le club le plus médiatisé du monde, les intrigues de palais sont presque aussi importantes que ce qu’il se passe sur le terrain. Si sur les pelouses, Pellegrini a montré son savoir-faire, en coulisses, il a eu plus de mal. "Quand vous êtes au Real, il faut accepter que ce n'est pas un club seulement sportif, mais surtout politique. Vous devez accepter que des personnes interviennent dans votre boulot. Des personnes qui, selon moi, n'ont pas les connaissances suffisantes au niveau sportif pour le faire. Mais si vous vous laissez influencer par ces personnes", a-t-il assuré dans un entretien à El Mundo.
Des résultats mitigés
Manuel Pellegrini a rechigné à s’adapter à l’univers des strass et des paillettes. Loué par son président comme "un professionnel intelligent, travailleur, équilibré, qui prend soin du ballon et qui propose toujours un football élégant et de bon goût", il a su se faire apprécier de son groupe. Xabi Alonso a loué ses qualités, Cristiano Ronaldo également. A l’époque des rumeurs faisaient déjà état de l’arrivée prochaine de José Mourinho. Des bruits balayés par CR9 à l’époque (le 7 était encore la propriété de Raul, ndlr) : " Mon entraîneur maintenant c'est Pellegrini, et je suis très content avec lui ".
Mais son calme et son management en douceur ont été ternis par deux éliminations honteuses pour le standing d’un club comme le Real Madrid.
Pérez tourne sa veste
En Coupe du Roi, les Merengue ont été étrillés en seizièmes de finale aller par les amateurs d’Alcorcon (D3) 4-0. La victoire 1-0 au retour ne suffit pas pour se qualifier. Premier camouflet, salué par la presse madrilène pas des cinglants "va-t-en maintenant" et "le ridicule s’est personnifié en Pellegrini" (Marca). Le second intervient en février 2010 en huitième de finale de Ligue des champions. Le Real tombe contre l’OL de Claude Puel (défaite 1-0 à Lyon, 1-1 à Madrid). Il ne résistera pas à ces éliminations et à la deuxième place en Liga derrière le Barca. Pourtant avec 96 points (99 pour le Barca), seulement 4 défaites, son parcours en championnat à la tête du Réal était remarquable mais il est tombé sur le Barca de Guardiola.
"Avec le temps, on se rendra compte que ce n'est pas facile d'avoir les mêmes résultats. Nous nous sommes mesurés à un grand Barça", avait assuré à l'époque le Chilien. A la fin de la saison, il quitte Madrid et laisse la place à la "hype" du moment, José Mourinho, auteur d'un triplé avec l'Inter Milan et tombeur du Barca en demi-finale de C1. "Ce club s’est toujours vanté de compter parmi les meilleurs à tous les niveaux. Je crois que c’est le moment d’engager ce grand entraîneur", avait estimé Pérez en évoquant l'entraîneur portugais. Les compliments sur Pellegrini au moment de son embauche appartenaient à l'histoire.
L’avenir du Chilien est encore inconnu. Après ses trois saisons en Premier League, couronnées par un championnat (2014) et deux Coupes de la Ligue (2014, 2016), il va laisser sa place à Pep Guardiola. Un Guardiola qu’il pourrait retrouver en finale de la Ligue des champions. L’occasion, encore, de jouer un mauvais tour à une vieille connaissance, celle sans qui son destin au Real aurait pu être différent.
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