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PSG - Bayern : à Munich, les querelles internes plombent la fin de saison du champion d'Europe

Malgré de bons résultats et un nouveau titre en Bundesliga qui se profile, le Bayern Munich, champion d’Europe en 2020, traverse une grave crise interne. Entre l’entraîneur Hansi Flick et le directeur sportif Hasan Salihamidzic, le courant ne passe plus. Pas de quoi préparer sereinement le quart de finale retour face au Paris Saint-Germain.
Article rédigé par Denis Ménétrier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Entre Hansi Flick et Hasan Salihamidzic, le courant ne passe plus (FRANKHOERMANN/SVEN SIMON / SVEN SIMON)

Au Paris Saint-Germain, les querelles internes entre joueurs, entraîneurs et dirigeants sont régulières. Cette saison, les désaccords entre Leonardo et Thomas Tuchel ont eu raison de l’entraîneur allemand, licencié fin décembre. Finalement, n’est-ce pas le lot des grands clubs de voir apparaître de temps à autres des tensions en interne ? Et ce n’est pas le Bayern Munich qui dira le contraire.

Depuis plus d’un mois, le club bavarois traverse une crise interne latente, qui vient le miner à quelques heures d’un match décisif de Ligue des champions. Après la défaite lors du quart de finale aller à l’Allianz Arena face au Paris Saint-Germain (2-3), le Bayern doit s’imposer sur la pelouse du PSG pour espérer pouvoir défendre son titre de champion d’Europe acquis en août 2020 à Lisbonne.

Mais au Bayern Munich, l’union sacrée n’existe pas. Quand bien même le club s’apprête à jouer le match le plus important de sa saison. Encore plus quand l’entraîneur Hansi Flick et le directeur sportif Hasan Salihamidzic, tous les deux anciens grands joueurs du club, entretiennent un conflit larvé depuis plusieurs semaines. Celui-ci a éclaté publiquement à la mi-mars, lorsque le quotidien Bild a relaté un événement qui s’est déroulé dans le bus du club.

La politique de recrutement, la pomme de la discorde

Devant l’ensemble de l’effectif, Flick assène un "Maintenant, tu vas fermer ta gueule" à Salihamidzic, venant traduire de longs mois de désaccord entre les deux hommes sur un sujet central : la politique de recrutement du club. Cette ambiance délétère en interne vient donner du poids au surnom de "FC Hollywood" donné au Bayern dans les années 1990, alors que le club est toujours prompt à créer son lot de disputes. "Ce sont des luttes d’influence, c’est le combat des chefs entre deux hommes aux egos surdimensionnés. Mais ça a toujours été comme ça au Bayern", assure Polo Breitner, spécialiste du football allemand et intervenant très régulier sur RMC. Depuis, Flick s’est excusé en conférence de presse le 19 mars auprès de son directeur sportif : "Nous en avons parlé, c’est oublié."

Pourtant, le technicien du Bayern n’a pas hésité à en remettre une couche vendredi dernier en conférence de presse, à la veille d’un match nul décevant face à l’Union Berlin (1-1). Au cours d’un monologue de quatre minutes, si rare pour un entraîneur, Flick a lancé une pique à Salihamidzic sur le sujet qui fâche donc, le recrutement. "Force est de constater que notre effectif était meilleur la saison passée. Tout le monde le sait", a indiqué Flick. "Salihamidzic a souvent été critiqué au Bayern, bien avant l’arrivée de Flick (en novembre 2019, ndlr)", indique Polo Breitner.

Cette saison, l’entraîneur reproche à son directeur sportif l’arrivée l’été dernier de joueurs (Bouna Sarr, Marc Roca, Alexander Nübel) qu’il ne souhaitait pas. Et qui, de fait, jouent peu. L’annonce récente de la non-prolongation de Jérôme Boateng, que Flick apprécie énormément, a achevé de pourrir les relations entre les deux hommes.

Les engueulades, marque de fabrique du Bayern

À quelques heures du quart de finale retour face au PSG, la situation au sein du club bavarois est donc loin d’être idéale. À tel point que le grand patron du Bayern, Karl-Heinz Rummenigge, est intervenu dans Bild vendredi 9 avril pour tenter d’apaiser les tensions : "Il faut à tout prix mettre fin à cette polémique. C’est inutile de devoir la commenter en permanence, surtout que nous sommes dans la dernière ligne droite de la saison. Nous devons montrer davantage d’harmonie et de loyauté, ce qui a toujours fait la force de notre club."

Selon Polo Breitner, ces querelles n’ont pas d’impact sur les performances du club : "Ça prend des proportions énormes parce que le Bayern a eu des résultats plus compliqués récemment. Mais au Bayern, tout le monde s’engueule, et tant que ça gagne, ça ne pose pas de problèmes. Ça fait partie de l’ADN du club." S’invectiver pour mieux avancer, voilà la recette d’un club où gravitent de nombreux anciens champions (Rummenigge, Uli Hoeness, Oliver Kahn, Martin Demichelis...).

L'avenir de Flick s'inscrit en pointillé

Respectivement finaliste de la C1 en 1987 et vainqueur de la Ligue des champions en 2001 avec le Bayern, Flick et Salihamidzic n’échappent pas à cette règle. Ce qui n’empêche pas le club d’être proche de remporter un neuvième titre consécutif en Bundesliga cette saison. Reste qu’en cas d’élimination face au PSG, la situation pourrait s’envenimer. Lothar Matthäus et Stefan Effenberg, anciens coéquipiers au Bayern et qui ne se sont jamais appréciés, sont au moins d’accord sur une chose, comme ils l’ont indiqué ces derniers jours : Flick et Salihamidzic ne peuvent plus travailler ensemble.

Salihamidzic, grand proche de Hoeness, toujours très influent du côté du Bayern, semble protégé. Flick, de son côté, est pressenti à la tête de la sélection allemande pour prendre la succession de Joachim Löw après l’Euro. "Flick était là à tous les moments où s’est passée l’évolution du football allemand ces quinze dernières années. Il connaît tous les joueurs, les jeunes, les gens de la fédération. Donc tout le monde le veut comme sélectionneur", explique Polo Breitner. Rummenigge, le patron du Bayern, a insisté ces derniers jours sur le fait qu’il souhaitait garder son entraîneur. Le combat des chefs pourrait tout de même faire une victime. Tant que le club continue de gagner, cela ne changera rien à la grande histoire du Bayern. Mais cela pourrait vite évoluer en cas d'élimination face au PSG.

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